Le Québec veut-il rester un spectateur à Ottawa?

Les sirènes fédéralistes entament leurs chants... étalant leur imaginaire et leurs mensonges habituels!



Depuis près de 20 ans maintenant, le Bloc occupe la pluralité des sièges représentant le Québec à la Chambre des communes.
PHOTO: TOM HANSON, ARCHIVES PC


David Rheault - L'auteur est avocat.
L'élection fédérale qui s'annonce pose encore la question de la pertinence du Bloc québécois. Depuis près de 20 ans maintenant, le Bloc occupe la pluralité des sièges représentant le Québec à la Chambre des communes. Mais qu'est-ce que cette domination politique du Bloc a apporté aux Québécois? Difficile de nommer une réalisation concrète du Bloc québécois, alors que le nom même de cette formation rappelle avec justesse l'oxymore qu'elle incarne: un mouvement collectif d'immobilisme!
La première conséquence d'une forte députation bloquiste est la marginalisation croissante de la place occupée par les Québécois dans l'administration de notre gouvernement fédéral. Qui sont les ministres du Québec et quelles responsabilités occupent-ils? Quel est l'impact de cette faible représentation sur la prise de décisions? Le processus décisionnel d'une administration publique n'est pas une science exacte. Plusieurs facteurs l'influence. Des facteurs très objectifs, mais aussi d'autres, plus subjectifs, comme très certainement la force de la présence de députés provenant d'une certaine région au sein du parti ministériel. En envoyant systématiquement à Ottawa des députés qui n'aspirent pas à gouverner, les Québécois renoncent à la précieuse influence qui devrait pourtant leur appartenir. Une abdication qui a un prix.
Mais il y a plus. En refusant d'exercer leur poids politique dans la gestion des affaires de l'État, les Québécois contribuent, bien malgré eux, à changer la face du Canada. De toute époque, l'apport des Québécois a profondément imprégné l'agenda politique canadien et, à maints égards, façonné notre identité comme pays. Le Canada a grandi du berceau de la coalition: les Lafontaine, Cartier, Laurier (pour ne nommer que ceux-là) ont, très tôt dans notre histoire, placé les valeurs québécoises aux fondations de l'État canadien. Et les politiques des dernières décennies prouvent à quel point le Canada d'aujourd'hui est signé de l'architecture québécoise: sans l'influence et le leadership québécois, pas de Charte canadienne des droits et libertés ni de libre-échange et, fort probablement, des soldats canadiens comme compagnons d'armes aux Américains en Irak.
Bien qu'elle soit minoritaire, la nation québécoise a toujours su exercer son poids politique pour faire du Canada un miroir qui reflète son image. Alors que d'importants enjeux se profilent à l'horizon politique canadien, comme la protection de l'environnement ou la place du Canada dans le monde, le trop faible apport québécois ampute les choix de l'État canadien.
Pour citer le manifeste de François Legault, lui-même indépendantiste, il faut sortir du déni et prendre acte de l'état des lieux au plan constitutionnel. La première étape de cette prise de conscience collective est assurément que le Québec se replace au coeur de l'évolution du fédéralisme canadien en défaisant les députés bloquistes aux prochaines élections.
Un peuple de créateurs, d'entrepreneurs et de leaders comme celui du Québec devrait se refuser de jouer un simple rôle de spectateur alors que nous formons d'abord et avant tout, par ambition et par atavisme, une nation de protagonistes.


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