Le Québec, une province comme les autres ?

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La jeunesse issue de l'immigration fausse les données


Le premier ministre François Legault dirige un gouvernement plus revendicateur qui souhaite obtenir de nouveaux pouvoirs d’Ottawa afin d’augmenter l’autonomie du Québec. Cette position, héritage de la défunte ADQ de Mario Dumont, a-t-elle la cote auprès de la population ?


Selon un nouveau sondage Léger-L’actualité, la réponse rapide est « pas vraiment », mais avec quelques nuances.


Ainsi, à la question « quelle est votre option préférée quant au statut du Québec ? », 44 % des 1005 répondants interrogés entre le 1er et le 5 novembre dernier estiment que le Québec est une province comme les autres. C’est, et de loin, la réponse la plus populaire.


Près de 31 % des Québécois affirment souhaiter une province avec plus de pouvoirs au sein du Canada, soit la position de François Legault. Finalement, 25 % préfèrent que le Québec devienne un pays souverain.


La maison de sondage Léger avait posé la même question en 1990 et 2003, ce qui permet de constater que l’appui à la voie indépendantiste a chuté avant de se stabiliser, que la popularité de la voie autonomiste est en légère baisse, alors que le statu quo fédéraliste grimpe sans cesse.


Quelle est votre option préférée quant au statut du Québec ?



De prime abord, ce n’est donc pas ce ton plus combatif de François Legault face à Ottawa qui explique le taux de satisfaction élevé de son gouvernement, qui était de 60 % dans le dernier sondage Léger.


Lors de notre rencontre avec François Legault dans le cadre du dossier sur les personnalités de l’année 2019 de L’actualité, nous en avons profité pour lui présenter les résultats de notre coup de sonde afin d’obtenir ses réflexions.


Le premier ministre affirme que l’on doit « faire attention » dans l’interprétation des chiffres. « La notion de récupérer des pouvoirs, ça n’intéresse plus beaucoup les gens, avance François Legault en entrevue. Ça fait référence aux grandes messes constitutionnelles [des années 80 et 90] où l’on a tout essayé de régler en même temps. Mais si on prend les sujets un par un, et qu’on demande aux Québécois s’ils sont d’accord pour avoir plus de pouvoirs pour s’occuper de l’identité québécoise, ils vont dire oui. Par exemple, quand on parle de protéger la loi 21, on a vu que ça fonctionne, comme le démontre la montée du Bloc québécois. Accorder plus de pouvoirs au Québec en matière d’immigration, les Québécois sont d’accord avec ça. »



Selon François Legault et ses conseillers, il est encore tôt pour mesurer l’appui de la population envers la voie autonomiste, puisqu’elle vient de s’installer au pouvoir. « On a eu 15 ans de règne libéral pour qui ce n’était pas important que le Québec obtienne plus de pouvoirs. Pour bien des gens, surtout les jeunes, c’est nouveau », estime François Legault.


Le coup de sonde témoigne en effet d’un clivage en fonction de l’âge des répondants. « La nouvelle génération fait basculer les chiffres », affirme Jean-Marc Léger, président de l’entreprise qui porte son nom.


Quelle est votre option préférée quant au statut du Québec, selon l’âge ?




On constate que les moins de 35 ans sont très nombreux à penser que le Québec est une province comme les autres (53 %), alors que chez les 55 ans et plus, c’est la position autonomiste de François Legault qui récolte le plus d’appuis (37 %). La souveraineté, plus populaire que la moyenne chez les 55 ans et plus (29 %), ne domine toutefois aucun segment démographique.


Selon François Legault, le nationalisme à l’intérieur du Canada « est là pour rester ». « Il y a de la place pour ça. La majorité des Québécois sont nationalistes à l’intérieur du Canada et sont au centre sur l’axe gauche-droite. Je nous trouve au bon endroit en ce moment. »


Lorsqu’on mentionne au premier ministre qu’il y a encore des souverainistes qui espèrent qu’il changera d’avis et qu’il profitera de sa grande popularité pour tenir un référendum sur l’indépendance, il éclate de rire. « Jamais, jamais, jamais ! J’ai 62 ans, et je ne suis pas là pour ça. J’ai la moitié des gens dans mon équipe qui vient du camp fédéraliste, alors ma coalition éclaterait. »


 






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