Le legs autonomiste de l'ADQ

ADQ - les dérives



Gilles Taillon. Archives La Tribune, Frédéric Côté
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J'ai lu avec intérêt l'éditorial de Jean-Guy Dubuc à propos de la débâcle de l'ADQ et je souhaite offrir ma vision de l'intérieur du parti. Bien que j'appuie toujours Gilles Taillon, que je considère être le plus près de la pensée première de Jean Allaire et le plus apte à assurer une transition en douceur avant l'arrivée d'un nouveau chef d'envergure, je sais bien que sans un nettoyage en profondeur qui enverrait voir ailleurs les tenants de l'extrême droite qui peuplent une partie de la base militante et qui minent le travail des vrais progressistes que nous sommes, l'ADQ ne s'en sortira pas.
Ceux qui, comme moi, souhaitent que les concepts de l'autonomisme passent les frontières du Québec et s'implantent dans les autres provinces canadiennes savent bien que ce ménage doit se faire. Car l'objectif ultime de l'autonomisme est beaucoup plus politique et constitutionnel que porte-étendard d'une tendance de gauche ou de droite. L'autonomisme vise d'abord à ce que nous puissions enfin réaliser la réconciliation nationale et la réintégration du Québec dans la fédération canadienne dans la dignité et le respect mutuel. Ceux qui ont permis de mélanger cet objectif avec les tendances de l'extrême droite ou ceux qui ont voulu que le spectre de la menace de la séparation à la sauce réchauffée péquiste se ressentent dans le discours de l'ADQ, ont simplement brisé le fil conducteur et nuit à l'objectif ultime.

L'autonomisme n'a rien à voir avec l'extrême droite ni avec l'extrême gauche. Malheureusement, c'est Mario Dumont lui-même qui n'a pas su faire fi de l'infiltration graduelle de certains extrémistes au fil des ans. Le melting pot qu'est devenu le parti a complètement évacué la profondeur du concept autonomiste et le parti a mal présenté aux Québécois la tendance originale progressiste de centre-droit qu'était l'ADQ à ses débuts. À tirer de tous les angles en même temps, à travailler en vase clos, le chef s'est perdu et le parti est devenu inefficace. Il est devenu le refuge des «déçus» de toutes les tendances.
Mais c'était lui le chef et il devait aussi s'assurer de maintenir le discours de l'autonomisme inclusif et respectueux de centre-droit et s'assurer de tenir un discours cohérent, professionnel et progressiste. Je crois cependant qu'il était près d'arriver à créer ce bel équilibre, mais malheureusement et on le comprend, c'en était trop le 8 décembre dernier.
Si jamais les membres de l'ADQ n'élisaient pas Gilles Taillon en octobre, non seulement il est bien clair que ce serait la fin du beau rêve mais surtout, nous assisterions à un vaudeville à la sauce extrême droite encore plus rocambolesque. Finalement, plusieurs d'entre nous n'aurions d'autres choix que d'aller prêcher les vertus de la réconciliation nationale avec le Canada et de la décentralisation des pouvoirs fédéraux vers les provinces à l'intérieur d'un autre parti provincial ou fédéral.
Pierre Harvey
Sherbrooke


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