Le système québécois rendrait l'aide sociale attrayante pour les immigrants

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L'État pousse les immigrants sur l'aide sociale : la catastrophe de l'immigration massive exposée au grand jour

Hugo Hernan Ruiz, ingénieur système colombien âgé de 42 ans, est titulaire d'une maîtrise dans son domaine et a dirigé le service informatique d'une société pétrolière dans son pays d'origine.


Son français est excellent si l'on tient compte qu'il est arrivé au Québec en 2016 avec très peu de notions de la langue. Mais, comme beaucoup de nouveaux arrivants très scolarisés dans la province, M. Ruiz a eu du mal à trouver du travail bien qu'il ait été sélectionné comme travailleur qualifié par les autorités provinciales.


N'ayant pas réussi à trouver un emploi, il a décidé de créer sa propre entreprise de conseil afin de tirer parti de ses contacts en Amérique du Sud. Il a postulé à un programme provincial qui aide les entrepreneurs en herbe avec des subventions, du marketing et de la formation.


Mais il a été rejeté parce que le programme s'adressait à des assistés sociaux ou à des prestataires de l'assurance-emploi.


Cela deviendrait un refrain commun, a-t-il dit, alors qu'il tentait sans succès de naviguer dans la bureaucratie québécoise.


«Je pense qu'il doit y avoir une réflexion», a affirmé M. Ruiz devant un café dans un centre commercial situé à Laval, où il s'est installé avec sa femme et ses deux enfants. «Qu'advient-il des immigrants qui essaient de réussir et qui ne viennent pas ici pour vivre du gouvernement?»


Alors que le premier ministre du Québec, François Legault, cherche à réduire l'immigration afin, dit-il, d'assurer que les nouveaux arrivants apprennent le français et trouvent du travail, le cas de M. Ruiz met en lumière les obstacles et les contradictions auxquels sont confrontés les immigrants éduqués qui ne sont ni riches ni pauvres.


Yann Hairaud, responsable d'un centre d'emploi pour immigrants à Montréal, a indiqué être effectivement au fait de cas de travailleurs qualifiés dont les options sont limitées parce qu'ils ne sont pas prestataires de l'aide sociale.


Malheureusement, oui. Ces situations peuvent arriver. Il y a une certaine incohérence dans certaines des règles qui existent pour les nouveaux arrivants.Yann Hairaud

Peu de temps après son arrivée au Québec, M. Ruiz s'est inscrit à un programme en français pour étudier ce que l'on appelle l'internet des objets, qui permet de disposer de services évolués en interconnectant des objets (physiques ou virtuels) grâce aux technologies de l'information.


L'ingénieur d'origine colombienne a expliqué qu'il avait jugé à propos de suivre un cours dans son domaine en français — plutôt qu'un cours de langue — afin de développer ses connaissances sur les deux fronts de manière simultanée.


Il a obtenu un certificat de qualification professionnelle en août dernier — mais comme le gouvernement n'a pas entièrement payé sa formation, de nouvelles portes lui ont été fermées. Un stage rémunéré dans le secteur public a attiré son attention, mais pour l'obtenir, il devait être admissible à une subvention salariale provinciale.


La subvention lui a été refusée, a-t-il expliqué, car le gouvernement n'avait pas payé sa formation.


M. Ruiz a souligné qu'il s'était amené au Canada avec toutes ses économies et était préparé financièrement afin d'éviter de demander de l'aide sociale.


Tout en disant ne pas critiquer le ministère de l'Emploi ou le gouvernement, il a estimé que le Canada devait se demander si le système d'immigration n'encourageait pas les immigrants à bénéficier de l'aide sociale.


Dominique Anglade, porte-parole en matière d'immigration pour les libéraux provinciaux, n'a pas entendu parler d'immigrants qui se tournent vers l'aide sociale pour faciliter l'obtention éventuelle d'un emploi, mais elle a aussi dit croire que cette avenue pouvait présenter un certain avantage pour les nouveaux arrivants.


Mme Anglade, une ancienne ministre de l'Économie, a déclaré dans un entretien qu'un «fort pourcentage» d'immigrants n'arrivent pas à terminer la formation nécessaire pour faire reconnaître leurs compétences au Québec, en partie à cause des coûts élevés que cela implique.


La porte-parole du ministère de l'immigration Chantal Bouchard a affirmé que l'intégration constituait «évidemment une priorité», mais a transmis des questions sur les obstacles vécus par les immigrants qualifiés au ministère de l'Emploi.


«Le gouvernement a mis en place différents programmes pour les aider dans leur intégration en emploi. La plupart de ces programmes relèvent d'Emploi Québec», a-t-elle indiqué par courriel.


Le porte-parole du ministère de l'Emploi Vincent Breton n'a pas répondu directement aux questions à savoir si les personnes qui ne reçoivent pas d'aide sociale sont désavantagées lorsqu'elles cherchent un emploi.


«Le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité offre plusieurs mesures et programmes pour quiconque veut intégrer le marché du travail ou développer ses compétences à cette fin», a affirmé M. Breton, soulignant que le ministère évaluait «chaque dossier selon les informations qui lui sont propres».


«Pour des raisons de confidentialité, le ministère ne commente pas les cas particuliers», a-t-il indiqué.