MARCHÉS

Le spectre du protectionnisme angoisse

L’élection de Trump plonge le commerce transfrontalier dans le brouillard

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Et ce n'est que le début

Des points d’interrogation tout le long de la frontière. Entreprises, associations sectorielles et regroupements commerciaux entrevoient difficilement la suite des choses tant et aussi longtemps que Donald Trump n’aura pas précisé la nature et l’ampleur de ce qu’il veut mettre en place.

Au lendemain de l’élection américaine s’étant soldée par la victoire d’un candidat farouchement protectionniste, plusieurs acteurs du milieu des affaires ont insisté mercredi sur l’importance de la relation commerciale déjà en place, mais certains craignent l’effet sur les négociations entourant le bois d’oeuvre.

« On va se donner un peu de temps »,a dit le p.-d-g. du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), André Tremblay. Le bois d’oeuvre canadien représente 30 % de la consommation américaine, a-t-il rappelé. « Les Américains ont besoin de notre bois. Une partie de leur économie en dépend. […] On ne voit pas pourquoi il n’y aurait pas moyen d’arriver à une entente. » L’Association des produits forestiers du Canada n’a pas voulu faire de commentaires pour le moment.

« Ça ajoute encore plus d’incertitude dans le dossier du bois d’oeuvre, c’est clair », a toutefois laissé tomber le président des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Éric Tétrault. « Le chemin va être à faire. Ce qui ne paraît pas toujours, quand il y a un changement de régime, c’est tout le temps que ça prend pour remonter la machine, et dans certains cas il faut reprendre des dossiers à zéro. J’espère que ça ne sera pas comme ça, mais ça ajoute du temps à la résolution du conflit, si résolution il peut y avoir. »

L’industrie canadienne du bois d’oeuvre a grandement souffert des droits imposés par les États-Unis de 1996 à 2006. L’accord convenu il y a dix ans est récemment venu à échéance, et des droits de plus de 20 % pourraient s’appliquer dès mars 2017. Le CIFQ a déjà estimé que cela pourrait coûter à l’industrie québécoise une taxe annuelle de 250 millions. L’enjeu est tel que le Québec a recruté Raymond Chrétien, ex-ambassadeur du Canada aux États-Unis, pour le représenter à la table des pourparlers.

L’ambassadeur canadien à Washington, David McNaughton, a affirmé mercredi qu’il espère une entente d’ici un mois. « Le défi est difficile. Mais nous sommes en négociations depuis des mois et nous avons soumis des propositions très significatives », a-t-il dit lors d’une conférence téléphonique.

Grands partenaires

Chaque année, les entreprises canadiennes expédient aux États-Unis des produits totalisant 400 milliards. Cela représente plus de 75 % des exportations canadiennes. À l’inverse, le Canada importe pour 285 milliards, selon les données de 2015.

M. Trump a déjà affirmé son désir de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain. Mercredi, M. McNaughton s’est dit ouvert à la discussion afin d’améliorer l’accord. Le Devoir a tendu de multiples perches à des entreprises exportatrices pour évaluer les implications d’une présidence Trump, mais plusieurs ont décliné l’invitation, dont Kruger, Cascades et BRP.

Pour la direction d’AMT, un spécialiste du moulage sous pression situé près de Rivière-du-Loup, il n’y aura pas d’impact à court terme. L’entreprise de 140 employés alimente des sociétés qui, elles, livrent des sous-systèmes aux grands constructeurs automobiles. « Cependant, avant d’évaluer vraiment l’impact pour nous, il faudra voir le programme de son gouvernement »,a dit Frédéric Jean, le directeur général adjoint.
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