Culture et communications

Le Québec ne doit plus quémander, il doit décider

Harper et la culture


Toute nation qui se respecte a le contrôle de ses grands leviers culturels. Pourquoi en serait-il différemment pour le Québec?
À l'automne 2006, le milieu du cinéma québécois est en ébullition. Stimulés par de beaux succès au box-office, de nombreux films sont en préparation, et 20 millions de dollars sont nécessaires afin d'assurer leur production. Le milieu délègue alors ses gros canons à Ottawa pour obtenir un coup de pouce de Bev Oda, la ministre du Patrimoine d'alors.
La ministre de la Culture de l'époque, Line Beauchamp, tente aussi de convaincre son homologue de participer à l'essor de la culture cinématographique québécoise. Peine perdue. Devant l'intransigeance fédérale, la ministre des Finances du gouvernement du Québec n'a d'autre choix que d'allonger 10 millions qu'elle rendra récurrents par la suite.
TQS et CRTC
Printemps 2008. L'annonce de la fermeture du service des nouvelles du réseau TQS à la suite de son achat par de nouveaux propriétaires entraîne une forte participation aux audiences du CRTC pour le renouvellement de sa licence. À cette occasion, le premier ministre du Québec veut tenter de convaincre le CRTC de ne pas entériner cette fermeture. Il refuse cependant la proposition du Parti québécois en faveur de la création d'un Conseil québécois de la radiodiffusion et des télécommunications.
Fait inusité, la ministre de la Culture, élue du peuple, doit se plier au fait de tenter de convaincre les fonctionnaires fédéraux du CRTC de maintenir un service de nouvelles. Rien n'y fit. Le CRTC donne le feu vert à TQS sous le regard impuissant du premier ministre du Québec et de sa ministre de la Culture.
Peu de contrôle
Automne 2008. Une série de compressions touchant la formation, la relève et la diffusion des arts affectent le milieu artistique québécois. Encore une fois, la ministre de la Culture du Québec n'a d'autre choix que de scander des slogans dans la rue pour se faire entendre par la ministre fédérale. Son homologue à Patrimoine Canada reste sans voix. Est-ce normal que la ministre de la Culture du Québec ait si peu de contrôle sur des décisions qui affectent si durement les milieux de la culture et des communications?
Le Québec a incontestablement été au coeur de la création de la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions artistiques, votée en octobre 2005 à l'UNESCO. De tout temps, le Québec a cherché sur la scène internationale à exprimer sa voix. Or, les artistes sont les premiers ambassadeurs du Québec à l'étranger. Si depuis 20 ans le Québec a connu des gains quant à son rayonnement international, il est inacceptable que ses artistes soient aujourd'hui contraints d'y réduire leur présence.
Un régime inefficace
De toute évidence, le régime actuel à deux têtes en culture et en communications ne marche pas. La vitalité d'une culture québécoise forte et diversifiée n'est pas alimentée adéquatement et risque de s'anémier au moment même où tous la considèrent comme le coeur même de notre «nation».
La culture est censée être une compétence exclusive des provinces. Il faut donc, de toute urgence, exiger que le gouvernement du Québec soit le seul maître d'oeuvre du financement public de la culture. Ainsi, il doit rapatrier toutes les sommes, actuellement sous contrôle fédéral, qui servent au financement des milieux culturels. Il faut de plus exiger le rapatriement du domaine des communications afin que son encadrement relève de l'Assemblée nationale du Québec.
Le gouvernement du Québec doit dès aujourd'hui indiquer qu'il mettra sur pied des programmes d'appui similaires à ceux qui sont passés dans le collimateur fédéral.
De plus, l'Assemblée nationale et tous les Québécois doivent profiter de l'élection fédérale pour exiger que la culture et les communications, domaines si vitaux pour le développement de toute nation, relèvent exclusivement du gouvernement du Québec, sans quoi l'expression «nation québécoise» utilisée par le Parlement fédéral n'aura été que poudre aux yeux!
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Alexandre Cloutier, Député de Lac-Saint-Jean et porte-parole du Parti québécois en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes
Pierre Curzi, Député de Borduas et porte-parole du Parti québécois en matière de langue, de culture et de communications


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