Le MTQ aurait falsifié les documents accablants

Annie Trudel et Louise Boily livrent un témoignage explosif devant la CAP

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On se pince le nez tout le monde!

Le ministère des Transports a falsifié des documents avant de les transmettre à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et à l’Assemblée nationale, ont soutenu Annie Trudel et Louise Boily devant la Commission de l’administration publique (CAP) mercredi soir.

L’ex-analyste Annie Trudel a soutenu que la clé USB sur laquelle elle avait déposé des centaines de documents, notamment où elle exposait des tentatives d’obstruction, a été « manipulée » par l’état-major du ministère avant d’être transmise à l’UPAC. Des messages électroniques de la plus haute importance ont notamment été supprimés, selon elle. Pourtant, « tout était là ». « Selon mon point de vue, toutes les preuves montrant qu’il y avait de l’obstruction au ministère en ce qui a trait à mon travail étaient dans ces courriels-là », a expliqué Mme Trudel, qui avait été embauchée par l’ex-ministre des Transports Robert Poëti pour investiguer sur le processus d’octroi de contrats du MTQ.

Deux « faux »

Le premier ministre Philippe Couillard a déposé un « faux » rapport à l’Assemblée nationale le 18 mai après-midi, a souligné de son côté l’ex-directrice de l’audit interne et de l’évaluation des programmes au MTQ, Louise Boily, lors de son passage à l’Assemblée nationale.

L’ex-sous-ministre des Transports, Dominique Savoie, a remis un autre « faux » rapport à la CAP le 18 mai en soirée, a-t-elle poursuivi, avant d’énumérer plusieurs différences entre ces deux documents falsifiés et le « rapport final » qu’elle a remis le 27 mai 2015 au comité d’audit interne et d’évaluation de programmes du MTQ. « Les documents qui portent mon nom présentent des caractéristiques de manipulation, ce qui représente pour moi deux faux », a laissé tomber Mme Boily.

Ce n’est pas tout. L’ancienne vérificatrice interne a « récemment » appris qu’« un autre de [ses] rapports avait été tronqué », a-t-elle révélé mercredi soir. À la demande de l’ex-sous-ministre Savoie, huit pages de son ultime bilan des travaux de la direction d’audit interne et d’évaluation des programmes (1er octobre 2014-1er octobre 2015) auraient été retranchées. « Je n’étais pas satisfaite. J’avais dit à [mon successeur Michel] Boulard : “ Moi, je ne mentirai pas au comité d’audit ” », a-t-elle révélé.

Climat de peur au MTQ

Les hauts dirigeants du MTQ se seraient également adonnés à des manoeuvres d’intimidation sous la gouverne de l’ex-sous-ministre Dominique Savoie.

Les hauts dirigeants du MTQ exerçaient un « contrôle [strict] de l’information », ont fait valoir tour à tour Mme Boily et Mme Trudel. « La chose la plus importante, c’est de protéger l’image du ministère [selon eux] », a précisé Mme Trudel, estimant qu’ils « avaient beaucoup trop de pouvoirs ».

Mme Boily, aujourd’hui à la retraite, a dit avoir été victime d’« intimidation » de la part de la sous-ministre adjointe Danièle Cantin, ainsi que de la responsable des enquêtes Nathalie Noël en marge du coup d’envoi des audiences de la commission Charbonneau sur le MTQ au printemps 2014. Elles cherchaient à débusquer la source de différents documents internes sur lesquels la commission Charbonneau avait mis la main. « C’était menaçant. […] Je n’ai pas dormi de la nuit », a-t-elle souligné devant les élus. La gestionnaire d’expérience était « terrorisée » si bien qu’elle a « eu peur pour [elle] et [son] personnel ».

Mme Boily dit s’être « sentie très seule depuis 2011 », soit l’année où Mme Savoie a pris les commandes du MTQ.

D’entrée de jeu, Mme Boily avait prévenu les membres de la CAP que ces propos « déplair[ont] à certaines personnes ». « Ce soir, pour moi, mon personnel d’audit et d’évaluation de programmes ainsi que le personnel du ministère, qui a le ministère des Transports tatoué sur le coeur, c’est la lumière au bout du tunnel », a-t-elle affirmé.

Louise Boily et Annie Trudel ont demandé à la CAP d’être assermentées avant de répondre aux questions des élus. Du coup, elles bénéficiaient toutes deux de l’immunité pour les propos qu’elles ont tenus en commission parlementaire.
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