Le PTP, le libre-échange et la Terre promise

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Se plier aux joug américain pour des bénéfices illusoires






La cassette du libre-échange bienveillant est repartie. Stephen Harper désignait lundi le Partenariat transpacifique (PTP) comme «la nouvelle norme de référence des accords commerciaux mondiaux au 21e siècle».




De fait, le PTP se veut la plus importante zone de libre-échange établie à ce jour. Nos «zélites» avec un grand Z persisteront à travestir la prophétie en science en nous présentant le libre-échange à la fois comme l’aboutissement inévitable du monde et en tant que Terre promise d’abondance et de paix.




Théorie douteuse




Reposant sur des préceptes théoriques pour le moins douteux, les deux hypothèses sont fausses: primo, le libre-échange mondialisé n’est pas inscrit dans le destin, son développement s’étant plutôt opéré par vagues; secundo, il n’a ni éliminé les conflits dans le monde ni rempli ses grandes promesses de développement harmonieux.




Il aura profité à quelques-uns en laissant surtout des laissés-pour-compte. Qu’importe, les Rois Mages de l’obsession mondialisarde ont parlé et le réel peut bien aller se rhabiller.




La formule est généralement toujours la même: négocier dans le secret le plus total, de peur que les peuples soient pris de panique quant aux bienfaits du libre-échange.




Quand les populations sont mises devant le fait accompli, elles apprennent habituellement que ces accords sont de véritables cages à homard, étant renforcés par un véritable arsenal juridique rendant leur contestation quasi impossible.




La souveraineté nationale est essentielle




Dans les années 1920, l’Autriche a voulu renforcer la réputation de sa monnaie nationale. Pour ce faire, le gouvernement a introduit constitutionnellement l’interdiction de contracter un déficit budgétaire.




Cela a très bien fonctionné au départ et la stabilité fut au rendez-vous. Cependant, lors de la crise bancaire qui secoua le pays au cours de la seconde moitié de cette même décennie, l’État autrichien dut violer sa Constitution pour dépenser (très légèrement) davantage que ce qui était légalement autorisé.




La décision a été gardée secrète, jusqu’à ce qu’elle soit découverte et qu’elle ruine la réputation de l’Autriche.




Morale de cette histoire: il ne sert à rien d’écouter les idéologues en culottes courtes et d’enfermer l’État dans des règles qui en limitent la capacité d’agir. La bonne politique économique d’aujourd’hui n’étant pas nécessairement celle de demain, l’État aura à corriger le tir rapidement si la trajectoire prévue devait changer.




Prenons ce même postulat et appliquons-le au contexte de la mondialisation. La gravité est d’autant accentuée que l’encadrement rigide de la politique économique d’un pays n’est pas imposé par sa constitution nationale, mais bien supranationale.




Comment l’État pourrait-il agir si son pouvoir discrétionnaire est interdit par un traité commercial? Pour revenir au PTP, il ne s’agit pas seulement d’abolir la gestion de l’offre, mais de postuler son impossibilité permanente.




Le problème du libre-échange est donc multiple. Non seulement s’appuie-t-il sur des recettes dangereuses, mais celles-ci sont coulées dans le béton et condamnées à être permanentes.




Dans le cas du PTP, les dignitaires canadiens auront ainsi tout autant marchandé la démocratie que la ferme familiale dans les négociations.



 



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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).





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