Le gouvernement Charest - Une passivité dommageable

JJC - chronique d'une chute annoncée


L'insatisfaction à l'endroit du gouvernement Charest est telle que si des élections avaient lieu aujourd'hui, le Parti libéral retournerait à l'opposition, nous dit un sondage Léger Marketing-Le Devoir. Le Parti québécois l'emporterait, mais ce serait par défaut puisqu'il n'enregistre aucun progrès. Un sondage qui donne matière à réflexion à l'un comme à l'autre parti.
Le contraste est patent. Les premières années des libéraux au pouvoir furent marquées par de forts taux d'insatisfaction. Son attitude de matamore avait soulevé l'ire de tous les groupes de pression, à tel point qu'à l'élection de 2007, il n'obtint que 33 % des suffrages pour se retrouver minoritaire. Jean Charest comprit et fit la paix avec ses opposants, ce qui lui valut d'être réélu avec 42 % des suffrages. Or, 16 mois plus tard, il revient à la case départ avec un taux d'insatisfaction de 70 % et des intentions de vote de seulement 32 %.
Si cela va mal pour ce gouvernement, ce n'est surtout pas parce qu'il est en mode d'affrontement avec qui que ce soit, c'est plutôt le contraire. C'est sa passivité qui pose problème. Les débats traînent et perdurent, qu'il s'agisse de la laïcité, de l'éthique des élus, de la langue, des problèmes dans le monde de la construction, des hôpitaux universitaires ou encore de la gestion des urgences dans le système hospitalier. La perception négative est telle que même ce qu'il fait bien, comme la promotion économique du Québec à l'étranger, est reçu négativement.
Ce gouvernement aura bientôt sept ans. Sa fatigue devient de plus en plus évidente. L'état général du système de santé et la situation particulière des urgences le démontrent bien. En 2003, il avait promis de reconstruire ce que les gouvernements péquistes avaient détruit par la mise à la retraite de cohortes de médecins et d'infirmières. De l'entendre encore rejeter la responsabilité sur le Parti québécois et réclamer cinq autres années pour redresser la situation n'est pas crédible. Au bout de sept ans aux commandes, on se serait attendu à de réels progrès, à défaut d'avoir rempli son engagement.
L'actuel ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, manque d'autorité, comme plusieurs autres ministres. La récente volte-face du ministre de la Famille, Tony Tomassi, sur la religion à la garderie illustre éloquemment l'indécision qui est devenue la marque de commerce de ce gouvernement. Une indécision que seul Jean Charest peut corriger en exerçant davantage son autorité de premier ministre. Dans le passé, on a reproché à un Lucien Bouchard d'avoir été un chef de gouvernement trop présent. Personne ne doutait toutefois du fait qu'il y avait un capitaine à bord de son bateau et que le gouvernement gouvernait. Le prochain budget permettra de juger de la capacité des libéraux de prendre des décisions difficiles.
Le travail d'opposition du Parti québécois a mis en lumière les faiblesses du gouvernement libéral, mais, curieusement, il n'en récolte pas les fruits. La confiance à l'endroit de son chef, Pauline Marois, demeure stable tandis que le parti lui-même perd quelques points sur le plan des intentions de vote. Son agressivité à l'Assemblée nationale explique qu'il soit perçu davantage comme parti d'opposition que comme parti de gouvernement. Sa crédibilité reste à établir sur ce plan. Il faudra voir le mois prochain si le recentrage entrepris ce dernier week-end par Mme Marois pour ce qui est de ses politiques économiques accroîtra l'intérêt à son égard.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->