Claude Castonguay, au centre, président du groupe de travail, entouré de Michel Venne et Joanne Marcotte, hier matin lors de la présentation du rapport sur le financement du système de santé. (Photo Reuters)
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Je tiens à remercier Claude Castonguay, Michel Venne et Joanne Marcotte pour avoir accepté de consacrer, à leur tour, temps et énergie, à la recherche de solutions au problème du financement de notre système de santé. Je sais que ce n'est pas chose facile.
Le rapport Castonguay met en évidence les mêmes constats financiers que le rapport de notre comité rendu public à l'été 2005. Le financement du système québécois de santé est en péril. Tous les rapports sur le financement de la santé au Canada sont arrivés à la même conclusion.
Deux comités, deux mandats
Notre comité était composé de 16 membres dont la provenance reflétait la complexité de la société québécoise. Un comité apolitique au sens partisan du terme. Le comité Castonguay était formé de trois personnes, pour trois partis politiques. Nous avions aussi reçu comme consigne de ne pas nous attarder aux «fausses pistes», nommément à tout ce qui pourrait constituer une entorse à l'esprit ou à la lettre de la Loi canadienne sur la santé.
Nous nous sommes donné comme ligne directrice d'assurer une meilleure équité entre les générations dans le partage du fardeau fiscal qui découlerait de nos recommandations. Nous avons relevé le défi du financement à long terme du système de santé et de services sociaux. Pour ce faire, nous avons chiffré l'écart entre la progression des revenus de l'État québécois et celle des dépenses de santé. Une première au Québec à cet égard. Nos recommandations auraient permis de combler cet écart, sans imposer à la génération montante un fardeau fiscal déraisonnable. C'est d'ailleurs le fondement même de l'une de nos principales recommandations, soit la mise sur pied d'un régime d'assurance contre la perte d'autonomie que le rapport Castonguay a rejeté. C'est dommage pour les jeunes. C'est dommage aussi pour les plus vieux qui n'auront peut-être pas accès aux services à domicile que le régime proposé aurait permis de développer. Et, encore moins, à la liberté de choix de pourvoyeur de services que notre recommandation rendait possible.
Des points convergents
Le rapport Castonguay propose certaines recommandations qui rejoignent les nôtres. En effet, après avoir analysé une bonne douzaine de moyens d'augmenter les revenus de l'État pour réduire l'écart entre les revenus prévus et les dépenses de santé, nous recommandions une hausse de la TVQ, pour des raisons d'efficacité, d'équité et de rendement. Le rapport Castonguay recommande aussi de recourir à ce moyen. C'est un bon choix.
Il recommande également d'améliorer la productivité et la gouvernance du système de santé. Notre rapport consacrait 11 recommandations et 12 propositions spécifiques à cet égard. Nous nous rejoignons là aussi, à tout le moins dans la recherche d'une meilleure productivité, sinon dans le détail des mesures proprement dites. Sans une amélioration importante de l'organisation du système, nous courons à l'échec. Un autre bon choix du comité Castonguay.
Le compte santé et la reddition de comptes en commission parlementaire ressemblent aussi à l'une de nos principales recommandations. Bravo!
Les jeunes dans la moulinette
Notre comité a opté résolument pour renforcer le système de santé public en assurant son financement public, tout en ouvrant des pistes pour un secteur privé étroitement balisé afin d'accroître l'accessibilité des services, mais sans jamais sacrifier le caractère résolument public du système. De plus, nous avons voulu nous assurer que la génération des baby-boomers paie sa juste part des coûts du système.
Les membres du comité Castonguay ont opté pour une autre voie. En proposant une franchise pour chaque visite chez le médecin, des augmentations de tarifs pour différents services, une cotisation pour être inscrit dans une clinique de santé, une franchise fondée sur la fréquence de l'utilisation des services, etc., on ne se préoccupe pas beaucoup du fait que les jeunes devront supporter une bonne partie des «nouveaux coûts de santé».
On peut se demander aussi comment un frais d'entrée dans une clinique de santé pourrait améliorer la qualité du suivi des patients, un des piliers des systèmes de santé qui fonctionnent bien dans le monde? Ça risque plutôt d'être l'inverse et c'est très inquiétant.
Passons à l'action
Quoi qu'il en soit, il faut arrêter la machine à créer des comités. Après Arpin, Rochon, Clair, Ménard, Castonguay, il faut passer à l'action et ça presse. À moins que je manque quelque chose, les pistes recommandées par le comité Castonguay ne suffiront jamais à combler l'écart annuel et récurrent entre les revenus et les dépenses de santé, soit 3 milliards de dollars dans moins de trois ans, 11 milliards, en 2020, 18,5 milliards en 2025 et 28,5 milliards en 2030, comme le démontrait notre rapport.
Mais, la pire solution serait encore une fois de prétendre qu'il n'y a pas de problème de financement de la santé et qu'il suffirait de resserrer un peu la gestion du système en espérant que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Moins de parlottes et plus d'action. Il y a urgence...
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L. Jacques Ménard
L'auteur a présidé le Comité de travail sur la pérennité du système de santé et de services sociaux du Québec, qui a remis son rapport en 2005.
- source
Le temps d'agir
Commission Castonguay
L. Jacques Ménard4 articles
Président du conseil BMO Nesbitt Burns et président de BMO Groupe financier (Québec), l'auteur a présidé le Comité sur la pérennité du système de santé et des services sociaux, qui a publié son rapport en 2005.
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Président du conseil BMO Nesbitt Burns et président de BMO Groupe financier (Québec), l'auteur a présidé le Comité sur la pérennité du système de santé et des services sociaux, qui a publié son rapport en 2005.
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