Droits de scolarité

Le PQ optera-t-il pour le gel des droits?

PQ - XVIe congrès avril 2011



Depuis de nombreuses années, la FEUQ et la FECQ défendent le gel des droits de scolarité. Mais les étudiants sont inquiets. Ils ont besoin d’un engagement ferme de la part du Parti québécois.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Madame Marois,
Les récentes déclarations de certains membres de la députation du Parti québécois sur l'indexation des droits de scolarité, alors que planait sur les étudiants une menace de hausse massive, ont choqué et interpellé les étudiants québécois. Il est essentiel que l'appui de l'opposition officielle à l'amélioration des conditions de vie des étudiants universitaires soit ferme. Faire le contraire, c'est accepter de copier tranquillement un modèle en faillite, soit le modèle canadien: des droits de scolarité inabordables et une aide financière aux études coûteuse et inefficace. Nous souhaitons par la présente interpeller les membres de la députation péquiste et vous présenter les conditions de vie réelles des étudiants.
Les mesures draconiennes du dernier budget vous ont fait réagir, heureusement. Difficile de dire que l'augmentation de 75 %, 1625 $ à terme, était bonne pour les étudiants et la société québécoise. Alors qu'il en coûtait 2200 $ pour étudier en 2003-2004, au moment de l'élection du Parti libéral du Québec, la facture passerait à plus de 4500 $ en 2016-2017.
Quels sont les résultats de cette politique libérale? Si vous ne le saviez pas, la situation financière des étudiants est loin de s'être améliorée au cours des dernières années. L'an dernier, nous avons mené la plus vaste enquête jamais effectuée sur les conditions de vie des étudiants. Plus de 12 600 étudiants ont répondu à notre questionnaire. Les résultats étaient clairs. Les étudiants n'ont pas les revenus suffisants pour absorber une nouvelle hausse des droits de scolarité. La moitié des étudiants vit avec moins de 12 200 $ par année. De ce fait, ils sont contraints de s'endetter fortement auprès du secteur privé. À la fin de leur parcours, 60 % des étudiants auront accumulé une dette de 14 000 $ en moyenne.
Poids financier pour les familles
La situation de leur famille n'est pas plus rose. Une famille sur deux seulement contribue au financement des études de ses enfants et sa contribution est trois fois moins élevée que ce que prévoit le Règlement sur l'aide financière aux études. Et ce n'est pas une question de choix, les familles n'en ont tout simplement pas les moyens. Comment une famille ayant 30 000 $ en revenu brut peut-elle contribuer aux études de son enfant? Imaginez l'impact de la nouvelle hausse du gouvernement Charest. Cela correspond à un nouveau poids financier pour ces familles. Il est aussi faux d'affirmer que les étudiants vivent aux crochets de l'État: 77 % des études des étudiants sont financées soit par l'étudiant lui-même, soit par ses parents. Hausser les droits de scolarité, c'est alourdir le fardeau des étudiants et taxer la classe moyenne.
À l'heure actuelle, les deux tiers des étudiants manquent d'argent à la fin de l'année. Avec une nouvelle hausse des droits de scolarité, où les étudiants couperont-ils? Dans le loyer ou dans la nourriture? Vous savez comme nous tous que ce dilemme est éthiquement impossible à trancher. Pour plusieurs, dont les enfants de la classe moyenne, les jeunes des régions, les étudiants de première génération (les premiers d'une famille à fréquenter l'université), le choix se fera entre des études universitaires ou le marché du travail. Le Québec va perdre des étudiants universitaires et par le fait même de nombreux travailleurs spécialisés.
Pourquoi le gel des droits de scolarité?
Depuis de nombreuses années, la FEUQ et la FECQ défendent le gel des droits de scolarité. Quelques-uns l'ont déploré. Pourtant, cette politique a fait ses preuves. Elle a préservé l'accès aux études universitaires au Québec alors qu'il chutait dans les autres provinces canadiennes, leurs droits de scolarité augmentant à un rythme effréné.
Pourquoi pas l'indexation? Parce qu'actuellement, malgré leurs efforts, les étudiants n'arrivent pas à la fin de l'année. Même en travaillant 19 heures par semaine, ils s'endettent dans 61 % des cas. En effet, les deux tiers manquent d'argent à la fin de l'année. Et tout ça, c'est avant la nouvelle hausse des droits des libéraux! C'est sans mentionner que les étudiants vivent actuellement une hausse de 500 $, et que le gouvernement souhaite imposer une nouvelle hausse de 1625 $ en évoquant... l'indexation au niveau des droits de scolarité de 1968!
Nous devons revenir à un gel des droits de scolarité afin d'améliorer l'accessibilité aux études. Cette politique a permis au Québec de faire des bonds de géant depuis 1968. Malgré tout, il reste encore beaucoup de travail à faire. Dans une société où le savoir est au coeur de l'économie et dans une société de petite taille comme la nôtre, réduire l'accessibilité aux études, c'est se priver de cerveaux qui vont alimenter l'économie québécoise. A-t-on besoin de rappeler qu'à l'heure actuelle, chaque dollar investi dans un diplômé universitaire rapporte 5,30 $ à l'État, simplement en taxes et en impôts supplémentaires?
Compressions de 1994
Plusieurs ont attribué à tort les problèmes de financement des universités québécoises au gel des droits de scolarité universitaires. Or, la vraie cause des difficultés financières vécues aujourd'hui par les universités est les coupes sauvages du gouvernement fédéral en 1994. Hausser les droits de scolarité constitue un aveu d'échec des revendications traditionnelles du Québec face au gouvernement fédéral.
Les étudiants sont inquiets. Ils ont besoin d'un engagement ferme de la part du Parti québécois. Est-il nécessaire de rappeler que les étudiants universitaires d'aujourd'hui formeront la classe moyenne de demain? Que ce sont eux qui paieront les taxes et les impôts qui assureront la survie de nos services publics? Qui seront la condition sine qua non de la compétitivité du Québec sur la scène internationale?
Ces questions, nous nous les posons, les étudiants se les posent. Mais nous pourrions les résumer en une seule: à la sortie de son congrès, le Parti québécois appuiera-t-il les revendications des étudiants en demandant un gel des droits de scolarité?
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Louis-Philippe Savoie - Président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et Léo Bureau-Blouin - Président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)


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