Ça joue dur dans les coins progressistes. Le NPD et le Parti vert sont à couteaux tirés après que des militants du Nouveau-Brunswick eurent prétendu faussement que des collègues quittaient la formation orange pour se ranger du côté vert.
« C’est un acte de désespoir de la part d’[Elizabeth] May et du Parti vert », a tonné le chef fédéral du NPD, Jagmeet Singh, de passage à Montréal. « C’est un fiasco que le Parti vert a démarré. Ils ont diffusé une liste de gens, ont répandu de fausses informations et c’est à eux qu’il faut poser des questions. »
Mardi, un organisateur néodémocrate fédéral du Nouveau-Brunswick, Jonathan Richardson, a annoncé qu’il claquait la porte du NPD et de son pendant provincial pour se joindre au Parti vert. Il entraînait avec lui, disait-il, 14 personnes s’étant portées candidates à l’élection provinciale de l’an dernier. Or, cinq de ces personnes affirment qu’elles ne sont allées nulle part.
« Nous sommes déçus que nos noms aient été ajoutés à cette lettre sans notre consentement », écrivent les cinq dans une déclaration que le NPD fédéral s’est empressé de faire circuler. « Nous appuyons pleinement le NPD du Nouveau-Brunswick, le NPD fédéral et notre chef fédéral, Jagmeet Singh. »
En entrevue avec Le Devoir, un des signataires bidon explique avoir été recruté sous de faux prétextes. On lui aurait fait miroiter une fusion entre le NPD et le Parti vert à l’échelle provinciale. « J’étais en entrevue avec Radio-Canada et alors que j’étais toujours sous l’impression qu’on parlait d’une fusion, la journaliste m’a dit que c’était une fission », raconte Jean-Maurice Landry.
Démobilisation
Selon nos informations, une des personnes ayant véritablement claqué la porte du parti, l’avocate Joyce Richardson, a une dent contre le NPD provincial, car sa candidature pour en devenir chef a été rejetée au motif qu’elle a été expulsée du Barreau.
Jonathan Richardson, le leader de l’initiative de mardi, est son fils. M. Landry note qu’il était aussi une des personnes responsables du recrutement de candidats néodémocrates en vue de l’élection fédérale. Or, le parti n’a toujours confirmé aucun candidat dans la province. Faut-il penser que M. Richardson n’avait déjà plus les intérêts du NPD à coeur avant de le quitter ? « Je vous laisse tirer vos conclusions », a répondu M. Landry.
C’est un fiasco que le Parti vert a démarré. Ils ont diffusé une liste de gens, ont répandu de fausses informations et c’est à eux qu’il faut poser des questions
Une autre cause de cette démobilisation serait le fait que M. Singh n’a encore jamais mis les pieds au Nouveau-Brunswick depuis qu’il est devenu chef en 2017.
En soirée, Elizabeth May a justement attaqué son rival sur ce point. « M. Singh doit comprendre qu’une des premières obligations lorsqu’on occupe un poste de leadership est de faire acte de présence, écrit-elle dans un communiqué. J’ai visité le Nouveau-Brunswick trois fois depuis que M. Singh est devenu chef. […] J’aimerais demander à M. Singh pourquoi il a été absent alors qu’il n’avait pas de siège pendant les 18 premiers mois de sa chefferie et était donc plus libre que moi. Ce n’est pas surprenant que les néodémocrates du Nouveau-Brunswick soient désillusionnés. »
Le Parti vert reste muet sur la question des signatures bidon. Il souligne seulement avoir joint huit des démissionnaires qui non seulement confirment maintenir le cap, mais allèguent avoir subi des pressions de la part du NPD pour changer d’avis.
Selon la moyenne des sondages compilée par Éric Grenier pour le compte de CBC, le Parti vert talonne le NPD dans les intentions de vote, obtenant 10,4 % contre 13,5 % pour la formation de Jagmeet Singh. La division de ce vote progressiste pourrait faire le bonheur du Parti libéral ou du Parti conservateur en permettant, selon la région, à l’un ou l’autre de se faufiler.