Le ministre Jacques Daoust démissionne en maintenant son innocence

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Couillard en sait plus qu'il ne le dit

Jacques Daoust quitte son siège de ministre des Transports du Québec, vingt-quatre heures après la révélation de courriels dans lesquels son ex-directeur de cabinet, Pierre Ouellet, avait autorisé d’un simple « OK » la vente des actions d’Investissement Québec (IQ) du quincaillier Rona à la multinationale Lowe’s.

Ce départ laisse toutefois une question sans réponse, qui fait fulminer l’opposition : qui, à Québec, était derrière l’approbation de cette transaction, d’une valeur de 11 millions de dollars ?

Dans une déclaration transmise vendredi après-midi, M. Daoust maintient qu’il n’a rien à se reprocher. « Je tiens dans un premier temps à réitérer qu’en tout moment, j’ai toujours dit la vérité, et mes déclarations dans le dossier de la vente des actions de Rona ont été rigoureusement exactes », écrit-il.

« Je n’avais pas été informé de l’intention des administrateurs de vendre la participation d’Investissement Québec dans Rona, je n’ai pas donné d’autorisation à celle-ci et je n’avais pas à le faire en raison des règles en vigueur chez Investissement Québec. »

M. Daoust quitte ses fonctions de ministre et de député de Verdun, mettant ainsi un terme à sa carrière politique. Plus tôt vendredi, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, avait mis en doute sa confiance envers son ministre en indiquant que « des questions sérieuses » avaient été déposées et qu’elles devaient être éclaircies « très rapidement ».

Le gouvernement consulté


Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP), explique que le conseil d’administration d’Investissement Québec n’est effectivement pas contraint par la loi de demander l’accord du gouvernement pour procéder à de telles transactions.

De plus, « durant tout 2014, Investissement Québec a vendu petit à petit beaucoup d’actions de Rona », met-il en perspective. Par contre, il semble qu’au moment de vendre ce qui restait des actions du quincaillier, IQ ait senti le besoin de consulter le ministre de l’Économie, alors Jacques Daoust. C’est du moins ce qu’a soutenu la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, dans un rapport rendu public en juin. « Les membres du conseil d’administration d’IQ ne considéraient pas avoir toute la latitude pour autoriser la vente sans avoir consulté le gouvernement », écrit-elle.

C’est ce qui pourrait expliquer la série de courriels, révélée par TVA, dans laquelle le vice-président d’Investissement Québec demande au cabinet de M. Daoust si la vente des actions de Rona est acceptée par le gouvernement.

« Pourrais-tu nous confirmer par retour de courriel que le MEIE [ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations] est en accord avec cette vente », contient le message daté de novembre 2014 et destiné à l’ex-directeur du cabinet du ministre Daoust, Pierre Ouellet.

Jacques Daoust a toujours démenti cette version des faits et maintient sa position même après son départ. L’opposition, elle, croit que même le premier ministre était au courant.

Couillard doit s’expliquer, selon l’opposition


« M. Daoust avait fait beaucoup d’erreurs. Il a été toléré longtemps », tranche le porte-parole de l’opposition en matière d’économie, d’énergie et de ressources naturelles, Alain Therrien.

Le Parti québécois accuse carrément le premier ministre d’avoir été au courant de la transaction controversée. « La commande d’acquérir des actions de Rona venait, au départ, de la première ministre [Pauline Marois]. La commande de s’en départir devait, aussi, provenir d’en haut », analyse-t-il, ajoutant que son parti se serait ingéré dans la décision d’Investissement Québec pour un « investissement stratégique », tel Rona.

Le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Bonnardel, croit aussi que Philippe Couillard était au courant de la vente des actions de la compagnie québécoise. « Il y a à peine deux ans, Raymond Bachand avait utilisé la Caisse de dépôt pour empêcher le départ de Rona. En deux ans, qu’est-ce qui a changé ? » demande-t-il. La CAQ aurait, elle, « tout fait pour sauver le siège social québécois », soutient-il.

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