L’attentat à Edmonton samedi soir nous rappelle que le Canada n’est pas à l’abri de la folie meurtrière des fous d’Allah. Edmonton, qui l’eût cru ?
Mais le premier ministre, qui n’a pas condamné clairement l’attentat, semble craindre « l’islamophobie » plus que l’islamisme. « Bien que l’enquête se poursuive, a-t-il dit, les premiers rapports indiquent qu’il s’agit d’un autre exemple de la haine contre laquelle nous devons demeurer vigilants. »
La haine ? La haine de quoi ?
Tout pour ne pas dire islamisme ou djihadisme.
Mais il n’est pas le seul. La plupart de nos dirigeants ont décidé d’utiliser la méthode douce pour combattre l’extrémisme musulman. Le padamalgame.
Prévenir quoi ?
Le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence de Montréal semble avoir attrapé ce virus. Ce centre, créé dans la foulée des attentats de Saint-Jean-sur-Richelieu et d’Ottawa, jouit d’une belle réputation internationale. Il aurait trouvé la recette pour combattre la radicalisation sans faire de peine à quiconque.
La Belgique s’abreuve à l’expertise du Centre pour prévenir la radicalisation chez elle.
La semaine dernière, le magazine belge Le Vif/L’Express jetait un pavé dans la mare avec un article intitulé « Le Pèlerinage de Québec » qui commence ainsi : « Pourquoi nos autorités défilent-elles en rangs serrés dans un petit centre québécois relativement dépourvu d’expérience en matière de radicalisation ? Parce qu’il évite de stigmatiser une religion en particulier. »
L’auteure, la journaliste Marie-Cécile Royen, une des meilleures spécialistes, selon Libération, trouve le dossier du CPRMV bien mince côté déradicalisation, avec 228 cas en 2016, mais ventru côté réseautage avec 39 missions internationales.
Le CV du directeur, Herman Deparice Okomba, laisse songeur : chargé de cours, directeur de la Fondation des employés du SPVM, conseiller stratégique auprès du SPVM et consultant auprès des Services correctionnels.
Elle note aussi que le Centre entretient des liens avec des organismes proches des Frères musulmans.
Recyclage à droite
Au début, le Centre s’est identifié à la prévention de la radicalisation liée à l’islam radical. Mais la crise des jeunes djihadistes a perdu du ressort depuis la défaite de l’État islamique, et depuis l’attentat de Québec, le CPRMV s’est recyclé dans l’extrême droite. C’est plus facile de taper sur les « de souche ». En ondes avec Sophie Durocher, il a accusé La Meute de vouloir prendre les armes contre les non-catholiques.
Mais les mots du radicalisme comme islamisme, djihad et terrorisme ont été bannis du vocabulaire du CPRMV. Églises, mosquées et temples bouddhistes, c’est la même chose côté risque, affirmait Herman Deparice-Okomba en entrevue avec Dominic Maurais à Québec, fin août.
Mais j’ai pété les plombs quand il a dit et redit que toutes les mosquées du Québec sont sécuritaires et qu’elles ne sont pas des lieux de recrutement.
Soit il mentait, soit il est incompétent, car dans le cadre du procès du jeune couple qui voulait partir en Syrie, La Presse confirmait vendredi ce dont tout le monde se doutait : la mosquée d’Adil Charkaoui, le centre Assahaba, est sur le radar de la Sécurité nationale « dans plusieurs dossiers ».
Comment le directeur du seul centre de prévention de la radicalisation peut-il l’ignorer ?