Cocus contents

Le Québec nation

On s'est fait avoir pas pour rire

Tribune libre

Le fédéral a reconnu que le Québec forme une nation au sein du Canada.
Laisser croire qu’une société d’un territoire donné dans son ensemble représente une nation revient à dire qu’il existe une culture sociale nationale. Ceci n’est vrai que pour les pays extrêmement homogènes.
Le Québec compte des ressortissants parlant différentes langues: le français, l’anglais, l’espagnol, l’allemand, l’arabe, etc. Le Québec compte nombre de groupes culturels qui tiennent à leurs us et coutumes. Le Québec est une société constituée de groupes issus de plusieurs nationalités et cultures. En reconnaissant la nation québécoise, le fédéral reconnaît non pas la spécificité francophone québécoise mais la composition multiethnique de la société québécoise. C’est une manoeuvre pour taire l’identité de la nation québécoise francophone et dévaloriser la culture qui lui est propre.
La culture est à la nation ce que la personnalité est à la personne. Une maison ne possède pas de personnalité. Les personnes qui l’habitent, elles, ont une personnalité. Le Québec n’a pas de culture qui lui soit particulière. Les québécois francophones qui l’habitent ont une culture. Les québécois anglophones qui l’habitent ont une culture. De même, pour tous les autres groupes ethniques. Dans sa reconnaissance, le fédéral nomme le territoire du Québec mais se garde bien de favoriser une nationalité plus qu’une autre. En aucun moment le fédéral, délibérément et de façon calculée, ne se réfère-t-il au groupe majoritaire francophone qui a la prétention légitime de constituer la nation fondatrice.
La reconnaissance de la nation québécoise par le fédéral n’équivaut qu’à un titre de citoyenneté parce que le tout ne renvoie qu’ à un territoire et non à une culture spécifique. L’identité d’un peuple ne saurait être que territoriale. Elle doit nécessairement être nationale.
Le fédéral a reconnu l’existence de la maison Québec. Mais en aucun temps n’a-t-il reconnu une personne particulière l’habitant. Et notre élite politique, le Bloc en tête, de pavoiser vis-à-vis cette mesure qui consacre le visage multiculturel du Québec et, par le fait même, la négation de la prépondérance de la culture francophone québécoise.
Nous sommes cocus et, bêtement, nous nous disons heureux de l’être.


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7 commentaires

  • Windisch Max Répondre

    11 juin 2014

    Une réciproque plus "positive" de cet argument ne consisterait-elle pas à s'intéresser au fait que l'indépendance implique une importante dimension spirituelle?
    Plus souvent qu'autrement, on parle de langue, de culture, de société distincte... et on s'arrête là, sans suivre le fil jusqu'au bout. Mais tous ces termes très pragmatiques, que nous disent-ils du tout, du sentiment d'être collectivement un? Ce sentiment n'est-il pas important? Et si on se sent un, n'est-ce pas d'abord en esprit?
    Il semble bien que notre modernité ne sache plus, ne veuille plus, ne puisse plus parler d'esprit. Figée par une sorte de pudeur, de gêne ou de dédain, elle préfère s'en tenir désormais au monde matériel.
    Anecdote: un incommensurable maestro allemand du siècle dernier disait au sujet des orchestres américains qu'ils avaient beau recueillir les plus extraordinaires musiciens tous azimuts, ils étaient incapables de reconstituer l'esprit d'un orchestre plus homogène.

  • François Ricard Répondre

    10 juin 2014

    M. Pelletier,
    J'endosse votre propos.
    Comme je le dit dans mon texte, la nation "québécoise" est un oxymoron.
    La nation québécoise n'existe pas.
    La nation canadienne-française est bien présente. Au Québec et dans le reste du Canada.
    Le Québec est le berceau de cette nation et, maintenant, son dernier refuge. De là l'importance de l'indépendance.

  • Normande Imbeault Répondre

    10 juin 2014

    Monsieur Ricard,
    Vous savez toujours nous surprendre en nous faisant voir une nouvelle facette des mensonges véhiculés par les fédéralistes. Et vos propos sont justes.
    C’est exact que la Chambre des communes a déjà reconnu le Québec comme une nation et, par le fait même, son droit à l'autodétermination. Une nation décide elle-même de son avenir. La loi actuelle fait fi de ce droit fondamental. Concoctée par le Parti libéral du Canada et acceptée par le Parti conservateur le projet déposé par le NPD impose une tutelle du fédéral sur le Québec.
    En vertu de la loi actuelle, cette mise en tutelle est celle de la Chambre des communes et des autres parlementaires du Canada. Elle serait remplacée par celle du gouvernement fédéral par le projet de loi du NPD. Qu'une tutelle soit exercée par 1042 parlementaires qui ne siègent pas à notre Assemblée nationale ou par le premier ministre du Canada et son gouvernement, est tout aussi inacceptable.
    Votre texte m’amène à me poser une question : Est-ce que la nation québécoise existe? Selon moi, la nation québécoise est moribonde. Et, ce mal est lié d’abord à l’éducation, puis à son mal être généralisé, à son nombrilisme, à sa méfiance populiste envers tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à de l'intellectualisme, à son incapacité à assumer son histoire autrement qu'en négatif. L'état catastrophique du système éducatif québécois le démontre bien. L’école s'est catégorisée: écoles privées et programmes d'élites d'un côté et le reste de l'autre. Le «reste» c'est l'école ordinaire où les classes ordinaires sont devenues trop souvent des classes pour élèves en difficulté. Le reste c’est un bassin où une certaine médiocrité s'installe. En ce qui concerne la formation des futurs enseignants, quand notre société se donnera-t-elle des exigences à la hauteur de l'importance de ce métier ? Il est évident que cela aurait un coût pour les universités d'abord (moins d'étudiants dans des programmes notoirement «vaches à lait») et pour le Québec (pour attirer des étudiants de haut niveau, il faut une profession reconnue socialement, intéressante payante...). On préfère investir l’argent dans les universités anglophones afin de former l’élite qui ira travailler hors Québec.
    Mais il s'agit ici de quelque chose de plus grave, de plus subtil, de plus difficile à critiquer, rectitude politique oblige. Ici au Québec on a peur de valoriser l’élitiste, c'est à dire de préférer ce qu'il y a de meilleur à ce qu'il y a de plus médiocre, à ce qu’il y a de populaire, ou selon un langage compris de tous, de ‘’quétaine’’. Lorsqu'un peuple utilise une langue de moins de cinq cent mots, il démontre qu'il a perdu toute capacité de penser. Car penser réclame plus qu’une centaine de mots. La nation québécoise est moribonde et ce mal a probablement quelque chose à voir avec l’indifférence et la volonté de sa population à se laisser assimiler et à sortir de sa médiocrité afin de défendre ses propres intérêts.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2014

    Monsieur Ricard,
    Vous savez toujours nous surprendre en nous faisant voir une nouvelle facette des mensonges véhiculés par les fédéralistes. Et vos propos sont justes.
    C’est exact que la Chambre des communes a déjà reconnu le Québec comme une nation et, par le fait même, son droit à l'autodétermination. Une nation décide elle-même de son avenir. La loi actuelle fait fi de ce droit fondamental. Concoctée par le Parti libéral du Canada et acceptée par le Parti conservateur le projet déposé par le NPD impose une tutelle du fédéral sur le Québec.
    En vertu de la loi actuelle, cette mise en tutelle est celle de la Chambre des communes et des autres parlementaires du Canada. Elle serait remplacée par celle du gouvernement fédéral par le projet de loi du NPD. Qu'une tutelle soit exercée par 1042 parlementaires qui ne siègent pas à notre Assemblée nationale ou par le premier ministre du Canada et son gouvernement, est tout aussi inacceptable.
    Votre texte m'amène à me poser une question: Est-ce que la nation québécoise existe? Car le gouvernement fédéral semble tout faire pour l'éteindre et le pire c'est que le gouvernement provincial y participe. Selon moi, la nation québécoise est moribonde. Et, ce mal est lié d’abord à l’éducation, puis à son mal être généralisé, à son nombrilisme, à sa méfiance populiste envers tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à de l'intellectualisme, à son incapacité à assumer son histoire autrement qu'en négatif. L'état catastrophique du système éducatif québécois le démontre bien. L’école s'est catégorisée: écoles privées et programmes d'élites d'un côté et le reste de l'autre. Le «reste» c'est l'école ordinaire où les classes ordinaires sont devenues trop souvent des classes pour élèves en difficulté. Le reste c’est un bassin où une certaine médiocrité s'installe. En ce qui concerne la formation des futurs enseignants, quand notre société se donnera-t-elle des exigences à la hauteur de l'importance de ce métier ? Il est évident que cela aurait un coût pour les universités d'abord (moins d'étudiants dans des programmes notoirement «vaches à lait») et pour le Québec (pour attirer des étudiants de haut niveau, il faut une profession reconnue socialement, intéressante payante...). On préfère investir l’argent dans les universités anglophones afin de former l’élite qui ira travailler hors Québec.
    Mais il s'agit ici de quelque chose de plus grave, de plus subtil, de plus difficile à critiquer, rectitude politique oblige. Ici au Québec on a peur de valoriser l’élitiste, c'est à dire de préférer ce qu'il y a de meilleur à ce qu'il y a de plus médiocre, à ce qu’il y a de populaire, ou selon un langage compris de tous, de ‘’quétaine’’. Lorsqu'un peuple utilise une langue de moins de cinq cent mots, il démontre qu'il a perdu toute capacité de penser. Car penser réclame plus qu’une centaine de mots. La nation québécoise est moribonde et ce mal a quelque chose à voir avec l’indifférence et la volonté de sa population à sortir de sa passivité et de sa médiocrité afin de défendre ses propres intérêts.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juin 2014

    Pour ma part, je préfère parler de « nationalisme identitaire » qui, ceci dit, n'est pas mort. Nous sommes toujours des Canadiens-français. Ce n'est pas parce que quelques intellectuels nous voient autrement, de façon préamturée, à l'intérieur du Canada que cela changerait miraculeusement les faits.
    Être des Canadiens-français est sans ambiguité quant à la langue commune et quant à nos origines. L'identité canadienne-française, elle, n'efface rien de l'ensemble de notre histoire nationale canadienne, bas-canadiennes et de la Nouvelle-France, voire même de la France. Elle affirme même haut et fort notre nation française d'Amérique du nord homogène, forte, concentrée au Québec et faite de gens qui sont des gangants.
    Par ailleurs, le fait de vouloir faire du Québec un pays indépendant et unilingue français n'oblige en rien d'effacer soudainement le seul nom qui nous distingue des immigrés et des anglo-canadiens ou «canadians». Ce n'est pas un préalable de se dire «Québécois» pour être un nationaliste et un indépendantiste. Rendu là, c'est tout sauf la réalité.
    L'identité québécoise en est même devenu ridicule, parce qu'on ajoute maintenant le qualificatif «francophone» qui devient d'autant plus réducteur (notre nation déborde des limites du Québec) et quasiment insultant dans ce contexte de «nationalisme territorial» que vous décrivez.
    Mais que voulez-vous ... le politiquement correct et la révolution «tranquille» obligent : Selon cette théorie de la « bienséance » 2.0, y faut pas faire de chicane avec les anglophones pis les immigrés allophones !
    Et je ne vous blâme en rien. Je suis parfaitement conscient que c'est la propagande fédéraliste aujourd'hui ( britannique ou anglaise anciennement ) qui biaise tout, quoi qu'on dise et tente pour déclarer l'indépendance nationale canadienne-française en territoire québécois.
    Depuis l'invasion britannique, commencée en 1756, la guerre n'est pas terminée, tant qu'on forcera notre adhésion à une fausse fédération et fausse confédération qui veut rien de moins que notre disparition et un système monarchique britannique.
    Cette propagande aujourd'hui fédéraliste et multiculturaliste endors les «Québécois» au point qu'ils se croient maintenant bien dans un Canada à la merci de la dictature d'une cours suprême qui outrepasse ses droits. J'en vois même de plus en plus des soi-disants souverainistes se plaire à discuter en anglais, à utiliser la langue anglaise, la langue de leur bourreau, comme soi-disant langue plus universelle que leur langue mataternelle française. Et ça c'est encouragé aussi par le PQ, QS et ON, supposément des indépendantistes.
    Et au final, j'éprouve plus de fierté à me dire Canadien-français. À mes yeux, quoi que j'ai eu à l'expliquer dans le présent commentaire, c'est devenu plus clair et moins réducteur que Québécois.
    Je ne dis pas que je déteste «Québécois», mais je suis d'abord un Canadien-français nationaliste (identitaire) et un farouche indépendantiste pour un pays québécois indépendant de tout autre pays et unilingue français.
    Après l'indépendance, le nouveau pays pourrait même porter un nouveau nom.
    Je ne persuaderai peut-être personne d'autre que moi-même. Mais maudit que ça me fait du bien de l'écrire.
    Bonne continuité !

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juin 2014

    Je n'avais pas pensé a cela, mais je crois que vous avez entièrement raison.
    Vous savez, nous comme Québécois n'avons pas encore assimilés, que nous ne sommes plus homogènes comme par le passé assez récent.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    9 juin 2014

    "Mais en aucun temps n’a-t-il reconnu une personne particulière l’habitant."
    Rusé, en effet: valoriser la maison qu'ils convoitent.
    Ce que les Canadians aimaient tant, ce jour-là, c'était la maison, le territoire! Par dessus tout, le territoire qui englobe le majestueux fleuve, le golfe, l'estuaire, du Saint-Laurent. Pas tant pour l'image que pour le moyen de transport qu'il constitue. Ce territoire sera devenu un Fort McMurray d'un bord à l'autre, ça ne saura les émouvoir, au contraire, ce sera le signe de la prospérité gagnante sur la qualité de vie.
    Et le peuple habitant ce territoire? Ils auront bientôt réussi à en faire de bon bras, comme déjà, après la Conquête. Comme partout, jadis, agit l'Empire.