Leçon d’histoire: le paradoxe québécois

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La question raciale vient d'une extrême-gauche marginale mais gueularde

Historiquement, la nation québécoise a été colonisée et dominée. La Conquête date de 1760, mais elle nous a marqués profondément : pendant deux siècles, nous avons surtout été occupés à ne pas disparaître.


Nous n’étions pas en position de dominer qui que ce soit. Dans notre coin d’Amérique, on grelottait, on travaillait, on survivait. Nous n’avons jamais été capables de maîtriser pleinement notre propre destin.


Conquête


D’ailleurs, au cours des 50 dernières années, nous avons échoué l’indépendance. Qu’importe ce qu’on pense de la souveraineté, ce n’est pas un détail. Le pouvoir semble nous faire peur. Alors quand on lit des écrivains ou des intellectuels affirmant que les Québécois francophones représentent la majorité ethnoculturelle oppressante, on se demande sur quelle planète ils vivent.


Mais il y a un paradoxe québécois. Plus nous nous enfonçons dans l’impuissance collective, plus nos repères identitaires sont troublés, et plus les crimes qu’on nous reproche sont effrayants. Malheur au vaincu ! On voudrait aujourd’hui nous obliger à nous définir comme une société esclavagiste, génocidaire, raciste et discriminatoire. Il est désormais bien vu de salir la mémoire de la Nouvelle-France. Une partie importante de la jeunesse est convaincue que l’esclavage est aussi un crime québécois et que nous devrions assumer cette page sombre de notre histoire. Faut-il leur rappeler, comme le faisait quelqu’un sur Twitter hier, « que les Noirs du Québec ne sont pas venus comme esclaves, mais ont été généreusement accueillis alors qu’ils fuyaient la pauvreté et la dictature ».


Ce rappel permet de ramener un peu de rationalité dans un débat qui n’a plus rien à voir avec la réalité.


Quand on veut en finir avec un peuple, on le convainc que son histoire est toxique et qu’il doit s’en repentir dans de grandes séances d’autoflagellation collective.


L’ignorance pave le chemin de la bêtise. Plus le Québec perd conscience de sa propre aventure collective, plus ses repères se déstructurent, plus il s’identifie au grand récit de la culpabilité occidentale. Notre société perd contact avec la réalité et bascule dans une existence fantasmée, au cœur de laquelle on trouve des crimes imaginaires.


Halte au délire !


Ouverture ?


Ajoutons quelques questions autour de ces réflexions sur la controverse SLÀV.


Comment avons-nous pu, comme société, faire de l’appel à la censure au nom de la « sensibilité » de certains offusqués professionnels une position politique légitime, qu’on doit discuter comme si elle était respectable ?


Comment pouvons-nous normaliser dans le débat public le discours de militants pour qui la race doit redevenir une catégorie politique pertinente et qui, avant de parler de quelqu’un, précisent la couleur de sa peau ? Comment l’extrême gauche racialiste et identitaire est-elle devenue une figure essentielle du débat public ? Soyons sérieux : s’il y a une tentation raciste au Québec, c’est de là qu’elle vient.


J’ai ma petite hypothèse : nous avons un tel culte de la diversité qu’il suffit qu’un groupuscule prétendant représenter une communauté (alors qu’il n’en a jamais eu le mandat !) se présente sur la scène publique pour que nous écoutions pieusement son discours.


Même s’il est grotesque.