Le pire, c'est maintenant

Mais il y a une chose dont je suis assez certain. Et c'est que de la même façon que nous n'avons pas vu la récession venir, quand la reprise surviendra, on ne le verra pas non plus.

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En principe, quand une statistique économique importante est publiée, comme le produit intérieur brut (PIB), cela devrait nous éclairer sur l'état de l'économie. Mais quand on a appris, cette semaine, que le PIB avait reculé de 3,4% au quatrième trimestre de l'année qui vient de se terminer, cela ne nous a pas aidés à savoir ce qui nous attend.
Bien sûr, ce recul important nous dit quelque chose. Le Canada est en récession, et celle-ci est sérieuse. Ce que l'on pouvait voir par d'autres indices, comme les pertes d'emploi, la baisse des exportations ou la chute des ventes de détail. Mais ce chiffre, à lui seul, ne donne pas de réponses aux questions que nous nous posons tous. Ce qu'on veut savoir, c'est si les choses vont continuer à empirer, si la récession va durer longtemps, quand on va s'en sortir. Si le pire est passé ou si le pire est à venir.

Le fait que les données officielles ne nous éclairent pas sur ces questionnements est un signe de l'ignorance et du désarroi dans lequel nous nous trouvons. Faut-il rappeler que les économistes, les institutions financières, les organismes de prévision croyaient, jusqu'en novembre, que le Canada réussirait à éviter la récession ou que celle-ci, au pire, serait assez bénigne pour mériter le qualificatif de «technique»?
Rétrospectivement, nous savons maintenant que ces prévisions optimistes ont été émises au moment où le Canada était déjà en récession! Cela nous montre que la science économique est démunie face à cette crise unique.
Il n'est cependant pas inutile de rappeler que ce recul est nettement moins marqué qu'ailleurs: l'économie a reculé de 6,2% aux É.-U., de 5,9% en Europe, de 12,7% au Japon. Si c'est moins mauvais au Canada, ce n'est pas parce que nous profitons d'un répit et que la réalité nous rattrapera plus tard. Il n'y a aucune logique à ce qu'une vague provenant des États-Unis frappe l'Allemagne et le Japon avant le Canada, le voisin et principal partenaire des États-Unis. Cela indique plutôt que la récession canadienne n'est pas de même nature, parce que le Canada, très touché par la baisse des exportations vers les États-Unis, a largement été épargné par la crise financière.
L'ampleur du recul du PIB au quatrième trimestre est en soi une mauvaise nouvelle. Mais la dynamique qui a mené à ce recul est également préoccupante. La détérioration s'est accélérée en novembre et décembre, ce qui annonce que les mois qui suivent - c'est-à-dire maintenant - seront très mauvais. On peut donc s'attendre à ce que le recul économique, au premier trimestre de cette année, soit encore plus prononcé.
Nous sommes donc au coeur de la tourmente. Mais combien de temps va durer cette tourmente? La grande majorité des prévisions économiques, pour ce qu'elles valent, parlent toujours de trois trimestres de recul, et donc d'une croissance lente pour les deux derniers trimestres de l'année. Si tel était le cas, cela signifierait que le pire, c'est maintenant.
C'est ce que croit la Banque du Canada, qui a étonné avec sa prévision d'une vigoureuse reprise en 2010. C'est ce que croient certains spécialistes, comme ceux de la Banque Nationale qui croient que la récession sera courte, entre autres parce que les récessions qui débutent rapidement et brutalement ont tendance à être plus brèves.
Faut-il les croire? Honnêtement, je ne sais pas. Et je crois que personne ne sait vraiment. Mais il y a une chose dont je suis assez certain. Et c'est que de la même façon que nous n'avons pas vu la récession venir, quand la reprise surviendra, on ne le verra pas non plus.


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