Le Québec, un PTOM

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Québec français

Québec français... Québec français... Québec français... Depuis plus de quarante ans, on scande ce slogan, même si la loi 101 n'a pas permis aux plus jeunes de connaître tous les abus dont les générations précédentes ont été victimes de la part du pouvoir anglophone majoritaire à Ottawa et économiquement tout puissant à Toronto, ces deux capitales où se prennent les vraies décisions quant à la gouverne du Canada.
La nation franco-québécoise, éternelle victime du syndrome du vaincu, tente depuis des décennies de se donner un pays qui lui ressemble, mais deux référendums perdus laissent au coeur du citoyen un sentiment d'amertume, de désillusion et de désengagement. Comme chez tous les peuples colonisés, on aime à s'entre-déchirer, retournant contre nous-mêmes l'objet de nos frustrations.
Abandonnés par une mère patrie qui avait d'autres chats à fouetter dans les salons de l'aristocratie poudrée de l'époque, les colons, nos ancêtres, ont vu leurs fermes brûlées par l'envahisseur. Les canons et les mousquets ont facilement maté les résistants armés de leurs fourches...
S'ensuivit une longue période durant laquelle, pour asservir ce peuple insoumis, les vainqueurs de la bataille des plaines d'Abraham ont fait quelques concessions cosmétiques pour acheter la paix, laissant les braves curés tenir le rôle de préfets de discipline pour s'assurer la soumission de leurs ouailles à genoux sous le signe de la croix.
La langue française a ainsi survécu et les descendants des Français qui avaient fondé la colonie sur les rives du Saint-Laurent ont pu survivre dans la langue de la mère patrie.
Les Francos canadiens (aujourd'hui appelés les Québécois) sont enracinés dans une culture différente de celle du reste du Canada. Leurs intérêts n'ont jamais été les mêmes que ceux de l'autre pays dans lequel ils ont été emprisonnés. Ce n'est pas sans raison qu'ils ont dit NON à la conscription lors des deux guerres mondiales où ils ont été enrôlés de force pour aller combattre sous les drapeaux britanniques.
Depuis le début des années soixante, un vent de libération a soufflé sur ce coin français d'Amérique du Nord, qui a su jusqu'ici éviter la louisianisation et l'extinction tels que préconisés par de nobles observateurs anglais comme Lord Durham (à la gloire duquel une rue porte encore le nom à Montréal en 2006!).
Comme des dizaines de nations à travers le monde obtenaient leur indépendance dans les années soixante, des milliers de Québécois se sont engagés dans un combat de longue haleine pour reprendre possession de leur coin de pays.
J'en étais et j'y ai consacré les plus belles années de ma jeunesse en m'impliquant dans une mouvance très radicale, inspirée des luttes de décolonisation mondiales. Jamais n'ai-je renié mes croyances en l'accession du Québec français à un statut de pleine autonomie, soit la souveraineté.
Mais l'incertitude face aux lendemains de la souveraineté en ont fait reculer plus d'un, il faut bien l'admettre. La peur fait partie de la mentalité du vaincu. C'est pourquoi, comme l'a si bien compris Yvon Deschamps, certains aimeraient bien avoir un Québec souverain dans un Canada uni!
À l'aube de la soixantaine, je réalise que nous avons fait fausse route et j'ai de plus en plus la certitude (surtout depuis l'indécente complicité entre Bush et Harper) que nous devons nous tourner vers une nouvelle solution pour assurer notre survivance et notre épanouissement comme nation.
J'en suis venu à croire que notre salut et notre avenir ne sauraient s'accomplir sans un retour aux sources.
Et nos racines, elles se trouvent dans notre mère patrie, la France. Pays moderne, dynamique, dont la politique étrangère nous conviendrait beaucoup plus que celle des valets de Washington, la France incarne la base de nos valeurs et de notre âme parce que c'est par la langue que l'on se conçoit et que l'on peut s'épanouir pleinement.
Dans mon Québec des années 2000, la langue parlée et écrite s'en va chez le diable et nous n'avons pas la culture, l'histoire et les moyens pour affronter nos millions de voisins anglophones. Je nous vois condamnés à la dégénérescence du parler tribal... premier pas vers l'extinction.
J'entends déjà certains me répliquer que les Français emploient déjà beaucoup de mots anglais. Et c'est vrai. Personne n'échappe au rouleau compresseur de la culture anglo-américaine. Mais les Français, forts de traditions séculaires et imprégnés d'une civilisation mature et humaniste, peuvent se le permettre sans mettre en jeu leur survie nationale.
Je crois donc que le temps est venu d'ouvrir nos esprits et nos coeurs à une nouvelle option politique, celle de choisir de réintégrer la France, notre mère patrie, en tant que PTOM (pays et territoires d'outre-mer), ce qui nous permettrait d'entrer de plain-pied au sein de l'Union européenne.
Nous pourrions alors bénéficier du support d'une puissance mondiale, dotée d'une véritable armée, et de reconnaissance internationale. Ce qui empêcherait nos gentils voisins de venir empiéter dans nos plates-bandes et de nous écraser comme des mouches.
Je suis prêt à échanger mon passeport canadien pour le passeport français. Et vous?
Vive la Nouvelle France!
Pierre Schneider
_ Membre du Front de libération du Québec au début des années 60 l'auteur a par la suite fait une carrière de journaliste.


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