Les éléments de la plateforme électorale en matière d’immigration de la CAQ, rendus publics dans L’Actualité du 14 mai dernier, viennent confirmer les propos de François Legault, lors de son point de presse, il y a plus de trois ans, le 16 mars 2015.
Il avait alors exprimé les attentes de la société québécoise en proposant une sorte de pacte qui engagerait à la fois la responsabilité des immigrants et celle d’un gouvernement de la CAQ.
Une seule main n’applaudit pas
Poser le problème de l’intégration en termes de coresponsabilité est la chose à faire. Car en matière d’immigration, une seule main n’applaudit pas.
Les immigrants peuvent bien fournir des efforts pour s’intégrer, mais sans un support adéquat du gouvernement, il leur sera difficile d’y arriver.
À l’inverse, un gouvernement qui manque à son devoir de les outiller adéquatement pour faciliter leur insertion dans la société québécoise doit revoir ses façons de faire.
Pour le chef de la CAQ, il faut que les immigrants aient « une connaissance minimale du français, respectent ses valeurs fondamentales et démontrent la volonté de s’engager sur le marché du travail. Chacun a donc ses responsabilités : le Québec, comme les immigrants. C’est ça, l’esprit de l’interculturalisme québécois. » (16 mars 2015)
Il s’est aussi engagé à ce qu’un gouvernement de la CAQ alloue « davantage de ressources aux programmes existants, les transformer pour permettre notamment une meilleure régionalisation de l’immigration et pour assurer une meilleure adéquation de ceux-ci avec les besoins du marché du travail ».
Voilà un diagnostic lucide et des orientations claires. C’est quand la CAQ entre dans la mécanique de la mise en œuvre de sa politique d’intégration que les questions se posent.
M. Legault avait également exprimé le souhait de rapatrier du fédéral un certain nombre de compétences en matière d’immigration, notamment en ce qui a trait à la catégorie de la réunification familiale.
Sur ce point, tant que Justin Trudeau est à la tête du gouvernement libéral, il n’y a rien à espérer d’Ottawa. Par contre, le chef conservateur, Andrew Scheer, a manifesté de l’ouverture pour un tel transfert en matière de culture et d’immigration.
Connaître n’est pas adhérer
Fait à signaler, depuis mars 2015, la CAQ a mieux balisé son test des valeurs dans sa dernière mouture du 14 mai dernier. Désormais, il s’agit d’un test portant sur les principes énoncés dans la Charte québécoise des droits et libertés.
Dans la mesure où ces valeurs sont, par définition, universelles, la majorité des immigrants n’auraient pas de difficultés à les connaître, mais tous n’y adhéreront pas. C’est là, la première limite de ce test.
La deuxième touche à l’expulsion par le fédéral des candidats qui l’auront échoué. Expulser des sans statut au Canada est une décision qui revient aux tribunaux. Aucun gouvernement, libéral ou conservateur ne se hasardera à s’y engager.
Le hic, c’est que connaître les valeurs québécoises ne signifie pas y adhérer. C’est particulièrement le cas pour les éléments extrémistes qui s’opposent fondamentalement aux principes de la démocratie et à l’égalité hommes-femmes.
Ils passeront certainement le test des valeurs parce qu’ils connaissent les chartes des droits et les institutions politiques québécoises et canadiennes sur le bout des doigts. Mais ne leur demandez pas d’y adhérer. C’est contraire à leurs valeurs. Le test n’y pourra absolument rien.
Il reste une solution. L’école. C’est par là que tous les enfants passent. C’est le lieu par excellence de la scolarisation et de la socialisation, le lieu tout indiqué pour enseigner et partager les valeurs québécoises. C’est donc là que les jeunes doivent apprendre à développer une appartenance commune au-delà de leurs différences. Qu’est-ce qu’on attend pour introduire un cours d’éducation civique ?