Le Jour de la Terre a pris une tournure politique

De Kyoto à Bali


Patrice Bergeron - Le Jour de la Terre a pris une tournure particulièrement politique cette année à Montréal.

Des milliers de personnes ont pris part dimanche à la marche «Kyoto pour l'espoir», qui a rassemblé des personnalités politiques de toutes allégeances, unies contre la politique environnementale du gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, le candidat néo-démocrate et ancien ministre libéral de l'Environnement Thomas Mulcair, ainsi que le député libéral fédéral Pablo Rodriguez ont tous condamné le rapport du ministre fédéral de l'Environnement, John Baird, déposé la semaine dernière.
Ce rapport prédit une catastrophe économique si le pays réduit ses émissions de gaz à effet de serre selon les exigences du protocole de Kyoto.
Sous un chaud soleil, les marcheurs se sont rassemblés en après-midi au parc Lafontaine, avec leurs bannières et affiches, aux sons des tambours. Comme des millions d'autres dans le monde, ils ont ensuite formé un long cortège qui a déambulé dans les rues avoisinantes.

Selon Gilles Duceppe, le contexte politique rendait ce Jour de la Terre plus important, en raison du rapport de John Baird, qui ne mènera à rien. En anglais, il a soutenu que le principe du pollueur-payeur devenait du coup le pollueur-payé, en ajoutant que le gouvernement agissait pour les pétrolières et l'Ouest du pays, au détriment du Québec.
«(...) Certains polluent plus que d'autres, a-t-il argué. Quand on dit que c'est la responsabilité de tout le monde (et que) tout le monde doit faire les mêmes efforts, je ne suis pas d'accord avec ça. Il y en a qui se sont enrichis grâce à la pollution, c'est à eux de payer.»
Il a rappelé que le Bloc demandait une application territoriale du protocole de Kyoto, qui favoriserait le Québec et désavantagerait des provinces plus pollueuses comme l'Alberta.
Selon lui, une marche comme celle de dimanche envoie un «puissant message».
Pour sa part, Thomas Mulcair s'est dit assuré que le message environnementaliste passe déjà dans la population, mais «encore faut-il rigoureusement appliquer la loi».
Il a rappelé que le Canada est signataire du protocole de Kyoto et qu'il a l'obligation de le respecter, plutôt que de s'y substituer, comme tente de le faire le gouvernement de Stephen Harper.


«La vraie catastrophe va venir si on ne respecte pas Kyoto», a opposé M. Mulcair au rapport Baird, qui n'est pas sérieux, à ses yeux.
Les conservateurs tentent de profiter de «l'incurie et l'incompétence» du gouvernement libéral de Jean Chrétien, qui a signé le protocole, mais n'a même pas non plus respecté son engagement, a-t-il ajouté. M. Mulcair a perdu son poste de ministre du gouvernement Charest dans la controverse sur la privatisation partielle du mont Orford. Il a annoncé la semaine dernière son intention de porter la bannière du NPD aux prochaines élections fédérales.
Le député fédéral d'Honoré-Mercier, Pablo Rodriguez, a pour sa part soutenu que le gouvernement Harper mène «une politique de peur» à l'encontre du protocole de Kyoto et que la population lui signifiait ainsi son désaccord.
La nouvelle ministre québécoise de l'Environnement, Line Beauchamp, la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, le chef du Parti vert du Québec, Scott McKay, la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Claudette Carbonneau, ainsi que d'autres leaders ont aussi participé à la marche.
Ailleurs au pays, de plus petites foules se sont rassemblées pour exiger à leur tour que les conservateurs respectent les objectifs de Kyoto. À Ottawa, le gouvernement conservateur brillait par son absence à la manifestation locale du Jour de la Terre.

Le ministre de l'Environnement John Baird a plutôt choisi de livrer son message autrement, en plantant des arbres dans une cour d'école en compagnie du président de la Fondation canadienne de l'arbre, Michael Rosen, d'étudiants, de parents et d'enseignants.
L'auteur du rapport controversé sur le protocole de Kyoto a justifié la décision des conservateurs d'abandonner les cibles de réduction d'émissions du protocole, lors d'une entrevue à l'émission Question Period, sur les ondes de CTV. Il ne s'agit pas de choisir entre adhérer strictement à Kyoto et ne rien faire, a-t-il assuré, ajoutant que son gouvernement allait proposer «une approche rigoureuse, équilibrée».
Le leader libéral Stéphane Dion est lui aussi passé sur les ondes de CTV, où il a plaidé en faveur d'une proposition libérale visant à imposer aux industries un droit sur le carbone de 20 $ la tonne, dont le produit irait à un fonds de l'environnement, et qui serait remboursé si les compagnies réduisaient leur niveau d'émissions de GES.
Après avoir pris une douche à l'eau chauffée par l'énergie solaire, dimanche matin, le leader du NPD, Jack Layton, a rejoint à bicyclette le rassemblement torontois en compagnie de son épouse, la députée néo-démocrate Olivia Chow.


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