Légiférer sur la cendre humaine, encadrer la crémation

«Les évêques n’ont pas à s’en mêler»?

Tribune libre

Les évêques catholiques veulent demander au gouvernement québécois d’encadrer par une loi, la crémation. Il s’agit de mettre de l’ordre dans le rituel de la disposition des cendres humaines. Actuellement, la cendre prend diverses routes à la sortie du crématorium. Cimetière, columbarium, rivière, l’air et l’espace. De plus en plus les cendres humaines sont intégrées dans les bijoux que porteront les leurs, des pendentifs et des bagues en pierres précieuses. L’imagination libertaire va plus loin, au-delà de la frontière imaginable de l’humain. Des disques vinyles, des tableaux peints, des statuettes, des pétards, des feux d’artifices, etc., servent à disposer de la cendre humaine. Peut-on comme société humaine laisser l’imagination déterminer nos rapports avec les défunts et le sens de la vie après la mort?
Les évêques catholiques sont conscients de la nécessité d’un réalignement à la conception humaniste de la vie. Ils ont raison, la vie est sacrée, son emballage doit l’être autant. Mais voici que chroniqueurs et animateurs dans les médias montent aux barricades, pour clamer haut et fort que les évêques n’ont pas à se préoccuper du sort des cendres humaines. C’est un droit, disent-ils, inaliénable, de pouvoir disposer des empreintes d’un être cher comme bon nous semble. Soit! Imaginez qu'un groupe d’autres gens, athées ou agnostiques, commencent à recycler la chaire des leurs, en nourritures pour chiens ou en fumier organique, afin d'éviter le gaspillage de cette ressource. Comment réagirions-nous? Dirions-nous que personne n'a à se mêler de leurs affaires?
Disposer du corps ou des cendres d’un humain mort ne peut être confié à l’imaginaire. Il s'agît de la dignité humaine, et non de prérogatives ou droits. De ce que nous faisons du corps après la mort, dépend beaucoup ce que nous ferrons des humains et des âmes en vie. Déjà nous en faisons de la chair à canons pour nourrir nos industries militaristes!
Les évêques parlent pour la société. Que personne ne s’y méprenne, c’est de paresse intellectuelle qu’on voudra disposer à notre guise des restes d'un être cher.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2011

    Même les hommes de la Préhistoire savaient qu'il fallait honorer les morts. Certaines tribus plus évoluées avaient même des lieux pour les enterrer. D'ailleurs, les spécialistes, anthropologues et autres ne disent-ils pas que le fait de disposer des corps est un signe d'intelligence de l'homme de cette époque et indique leur degré d'évolution.
    Il aura fallu 2000 ans pour revenir au point de départ, au temps où l'homme était plus près de la bête que de l'intelligence...

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2011

    Oui, M. Munyabagisha, il s’agit de mettre de l’ordre dans le rituel de la disposition des cendres humaines. Que cette initiative vienne d’un groupe de citoyens ou des évêques dans une société libre et démocratique, n’a pas d’importance. Au nom du respect de la dignité humaine et des restes humains, le législateur est interpelé, présentement, afin de mieux encadrer la disposition du corps et des cendres. Heureusement au Québec on peut encore s’exprimer publiquement et sans répression, en tout respect des valeurs citoyennes et humaines.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 février 2011

    "Disposer du corps ou des cendres d’un humain mort ne peut être confié à l’imaginaire."(François Munyabagisha)
    Désolé, mais vous baignez dans l'imaginaire.
    Il n'y a pas de cendres après la crémation. La température est si haute (1,598–1,796 °F) que le corps est vaporisé et ne produit aucune fumée ni cendres.
    Ce qui reste sont des fragements d'os et des dents. Ceux-ci sont alors récupérés et broyés dans un "crémulateur" qui les pulvérise en une poudre fine que l'on verse dans une urne. Ce qui a inspiré la légende urbaine des "cendres" de la crémation.
    Le mythe de la cendre est entretenu pour des raison politiques, afin de ne pas contredire les jugements, érigées en dogmes absoluts, du procès de Nuremberg, qui sont aujourd'hui la base de lois selon lesquelles ceux qui les contestent sont emprisonnés.
    C'est la même chose pour les conclusions d'une recherche sur les propriétés du cyanure qui peuvent valoir une condamnation et l'emprisonnement d'un chimiste qui en publierait les résultats.
    Les groupes qui sont derrière ces lois, sont athées, grands défenseurs des "droits de l'hommes", et se disent grands démocrates.
    Bienvenue au 21e siècle.