Le Fonds FTQ dénonce la peur de l'échec des leaders

17. Actualité archives 2007


par Desrosiers, Éric
Pour sortir de l'immobilisme, les Québécois, mais surtout leurs leaders, doivent se libérer de la peur de l'échec, estime le p.-d.g. du Fonds de solidarité FTQ, Yvon Bolduc.
S'il nie que le Québec soit immobile en ce qui a trait aux entreprises, le nouveau patron du Fonds a admis hier qu'il en va autrement, ces temps-ci, pour les grands projets. «C'est vrai, il faut bien le constater, qu'il n'y a pas grand-chose qui se fait», a-t-il déclaré en point de presse après avoir présenté un discours à un déjeuner-rencontre organisé par l'Association des MBA du Québec dans un hôtel de Montréal.
Cet immobilisme, dénoncé par des représentants du milieu des affaires, notamment depuis l'échec du projet de déménager le Casino de Montréal au bassin Peel, n'est pas attribuable, selon lui, comme on l'a dit, à l'influence excessive de certains groupes d'intérêts. «C'est peut-être plus difficile de ficeler un projet de nos jours qu'il y a vingt ans parce qu'il y a tellement de groupes de pression de toutes sortes, a-t-il dit. Mais ça fait partie de notre travail de leaders de les ficeler comme il faut, ces projets-là.»
«Présentement, le Québec a peur de l'échec, a peur de l'erreur», a-t-il déploré dans son discours. En point de presse, il a dit comprendre que les décideurs soient sortis échaudés d'expériences comme le prolongement du métro vers Laval, dont les coûts ont explosé, «mais ce n'est pas parce qu'un avion s'écrase quelque part que les voyages en avion sont dangereux». «Faut-il tout arrêter à cause de cela, ou continuer d'avancer en cherchant des façons de ne pas répéter nos erreurs?»
Il a invité les grands décideurs à cesser de «ressasser de vieux souvenirs» et à s'inspirer «du dynamisme et de la créativité des entrepreneurs québécois», qui ont permis au Fonds de solidarité de connaître une année record en 2005-06, avec des investissements de 643 millions dans presque 200 entreprises.
Déboulonner les mythes
L'événement d'hier constituait, pour Yvon Bolduc, la première étape d'une tournée qui devrait l'amener dans une dizaine de régions du Québec d'ici le mois de juin. L'un des objectifs poursuivis, a expliqué le p.-d.g., sera notamment de déboulonner trois mythes tenaces à propos du Fonds, c'est-à-dire le fait qu'il soit trop gros, qu'il soit dans les pattes du privé et qu'il coûte cher aux gouvernements.
Loin de constituer un problème, a déclaré hier Yvon Bolduc, l'actif de presque sept milliards du Fonds de solidarité lui permet d'investir rapidement d'importantes sommes à une époque où de plus en plus d'entreprises québécoises seront à vendre, à cause du départ à la retraite de leurs fondateurs, et risqueront donc de passer à des mains étrangères. Il permet également «d'offrir du capital patient» qui ne soit pas soumis «à la tyrannie du trimestre», notamment dans des secteurs stratégiques comme les biotechnologies.
Le Fonds de solidarité n'est pas non plus perçu comme un empêcheur de tourner en rond par le secteur privé, a affirmé Yvon Bolduc. Il a su, au contraire, se rendre indispensable grâce à sa connaissance des PME et de l'économie du Québec, à une approche d'affaires qui est complémentaire à celle des investisseurs privés ainsi qu'à ses récents efforts pour améliorer la compétitivité des entreprises québécoises.
Ottawa n'a pas caché, ces derniers temps, qu'il s'interrogeait sur l'intérêt de maintenir les avantages fiscaux qu'il accorde aux fonds fiscalisés comme celui de la FTQ. En ce qui concerne les coûts en déductions fiscales que représente le Fonds de solidarité pour les gouvernements, Yvon Bolduc a assuré hier qu'ils sont largement remboursés par la croissance économique, la création d'emplois et l'augmentation des revenus fiscaux que le Fonds génère. Il en veut notamment pour preuve cette récente étude de la firme de consultant Secor qui a conclu que le gouvernement fédéral mettait moins de trois ans pour récupérer sa mise en la matière et que ce délai n'était que de deux ans pour Québec.
«Un pay back en dedans de trois ans, c'est un bon deal, ça!», a fait observer Yvon Bolduc.


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