Parlez-vous couramment franglais?

Le franglais des Montréalais annonciateur d'un nouveau chiac acadien?

Si c'est tendance, c'est "in". Sinon, vous êtes "out"

Tribune libre


Avez-vous vu la bande-annonce du nouveau film québécois French Kiss (2 mots anglais sur 2 en passant). J'ai été horrifié de constater que pratiquement chaque réplique contenait un mot anglais.
On remarque la même chose lorsque Marc Labrèche parle à son émission et fait sa rubrique "news" (craint-il que les gens ne comprennent pas s'il parle de "nouvelles"?).

L'an passé, j'ai eu à côtoyer une femme de Montréal pendant quelques jours et j'étais frappé de la même tendance à truffer ses phrases de mots et d'expressions anglaises toutes faites.

On a l'impression qu'ils trouvent cela "tendance". On démontre ainsi qu'on est parfaitement à l'aise dans les deux langues (on se sent supérieur et évolué), qu'on est capable de pousser les mêmes exclamations que dans les sitcoms américaines. Ça fait chic et branché d'épicer la conversation de toutes ces expressions qu'on veut comiques ou tout simplement plus pratique.

Ce phénomène semble se vérifier tout particulièrement chez nos amis Montréalais immergés dans un environnement anglicisé et beaucoup moins dans le reste du Québec. Cette fâcheuse tendance démontre bien le risque assimilateur associé à une large population anglophone environnante qui donne le ton. Et on voudrait accentuer ce processus d'assimilation par l'immersion de nos jeunes; quel aveuglement!

À l'émission Voir cette semaine, il y avait un reportage sur les artistes d'ailleurs qui viennent s'établir à Montréal pour profiter de la scène musicale bouillonnante. Aucun n'a dit un traître mot de français, même lorsqu'ils étaient ici depuis un certain temps. Ça fait réfléchir sur leur volonté douteuse d'intégration et de respect de la société québécoise.

Pour visionner le reportage en question:
Mercredi 9 mars 2011 7:45
Choisir Montréal pour créer
Les membres du groupe Arcade Fire ont fait l’apologie de Montréal dans leur discours aux Grammys. Tout comme eux, dont certains membres sont d’origine américaine, plusieurs groupes venus d’ailleurs ont choisi Montréal comme berceau pour créer leur musique. Rencontre avec ces groupes de la scène indie anglophone qui ont Montréal tatouée sur le cœur. ...

http://voir.telequebec.tv/

Les Montréalais s'acheminent-ils à leur insu vers une espèce de chiac acadien dont voici quelques exemples:

« Ej vas tanker mon truck de soir pis ej va le driver. Ça va êt'e right dla fun. »
(Je vais faire le plein de mon camion ce soir et je vais faire une promenade. Ça va être vraiment plaisant.)
« Espère-moi su'l'corner, j'traverse le chmin et j'viens right back. » (Attends moi au coin, je traverse la rue, je reviens bientôt.)
« Zeux ils pensont qu'y ownont le car. » (Eux, ils pensent que l'auto leur appartient.)
« On va amarrer ça d'même pour faire sûr que ça tchenne. » (On va l'amarrer comme ça pour s'assurer qu'il tienne.)
« Ca t'tente tu d'aller watcher une vue? » (Est-ce que ça te tente d'aller voir un film?)
« Ej ché pas...so quesque tu va faire dessoir? » (Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu fais ce soir?)
Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Chiac


Deux oeuvres ont marqué, sinon bouleversé mon adolescence: il s'agit de "En pièces détachées" de Michel Tremblay présentée au Beaux Dimanches (avec le personnage fou de Marcel dans son milieu familial dysfonctionnel) et le documentaire de Michel Brault "L'éloge du chiac" de 1969, les deux oeuvres si désespérantes et déprimantes à voir. Dans le film, cela faisait peine à voir ces pauvres jeunes inconscients que leur langue chiac abâtardie n'avaient plus rien à voir avec le français courant et qui s'enfonçaient pieds et poings liés dans l'assimilation la plus sournoise.

Réjean Labrie, de Québec capitale nationale.

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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5 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    16 mars 2011

    Dans le métro, on côtoie la population:
    Entendu hier soir, d'une jeune fille (12-13) hypervolubile, affalée entre banc et poteau, surprise de voir entrer un ti-cul à palette:
    Ah ben, tabar...! Que-ce tu fais icitte?
    Ben, vous'aut? L'école, a m'a câlissé d'wor... passé 12hres en d'dans, les policiers m'avaient amené avec les menottes!...
    Et les deux "natives" bruyants rivalisent de marquage du territoire devant 2 autres jeunes plus posés, dont une de culture "latino" du même âge, faisant son possible pour glisser dans ces échanges à tue tête quelque parole qui puisse servir à "l'inclure" dans son "peuple d'accueil".
    Consolation: pas un mot d'anglais, ni même de franglais dans la bouche de cette jeunesse dorée.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    15 mars 2011

    Je suis citoyen de la Vieille Capitale, et bien que j'avoue que mes concitoyens m'ont plusieurs fois déçu, avec leur triste tendance à voter PC plutôt que Bloc, et ADQ plutôt que PQ, il reste que le français que nous parlons ici, tout en ayant un caractère joual, est bel et bien du français! Pas autre chose.
    Depuis des lustres, nos amis Montréalais aiment bien avoir l'air à la mode, ou «in», en mélangeant leur propre joual et des expressions américaines à la nouvelle mode. Il y a aussi le cas de ces Montréalais, en effet, qui après avoir prononcé un mot un peu rare ou inusité en français, vont immédiatement le traduire en leur anglais (souvent rudimentaire), supposément pour mieux se faire comprendre...
    Il ne faudrait pas que les gens de la métropole tentent de nous dire que le phénomène concerne tout le Québec. Non, nous ne savons que trop bien, que le monde des médias et des arts et spectacles (ou «showbusiness», diraient les Luc Plamondon, Véro Cloutier et cie), au Québec, est exagérément concentré à Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2011

    Il y a une pression d'usage de l'anglais partout à la télévision sur toutes les chaines de langue française. Je pense que c'est intentionnel. Moi je dis que nous sommes sous occupation médiatique... On n'a pas de média qui défende résolument nos intérêts Ou bien ce sont nos chaînes qui subissent une pression de je ne sais quel ordre... Pour moi parler en anglais au Québec désormais c'est non et pour reprendre l'expression de Miron je travaille à me sortir l'anglais de la yueule...
    Ce soir commence l'émission lol :-) Je ne saurais dire à quel point je trouve vexant ce CHOIX à TVA sur mdr qui veut dire MOrt de Rire et qui est fort répandu sur internet au lieu du LOL qui veut dire laugh out loud

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2011

    Les Ex, ça devient du placotage inutile, depuis que Durivage affiche son jupon radiocadenien. Et Charbonneau vieillit: il prend trop de temps à forumuler sa pensée (en a-t-il encore une?), les deux autres ont le temps de lui parler dessus.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2011

    Et l'exemple vient de haut ou de l'ouest du Québec, i.e. la SRC.
    Liza Frulla aux Ex, et assez souvent Marie Grégoire, truffent leurs phrases d'expressions anglaises, afin que nous comprenions bien ce qu'elles veulent exprimer...!!! (sourire méchant) Comme si leur charabia libéral et fédéraliste se comprenait mieux en « english » ou en « globish ».
    J'espère que Durivage et Charbonneau ne s'y mettront pas eux aussi.