“Un terroriste près de chez vous“ - Alain Dubuc

Le terroriste et la vierge offensée

Répliques


Suite à l’article d’Alain Dubuc [“Un terroriste près de chez vous“->11435] dans le
journal « La Presse » du 27 janvier 2007, Michel Vastel répondait au «
puissant analyste politique qui a l’art de passer à côté “du buc” » : “
Parmi les dix-huit chroniqueurs réguliers, les opinions diffèrent au point
où cela enrage les lecteurs. Certains sont fédéralistes, d’autres
souverainistes. Certains de gauche, d’autres de droite. Et alors ?
Par contre, et c’est là où je voulais en venir, à La Presse, ce serait
plutôt le règne de la pensée unique…"
***
Et alors justement !
Une fois de plus, nous assistons bouche bée à une véritable charge à «
fond de train » de monsieur Dubuc, cette fois contre un acteur des
événements d’octobre 1970, sous prétexte qu’il aurait commis une chronique
où : “il se remémorait le moment où lui et ses camarades de sa cellule du
FLQ ont servi du pâté chinois à James Cross, le consul britannique qu’ils
ont détenu comme otage pendant plus de deux mois en 1970.”
Chronique qui aurait soi-disant : “laissé bien des gens mal à l’aise,
c’était le ton, celui de l’anecdote, léger, badin même, où pointait la
nostalgie émue d’un homme vieillissant pour ses frasques de jeunesse. Le
genre « Ah c’était le bon temps… »
Pour mieux nous mettre dans l’atmosphère perfide des intentions de
Lanctôt, Dubuc nous sert, summum de l’hypocrisie, de la malhonnêteté
intellectuelle et du manque de jugement, la comparaison boiteuse et hors de
propos de : “l’homme d’une soixantaine d’années, condamné pour viol quand
il avait 20 ans, conforté par le fait qu’il a payé sa dette à la société,
se remémorant avec une certaine nostalgie cet épisode de sa vie en parlant
des seins de sa victime ou de la cigarette qu’il lui avait offerte après le
fait ?"
Le plus extraordinaire, c’est qu’il puisse s’imaginer un seul instant
qu’un tel écart de jugement puisse passer inaperçu. Le simple fait de
commencer son analyse de l’article de Lanctôt par une comparaison aussi
boiteuse suffit pour comprendre que la seule intention qui le guide est de
rabaisser ce dernier au rang des indésirables, des parias, des hors-castes,
d’en faire une “persona non grata”. Le lecteur moyen n’aura retenu que
cette comparaison ; tout bon publicitaire le sait. Évidemment, les lecteurs
du Devoir ne sont pas des gens ordinaires, on s’en doute bien…
Encore mieux, monsieur Dubuc nous enseigne que : “Le terrorisme a été un
phénomène de société à la fin des années 70 dans la plupart des démocraties
occidentales. Partout, des jeunes ont posé des bombes, pris des otages et
tué des innocents. Le fait d’avoir été membre d’une organisation terroriste
ne doit pas faire de quelqu’un un pestiféré toute sa vie. Il existe une
telle chose que des égarements de jeunesse.”
Quelle condescendance !
Il aurait mieux valu qu’il s’arrête justement au moment où il s’est dit :
“J’ai hésité à écrire sur ce sujet, parce que Jacques Lanctôt, qui signait
des chroniques sur le site de Canoe, publie maintenant ses textes dans le
Journal de Montréal. Je risque donc de me faire accuser niaisement de
participer à une espèce de conflit commercial.”
Je ne l’accuserais certainement pas niaisement de participer à une espèce
de conflit commercial, mais je n’hésiterais absolument pas à le traiter de
niaiseux. Parce que vraiment, ses arguments sont tous plus « niaiseux » les
uns que les autres.
Du reste, il n’est que de lire le texte de Lanctôt pour voir tomber en
pièces les fallacieux arguments de Dubuc.
Loin de dire qu’il ne regrette rien, Lanctôt nous raconte plutôt : “ Mais
je m’étonne tout de même que notre délégué commercial britannique, qui
s’était empressé de revendiquer haut et fort ses origines irlandaises pour
nous convaincre que le gouvernement britannique ne lèverait pas le petit
doigt pour venir à la rescousse d’un Irlandais, ne se soit pas retrouvé en
terrain connu, avec notre pâté chinois.”
Il y a dans son article une véritable expression des sentiments qui
habitaient et animaient l’âme de beaucoup d’entre nous à l’époque où se
situent les événements qu’il décrit. Je me souviens bien d’octobre 70,
alors qu’étudiant, je demeurais juste à côté de l’immeuble où vivait Pierre
Vallières. En début de soirée, au retour de nos cours à l’université, nous
discutions brièvement avec le jeune garde armé à peine plus âgé que nous
qui surveillait la résidence.
Comment un analyste le moindrement éclairé pourrait-il affirmer, à propos
d’une certaine tolérance pour une période peu glorieuse de notre histoire
que : “ Les événements d’octobre, ce n’est pas seulement l’indéfendable Loi
sur les mesures de guerre. Celle-ci, malgré ses abus, ne peut pas justifier
a posteriori ce dernier sursaut du terrorisme, qui a fait des victimes
innocentes, qui n’a pas enrichi notre pensée collective et qui n’a pas fait
avancer le Québec d’un centimètre.”
Navrante conclusion d’un intello complètement déconnecté de la réalité et
de la portée historique des événements d’octobre 70. L’article de Lanctôt,
quant à moi, nous replonge dans l’esprit même de l’époque qu’il décrit et
des motivations qui conduisirent ses acolytes et lui-même à poser les
gestes extrêmes qui les amenèrent à vivre et à faire l’histoire du Québec
moderne. Je ne vois ni bravade, ni cynisme, ni nostalgie dans ce qu’il
raconte, mais bien plutôt le regard troublé d’un homme qui, vieillissant,
essaie de comprendre et de se persuader que : “nous avons découvert, chez
nous, parmi nous, sur notre territoire national, plusieurs objets et
raisons d’assumer une certaine fierté, sans pour autant nous péter les
bretelles. Nous nous sommes découvert des qualités et des vertus qui, hier
encore, nous semblaient des tares ou des banalités sans conséquence. Et
c’est tant mieux. Même si certains intellectuels cosmopolites pourront
trouver cela complètement déplacé, voire indigeste !”
Quand bien même Alain Dubuc prétendrait ne pas avoir : “l’intention de
tirer sur le messager. Le Journal de Montréal a pour stratégie de
multiplier les chroniqueurs extérieurs. Le choix de M. Lanctôt repose
certainement sur le fait qu’on prévoit que sa chronique aura un certain
succès. La vraie question est là. Pourquoi ? Manifestement, il y a aussi
une affection au Québec pour certains radicaux, les Michel Chartrand, les
Léo-Paul Lauzon, d’anciens felquistes comme Jacques Lanctôt. Et ça, dans
une société assez conservatrice. Par culpabilisation ? Par romantisme ?” ,
ses intentions sont évidentes.
Quand donc ce dernier et ceux de son engeance cesseront-ils de traiter par
le mépris les gens qui ne pensent pas comme eux, et se mettront-ils à
l’écoute de la voix du peuple d’où parvient aux oreilles et aux cœurs de
ceux qui savent entendre la clameur des masses laborieuses, qui seules
peuvent faire un pays, car d’elles seules sortent le soleil, le génie et la
nation. Comment pourrait-il en être autrement du reste? Mes aïeux
irlandais, écossais et normands m’ont appris le respect des autres et le
mépris pour toute attitude condescendante. Plutôt que de jouer les « vierges
offensées », Alain Dubuc et ceux de son espèce devraient se demander ce que
veut dire “malheur à celui par qui le scandale arrive”. Ils se rendraient
rapidement compte que lorsqu’on pointe quelqu’un du doigt, trois sont
retournés vers nous.
Et puis, ma mère utilisait, elle aussi, du maïs en grain…
Claude G. Thompson
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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