« Dune, deuxième partie » n'est pas un chef-d'œuvre

Le génie de Gentilly et son chef-d’œuvre

Et Denis Villeneuve n'est pas un génie

F5135d49badcb56226fcae43a2bbfc9b

Tribune libre

     Pour le critique du Devoir François Lévesque, le dernier film de Denis Villeneuve, Dune, deuxième partie (Dune: Part Two), serait un chef-d’œuvre [1]. Je l’ai vu dans sa VOSTF vendredi. D’abord, le verdict me semble précipité, ensuite, je suis en désaccord.


     Mediafilm, qui est un fournisseur de contenu cinématographique, attend vingt ans avant d’attribuer la cote royale (1) à un film, « parce que l’épreuve du temps est un critère essentiel pour juger de la place d’un film dans l’histoire du cinéma (le consensus des spécialistes en attestant) » [2]. Cette pratique me semble sage.


     Combien de films ont obtenu les grands honneurs dans les rendez-vous cinématographiques et sont aujourd’hui oubliés ? Alors que d’autres restent dans l’ombre pendant des années pour finalement en sortir (comme Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles, réalisé en 1975 et considéré en 2022 comme le meilleur film de tous les temps dans le classement décennal de Sight and Sound, établi par la revue du British Film Institute [3]). M. Lévesque a-t-il pris le temps de lire les critiques de ses collègues avant d’écrire son papier dithyrambique (le film vient à peine de sortir sur grand écran [4]) ? Permettez-moi d’en douter.


     Dans un autre de ses articles récents, M. Lévesque écrit : « Denis Villeneuve compte désormais parmi ces cinéastes que l’on peut qualifier de génies sans pécher par excès d’hyperbole. Au vu de ses plus récents films, du dernier en particulier […], c’est factuel, tout simplement. » [5] Permettez-moi de rire un bon coup. Les génies du cinéma sont rarissimes et, à l’évidence, Villeneuve n’en est pas un. M. Lévesque ne doit pas se laisser éblouir par les feux de la rampe d’Hollywood, où se distingue actuellement Villeneuve, car beaucoup de tâcherons y ont bossé et y bossent encore.


     Pour écrire le scénario de son dernier-né, Villeneuve s’est acoquiné avec Jon Spaihts [6], qui n’a écrit que des scénarios ordinaires, dont le très con Prometheus, réalisé par Ridley Scott [7]. Or, les cinéastes de génie savent habituellement bien s’entourer. Les chefs-d’œuvre cinématographiques, j’ai la plupart du temps le goût de les revoir deux ou trois fois, mais j’ai peiné à rester jusqu’à la fin de Dune, deuxième partie. Le seul film vraiment original et puissant de Villeneuve, qu’on verra encore dans 50 ans, est Incendies. Mais ce qui en fait la force, c’est surtout le scénario, tiré d’une pièce de théâtre de Wajdi Mouawad [8].


     François Lévesque aurait intérêt à modérer ses ardeurs. Rarissimes sont les critiques sérieux qui crient au chef-d’œuvre après avoir vu un film fraîchement sorti. Je ne me souviens que d’un seul, l’excellent Luc Perreault, qui a écrit au début des années 1980, avec d’infinies précautions, qu’un film de François Truffaut en était un (je ne me souviens plus lequel, Le Dernier Métro ou La Femme d’à côté [9]).


Sylvio Le Blanc















Squared

Sylvio Le Blanc234 articles

  • 105 540







Author extra bg

Deraspe a dérapé


Author extra bg

Privilégier les mots accentués


Author extra bg
Author extra bg

Musk a perdu son musc



Laissez un commentaire



1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    6 mars 2024

    Bonjour M. Leblanc,


    Je suis passablement d’accord avec vous.


    J’ai vu «DUNE 1» par la force des choses : je suis membre d’un club cinéma, ici à Trois-Rivières, et l’an dernier, j’ai dû subir ce visionnement excessivement long. Une épreuve et non un délice : aucun plaisir. Un ami a dit qu’il avait trouvé ça génial, très bon, mais je n’ai pu en débattre avec lui afin de comprendre son émerveillement; il est décédé avant ce moment de discussion.


    Je n’irai certes pas voir «DUNEII», je ne suis pas masochiste ni chauvin. Et il est vrai que j’ai aimé «INCENDIES»; mais je ne deviens pas un inconditionnel pour autant. Dans le passé, je me suis fait avoir par «Le Parrain III»; il faut apprendre de ses erreurs.


    Vous avez fait une juste analyse. Et je vous en remercie sincèrement, car vous avez osé faire ce que la majorité des gens ne font pas : dire NON quand c’est NON.


    François Champoux,