Le peuple, une bête terrifiante?

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Pas de démocratie sans le peuple






Si le débat sur le niqab passionne autant, c’est qu’il parle de bien d’autres choses que du niqab. Dans un pays où le multiculturalisme s’est souvent présenté comme une religion d’État, et où on ne parlait que des droits des immigrants, mais rarement de leurs devoirs, il nous rappelle que la diversité n’est pas toujours une richesse.




En un mot, il ne faut pas s’ouvrir à toutes les différences. Certaines sont appréciables, d’autres non. Le niqab est de celle-là. Ce n’est pas la seule.




Et pourtant, pour une bonne partie de nos élites médiatiques et intellectuelles, ce débat a quelque chose de scandaleux. Il ne devrait tout simplement pas avoir lieu. Ou alors, il devrait se dérouler devant les tribunaux exclusivement.




L’excuse qu’on nous donne, c’est qu’on ne devrait jamais soumettre les «droits fondamentaux» ou les «droits des minorités» à la majorité, presque naturellement portée à se comporter de manière tyrannique.




Droits fondamentaux ?




C’est l’esprit de l’époque: n’importe quelle revendication politique, sociale ou identitaire se présente à la manière d’un droit fondamental. L’idéologie des droits s’applique à tout et n’importe quoi. Il suffit de se présenter comme une minorité-victime pour s’en réclamer et trouver des juristes et des militants pour nous accompagner et nous soutenir.




La Charte des droits, qu’on traite comme un document sacré, a fait plus de mal que de bien à la démocratie canadienne.




Une chose ressort de cela: c’est la peur maladive que suscite le peuple chez nos élites médiatiques et intellectuelles. On pourrait même parler du mépris qu’il inspire.




On l’imagine bourré de préjugés et animé par les plus basses passions. On n’évoque son pouvoir qu’en imaginant une abominable tyrannie de la majorité. Idéalement, il faudrait le tenir en laisse et lui imposer une muselière. Il pourrait alors devenir un joli toutou insignifiant dans notre vie politique.




C’est une démocratie paradoxale où on ne parle du peuple que pour s’en méfier. La méfiance du peuple, dans nos sociétés, est en bonne partie à l’origine de la croissance insensée du pouvoir des tribunaux, et particulièrement, de la Cour suprême.




Car quoi qu’en disent certains spécialistes du déni de réalité, les tribunaux se sont approprié un pouvoir exagéré dans le Canada contemporain. On concédera que la même chose arrive partout ailleurs en Occident.




Le parlement impuissant




Au fil des ans, on a vu un grand nombre de questions importantes être transférées devant les tribunaux. Qu’il s’agisse de la prostitution, de l’implantation de sites d’injection supervisée pour les toxicomanes, du port du kirpan à l’école, de l’avenir de la loi 101, du suicide assisté, le pouvoir politique a dû s’incliner devant les tribunaux.




Ce sont eux qui ont le dernier mot et les juges deviennent les grands prêtres de la politique.




L’activisme judiciaire consacre le pouvoir des lobbies qui contournent la démocratie et font anoblir leur cause par des juges qui se croient trop souvent en croisade. On en vient à se demander à quoi servent les élections. À élire des équipes de comptables?




Nos politiciens ont de plus en plus l’air d’eunuques. La grande question qui devrait animer la vie politique est simple: est-il possible de renverser le mouvement, de redonner le pouvoir au peuple et au Parlement?



 




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