CHEFFERIE

Le PQ veut une course restreinte

Le parti exigera des candidats 35 000 $ et 2000 signatures

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Vraiment? Le sérieux d’un candidat correspond à sa capacité de verser 35 000 $ ?

L’exécutif du Parti québécois (PQ) veut à tout prix éviter que la course à la succession de Pauline Marois ressemble à celle de 2005, où neuf candidats s’étaient affrontés. Pour filtrer les prétendants, le PQ songe donc à imposer des « frais d’inscription dissuasifs », et à doubler le nombre de signatures nécessaires pour être admis.

Selon des informations obtenues par Le Devoir, l’exécutif du PQ souhaite que chaque candidat débourse 35 000 $ pour s’inscrire à la course. Cette somme serait non remboursable, et payable en deux temps : 20 000 $ au moment de la remise du bulletin de candidature — sans quoi il ne serait pas valide — et 15 000 $ à payer avant le 10 avril 2015.

Ces 35 000 $ représentent une « contribution aux dépenses du parti pour l’organisation et la tenue de l’élection ». Ils ne comptent pas dans le plafond de dépenses de 300 000 $ que les candidats pourront amasser pour mener campagne.

En 2007, les frais d’inscription avaient été fixés à 5000 $. Seule Pauline Marois s’était qualifiée. Deux ans plus tôt, le parti avait opté pour une formule souple où le parti prélevait une part de l’argent recueilli par les candidats. Or, le grand nombre de candidats avait mené à une course éclatée.

« L’objectif du comité qui a préparé cette proposition est clairement de dissuader des gens moins sérieux de faire la course », indiquait lundi une source proche des discussions actuelles. « Ce n’est pas tout le monde qui peut mettre 35 000 $ sur la table. Tu peux emprunter pour faire le dépôt, mais il faut quand même rembourser avec les contributions des électeurs [à raison de 500 $ par personne maximum]. »

Autre mesure de resserrement : pour être admis, les candidats devront avoir récolté au moins 2000 signatures de membres en règle au moment du dépôt de leur bulletin. « Ces 2000 signatures doivent provenir d’au moins 9 régions ainsi que d’au moins 50 circonscriptions différentes », indique le document remis au comité exécutif lors d’une rencontre tenue à huis clos samedi. Un minimum de 10 signatures est exigé pour chacune des régions et des circonscriptions.

Les signatures devront être recueillies entre le 26 novembre et le 15 janvier 2015, soit à l’intérieur d’une période de 50 jours. En 2005, le PQ avait accordé trois mois aux prétendants pour amasser 1000 signatures provenant de 40 circonscriptions. Deux ans plus tard, Mme Marois avait dû fournir 1500 signatures avant d’être couronnée.

« On ne veut pas assister à une multiplication de candidats, explique une autre source au sein de l’exécutif. Mais, en même temps, on ne veut pas freiner les candidatures intéressantes. Nous avons établi des règles dans cet esprit-là. Les règles seront plus strictes que celles de 2007, et beaucoup plus strictes que celles de 2005. »

En comparaison, en 2013, les libéraux Philippe Couillard, Pierre Moreau et Raymond Bachand avaient dû recueillir les signatures de 500 membres provenant de 50 circonscriptions. Le dépôt de sécurité avait été fixé à 50 000 $ par le Parti libéral du Québec. En 2011, le Bloc québécois avait pour sa part établi à 15 000 $ et 1000 signatures les seuils d’admissibilité.

Primaires à deux tours

Ces recommandations du comité exécutif devront être entérinées par les présidents des associations péquistes, qui se rencontreront le 4 octobre à Sherbrooke. Ceux-ci devront alors aussi décider si l’élection se fera auprès des membres seulement, ou par la voie de primaires ouvertes.

Selon le document consulté par Le Devoir, la proposition de primaires ouvertes comporterait un « premier tour de scrutin réservé aux électeurs membres », qui se déroulerait du 15 au 17 avril. « Les deux candidats ayant obtenu le plus de votes participeront à un deuxième tour de scrutin auquel pourront voter les électeurs membres et les électeurs sympathisants », indique-t-on. Ce deuxième tour aurait lieu du 30 avril au 2 mai.

Tenir des primaires coûterait toutefois cher — jusqu’à 800 000 $, s’est fait dire l’exécutif samedi. Il faudrait d’abord compter environ 400 000 $ pour organiser un congrès spécial permettant de changer les statuts du parti. On prévoit ensuite une autre somme de 400 000 $ pour adapter l’organisation à un processus plus lourd : système téléphonique, envois postaux, vérification d’identités…

Sur la question des primaires, l’exécutif serait « partagé à 50-50 », dit une source. « Ce sera vraiment aux présidents de décider. »

Avec Marco Bélair-Cirino


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