« Le Monde » présente… Justin Trudeau, le zadiste propre sur lui

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Pee-Wee Trudeau : l'homme du mondialisme

Le journal Le Monde a consacré, le 22 avril, une interview à l’une de ses idoles, le très « progressiste » Premier ministre canadien Justin Trudeau. Il ne fallait donc surtout pas l’égratigner…




Les sujets à aborder avec le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, gentiment qualifié de libéral « décontracté » par le journal du soir, ne manquaient pas. Situation internationale tendue, Etats-Unis trumpienne, guerre en Syrie, économie mondialisée, traités de libre-échange ou terrorisme islamiste… De tout cela il n’a pas été question une seule fois.


Il faut dire que la trombine du beau gosse de l’Ontario prend déjà le tiers des deux longues pages que lui consacre notre quotidien « de référence ». A la place, une interview d’une rare complaisance où Monsieur Trudeau nous parle de sa merveilleuse famille et de son enfance, de ses bulletins de notes prétendument médiocres ou du combat féministe qui lui tient tant à cœur.


Trudeau, Monsieur « plus… plus… plus… »


Cet entretien ne nous apprend rien sur le fond de la politique de l’homme fort du Canada, lequel affiche une superbe entente avec notre – encore plus jeune (40 ans contre 46 pour Trudeau) – président Macron. En revanche, on saura tout sur le « parcours de vie » et la personnalité de celui qui reçoit chez lui ses partenaires du G7. Comme Macron, Trudeau plaide pour un monde « plus progressiste, plus diversifié, plus vert, plus inclusif et plus démocratique ». Un bien beau programme ! Si j’étais complotiste, je dirais que Trudeau se verrait bien aussi en super président du « monde libre », vaste ensemble de « communautés » à cajoler.


Il ne faut pas se tromper : quand Trudeau dit qu’il veut un monde plus « progressiste », cela signifie « plus libéral ». Quand il parle d’un monde plus « diversifié », il parle en creux de la couleur de peau ou de la religion des citoyens. Et quand il souhaite un monde « plus vert, plus inclusif et plus démocratique », c’est bien sûr en excluant au préalable de cet ambitieux projet politique les « climatosceptiques » et/ou les fans de l’effroyable Trump. La journaliste, Annick Cojean, n’estime jamais nécessaire de le contredire. Et se contente de retranscrire tous ces joyeux concepts…


Tout le monde il est beau, tout Le Monde il est Trudeau


Au cours de cet entretien intimiste qui évoque le parcours de Justin Trudeau, il est frappant de voir à quel point il a cherché, toute sa vie durant, à plaire à tout le monde. A commencer par son père, qui a lui aussi été Premier ministre. Si la capacité de séduction fait partie des prérequis d’un homme politique en campagne, il est frappant de voir que Trudeau, même arrivé aux plus hautes fonctions, cherche toujours à se faire bien voir en toute circonstance. Jeune, il raconte qu’il a eu une révélation. Alors qu’il avait déjà compris la leçon, son professeur lui a demandé d’aider les autres à finir leurs exercices dans la classe. Ce jour-là, le jeune Trudeau a compris qu’il deviendrait d’abord enseignant puis politique. Il n’a jamais oublié ce sentiment d’être « soudainement utile ». A la même époque, son père lui disait : « Il faut que tu contribues à améliorer le monde. A toi de choisir comment. » C’est sûr, ce plouc atroce de Trump n’a pas eu ce genre de révélation, trop occupé qu’il était à écraser les autres ! Ce rapport à l’école et au monde adulte ainsi que ce gentil catéchisme de la réussite et du don de soi, ça me rappelle vaguement quelqu’un…


Pour Justin Trudeau, le Canada n’est qu’un vaste conglomérat de « communautés ». Au sein de ce gloubi boulga, un seul objectif « l’anime » depuis l’enfance : « Réconcilier les différences profondes entre les gens ». Justin Trudeau ne parle jamais de nation (c’est dégoutant !) mais de de « foisonnement des différences ». A n’en pas douter, s’il se reconvertissait en rédacteur de guides touristiques, il louerait cette « terre de contrastes » qu’est devenue le cosmopolite Canada ! Pas sûr que tous ses concitoyens se jettent sur un tel bouquin


La forme, c’est le fond


Un bon « politicien » – le mot n’a pas de côté péjoratif de l’autre côté de l’Atlantique – c’est comme un bon professeur, précise Trudeau. Un prof qui s’abreuverait des méthodes pédagogistes… « C’est quelqu’un de curieux qui aime partager sa curiosité. Ce n’est pas quelqu’un qui donne les réponses ». Le portrait craché de Trudeau : très curieux, qui n’apporte pas beaucoup de réponses…


Les profs ont abandonné les cours magistraux (avec les résultats que l’on connait). De la même façon désormais, le bon dirigeant, ce n’est pas celui qui dit à son peuple : « Je m’occupe de vous. » Ce serait du paternalisme. Non, un vrai dirigeant ne doit plus diriger.


Il y a quand même un truc qui a déplu à Trudeau ces derniers temps, c’est le pluralisme. Il trouve « terrible la polarisation qu’on observe ces temps-ci en politique ». Quand tout le monde vote pour le candidat libéral, c’est quand même plus simple ! Ces populistes qui gagnent des sièges partout, ça révulse Trudeau. Mais pas au point d’en tirer quelque enseignement personnel ou d’infléchir sa politique. Pas grave, il reste les mots : « Dans cette ère de rejet et de cynisme, je voudrais redonner confiance dans la politique et montrer qu’un gouvernement peut incarner de belles valeurs ». Trudeau a un certain sens de la formule. Et au Monde en tout cas, on aime bien ça.


La politique politicienne, les échanges avec les citoyens, la gestion des affaires courantes? « Le processus m’intéresse autant que le résultat final ». Une fois de plus, c’est comme si Trudeau cherchait avant tout à plaire. Les résultats de sa politique que les « communautés » du Canada peuvent espérer ne pèsent pas plus que le serrage de paluches.


Le premier des progressistes


Ce qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est d’être en avance sur son temps. Si le féminisme est la lubie du moment des sociétés occidentales, Justin Trudeau, lui, baigne dedans depuis des années ! Il a d’ailleurs décidé de « mettre le genre au centre de toutes les décisions gouvernementales ».


Une belle revanche sur le passé. Dans les années 1990, on l’avait empêché de se déclarer « féministe » car c’était un homme. Quel soulagement quand, dernièrement, il a entendu un homme le dire. « Moi aussi je peux faire ça. » Voire même mieux : il élève ses deux garçons « pour qu’ils le soient également. » Bonjour l’endoctrinement !


Arrivé au bout de l’entretien, j’avais un peu mal à la tête. La page précédente du Monde vantait le nouveau design milanais qui se veut lui aussi « inclusif »… Et les deux pages de débats qui suivaient l’interview proposaient un entretien sur le veganisme avec, ô joie, Aymeric Caron. Saturation.