Le Manifeste des frileux

Retard économique du Québec


On ne sait pas si on doit en rire ou en pleurer, alors on va choisir d'en rire un peu, ça sera moins triste.
La Fédération des Chambres de commerce du Québec veut qu'on crée une Agence d'analyse économique pour que la voix des gens d'affaires puisse être entendue quand vient le temps d'étudier des grands projets.
Après tout, dit la FCCQ, il y a déjà des études environnementales, par le Bureau d'audiences publiques en environnement et des études à propos des enjeux de santé publique par la Direction de la santé publique. Alors, pourquoi pas une analyse économique?
Passons sur la divine ironie de voir des Chambres de commerce exiger la création d'un nouvel organisme gouvernemental avec encore plus de fonctionnaires. Disons qu'on était plutôt habitués à l'inverse.
Et pourquoi l'État devrait-il créer un organisme de lobby au profit des gens d'affaires? Uniquement parce qu'ils se sont révélés remarquablement incapables de passer le message eux-mêmes!
Dans l'abandon des grands projets comme la centrale au gaz du Suroît ou le déménagement du Casino au Bassin Peel, il y a une donnée incontournable qu'ils faut rappeler aux promoteurs : ils n'ont pas été capables de défendre leur projet.
C'est normal qu'il y ait eu des résistances et du scepticisme envers de tels projets parce qu'à leur face même il y avait des questions auxquelles les promoteurs n'ont pas réussi à répondre.
Pourquoi, au pays de l'hydro-électricité, fallait-il construire une centrale au gaz? Pourquoi brûler des combustibles fossiles pour faire de l'électricité alors que, depuis des décennies, on nous chante sur tous les tons les vertus - et les avantages compétitifs - de l'énergie propre et verte d'Hydro-Québec?
Pourquoi fallait-il accompagner le déménagement du Casino d'un Centre de foires et d'une salle de spectacles - entièrement payés par des fonds publics - mais dont la rentabilité n'a jamais été démontrée?
Si l'intérêt public de ces deux projets était si manifeste, nul doute que les promoteurs auraient pu le faire triompher en allant les défendre sur la place publique. Mais, dans les faits, ils se sont retirés dès que les premières objections ont été formulées.
Ou, disons ça autrement, si le milieu des affaires croit à un projet de développement, comment se fait-il qu'il craigne à ce point un petit groupe communautaire ou environnemental, quand ce n'est pas un artiste qui devient le porte-parole de ces groupes?
Le principal immobilisme qui existe au Québec, ce n'est pas celui du développement économique, mais celui des gens d'affaires qui «gèlent» à la première objection à l'un de leurs projets.
C'est pourquoi le mémoire de la FCCQ ressemble beaucoup à un «manifeste des frileux». Des gens d'affaires qui ne sont pas capables de se battre pour leurs projets et qui exigent l'aide de l'État pour venir le faire à leur place.
Si ce n'était pas si drôle, on en pleurerait.


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