Mario Dumont parlait hier du «traumatisme de Varennes» pour décrire le choc encaissé par Jean Charest confronté à cet ouvrier de ABB, Richard Lévesque, dans l'ancienne circonscription de Bernard Landry.
En quelques phrases bien senties, cet ancien péquiste avait exprimé sans détour tout son mécontentement, un ras-le-bol définitif à l'endroit du gouvernement libéral.
Les urgences engorgées, les baisses d'impôts absentes, les hausses de tarifs; quatre ans de mécontentent ne s'effacent pas avec quelques mois d'annonces gouvernementales, et la promesse subite de réductions d'impôts, à moins d'une semaine du vote.
Et cette exaspération, chez M. Lévesque comme chez bien d'autres, semble avoir trouvé un canal, l'ADQ.
Mario Dumont détaillait le cadre financier de ses promesses électorales hier - des engagements qui coûteront, soutient-il, deux fois moins cher que ceux des libéraux. Y a-t-il encore bien des électeurs qui écoutent? Il y aura clairement une guerre de chiffres dans les prochains jours, mais on peut se demander si elle pourra changer quoi que ce soit à une perception déjà installée.
Un tout récent sondage CROP montre que la région de Québec compte pas mal de Richard Lévesque. Avec 40 % des intentions de vote, estimées par la maison de sondage, le parti de Mario Dumont risque de balayer la grande région de la capitale. Bien sûr, tout ne changera pas : le Dr Philippe Couillard sera probablement élu dans la circonscription aussi âgée que cossue de Jean-Talon, même chose pour son voisin Sam Hamad. La péquiste Agnès Maltais pourrait surnager dans Taschereau, une autre circonscription urbaine, soutiennent les péquistes.
Mais, en périphérie de la capitale, point de salut en vue pour les libéraux, et pas davantage pour les candidats d'André Boisclair.
Le Directeur général des élections a rendu publics hier les résultats des bureaux de vote par anticipation. Pas moins de 10 % des électeurs ont déjà voté la fin de semaine dernière, soit deux fois plus qu'en 2003. Dans six circonscriptions de la région de Québec, la participation a atteint des records : entre 15 et 18 % des électeurs ont déjà voté. Les personnes âgées sont toujours très sollicitées dans ces opérations. Cette année, les règles ont été assouplies. On n'a plus à démontrer qu'on sera empêché de voter le jour du scrutin, et, surtout, l'organisation du PLQ a sûrement dû tirer son épingle du jeu.
Bien sûr, le DGE dit qu'on ne peut pas prévoir sur cette base le taux de participation le 26 mars, mais ces niveaux records au BVÀ (bureau de vote par anticipation) montrent que les gens ont, comme jamais auparavant, «le goût de voter». Avec seulement 70 % de participation, les dernières élections constituaient un triste record. Les Québécois avaient voté à 78 et 82 % en 1998 et 1994.
Le «ciment a pris»
Si on se fie aux gens de Québec, Mario Dumont a clairement gagné le débat télévisé, et le consensus est aussi net pour dire que Jean Charest est celui des trois qui a le moins bien fait. Bien des experts pensent que l'opinion s'est figée, que le «ciment a pris» dans les jours suivant cet affrontement télévisé. À moins d'un dérapage majeur, il n'y aura plus guère de déplacements chez les électeurs.
Le ras-le-bol qui donne des ailes à l'ADQ dépasse désormais largement la région de Québec, si on en croit les confidences qui suintent des organisations. Mario Dumont aurait actuellement assez de sièges pour détenir la balance du pouvoir, et on se dirigerait vers un gouvernement minoritaire, une première depuis plus d'un siècle.
Mais la situation est si embrouillée que quelques points de plus ou de moins pour l'un ou l'autre des partis, et la carte électorale change du tout au tout dans les simulations des partis.
L'ADQ est en bonne position de l'emporter dans toutes les circonscriptions au sud de la capitale, jusqu'aux frontières américaines.
On ajouterait d'autres circonscriptions actuellement aux libéraux : Beauce-Sud, Bellechasse, Montmagny-L'Islet, Lévis, et même Frontenac, détenue actuellement par le ministre Laurent Lessard.
En 2003, la force de l'Action démocratique dans la capitale avait fait gagner bien des libéraux. Le parti de Mario Dumont compte faire des gains dans Lanaudière et dans Berthier. Saint-Hyacinthe, actuellement péquiste, devrait aussi passer dans le giron de Mario Dumont. En Mauricie aussi, Mario Dumont devrait faire des gains : on vise Trois-Rivières, une circonscription libérale depuis 2003, et même Saint-Maurice, un fief péquiste depuis longtemps.
Mais ailleurs, tout s'embrouille. Dans quelques régions, en Montérégie par exemple, «l'ADQ travaille pour les libéraux», prédit-on.
Une chose est claire. Sondeurs comme organisateurs s'entendent sur un point. Il sera bien tard lundi soir prochain quand Bernard Derome pourra lancer «si la tendance se maintient».
ANALYSE
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