Le printemps érable, la police et les politiciens : quelles questions devrions-nous poser?

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Un lien entre la responsabilité politique et la responsabilité civile

Le ministre de la Sécurité publique annonçait, ce printemps, la tenue d’une « commission spéciale d’examen » qui devra « identifier les facteurs ayant contribué à la détérioration du climat social et évaluer les impacts des événements du printemps 2012 sur la population », et « dégager des constats s’appuyant sur des faits vérifiables ». Ne devrait-on pas plutôt revoir les mandats des corps de police et nous interroger sur ce qu’est la responsabilité politique ?

Quel est le rôle de la police dans notre société ? Mon premier contact avec un agent de police remonte au début des années soixante. Je me souviens que nous roulions sur le pont Jacques-Cartier et que nous avions été interceptés par une voiture de police. Le policier lui ayant demandé ses papiers, mon père les lui avait remis dans un petit portefeuille qui contenait aussi un billet de banque.

Le policier était retourné à sa voiture comme pour remplir la contravention et en était revenu pour remettre son petit portefeuille à mon père en lui disant : « C’correct pour c’cou-ci, mais fâ attention pour la prochaine foais. » Le billet de banque avait disparu.

J’ai aussi connu cette police qui, lors de la Fête nationale, vidait la place Jacques-Cartier à coups de matraques distribués sur les trottoirs par des agents qui étaient assis dans des side-cars de motos conduites par des collègues. Ou qui, lors des événements d’octobre 70, arrêtait des étudiants du cégep Édouard-Montpetit qui avaient eu, au secondaire, des professeurs soupçonnés d’appartenir au FLQ [Front de libération du Québec].

Je connais maintenant ces policiers qui se cachent dans les quenouilles sur l’autoroute Félix-Leclerc, un radar à la main, par un beau dimanche d’été ensoleillé, pour distribuer des « tickets de vitesse » en série, au lieu de nous inciter à ralentir en se rendant visibles et en roulant tranquillement. Ou cette police qui préfère augmenter les revenus de la municipalité au lieu de te demander de circuler quand tu es stationné en double au volant de ta voiture sans entraver la circulation.

Et il y a encore cette police qui préfère poursuivre à haute vitesse des jeunes gens sans réelle expérience du volant, qui trop souvent en perdent le contrôle de leur véhicule et se tuent, au lieu de prendre en note leur numéro d’immatriculation et d’aller leur remettre une contravention au réveil et à leur domicile.

Il y a aussi cette police qui a tué Marcellus François et Anthony Griffith, et plus récemment Freddy Villanueva, et combien d’autres jeunes gens, et qui entrave le cours de la justice. Du printemps dernier, je me souviens de ces jeunes qui ont perdu l’usage d’un oeil ou qui ont été grièvement blessés. Des événements qui se sont déroulés autour du Palais des congrès de Montréal. Des événements survenus à Victoriaville.

Nous avons toutes et tous vu la violence exercée et les propos tenus par Stéphanie Trudeau, le « matricule 728 », et ses collègues. Ne devrions-nous pas nous demander s’ils sont symptomatiques de la mentalité des corps de police ?

Ces « anecdotes », ces « constats s’appuyant sur des faits vérifiables » ne devraient-ils pas nous pousser à nous demander : au service de qui est la police et quel est son rôle ?

Qu’est-ce que la responsabilité politique ?

À un autre niveau, dans mon parcours professionnel, j’ai travaillé à plusieurs reprises avec les différents corps de police pour assurer la sécurité de la foule et de personnalités politiques nationales ou étrangères lors d’événements grand public. Je me souviens très bien des recommandations qui nous étaient faites afin d’éviter les « accidents malheureux », si bien que je me demande quels avis ont été donnés à l’entourage du premier ministre Charest par la Sûreté du Québec lorsqu’il a été question de déménager le Conseil général du PLQ du Centre Mont-Royal, angle Mansfield et Sherbrooke, au Victorin de Victoriaville.

À la lumière des événements du printemps dernier, de la violence, des blessures et des très nombreuses arrestations, ne devrions-nous pas aussi nous poser la question suivante : la responsabilité politique ne devrait-elle pas inclure la responsabilité civile ?

Comme société, n’aurions-nous pas intérêt à nous interroger publiquement non seulement sur les événements du printemps 2012, mais aussi, plus largement, sur le rôle de la police et sur ce que signifie la responsabilité politique ?


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