La chute de l’Empire américain n’est pas pour demain

Le Far West

Les cow-boys contrôlent toujours l'économie

Chronique de Louis Lapointe

Une image ne cesse de me revenir, celle d’un duel qui se déroule sous mes yeux dans un boom-town du Far West américain où deux cow-boys s’affrontent avec leurs colts attachés à leur ceinture. Un bon et un méchant entourés de nombreux tricheurs prêts à tout pour gagner! La chute de l’Empire américain n’est pas pour demain comme l’annoncent triomphalement plusieurs prophètes. Nous ne sommes qu’au début des hostilités, alors que les tricheurs contrôlent toujours l'économie.
Déjà, au milieu des années 90, j’annonçais à tous mes amis que le capitalisme sauvage continuerait de sévir tant que nos régimes de retraite n’auraient pas été saccagés et nos comptes d’épargne vidés, tant que les gouvernements ne seraient pas intervenus pour nous obliger à retourner et à demeurer jusqu’à notre dernier souffle sur le marché du travail. Il n’y a donc pas de hasard à ce que cette crise survienne au moment même où il y a une pénurie de main d’œuvre en occident, alors que nous affrontons le péril asiatique, là où la main d’œuvre bon marché est tout sauf un problème. Le Québec n’est pas le seul état à manquer cruellement de main d’œuvre. Ce phénomène est occidental, tout comme cette crise que nous vivons.
Mais ce qu’il y a de plus choquant dans cette crise provoquée de toutes pièces par les maîtres du monde financier, c’est que nous allons devoir demeurer sur le marché du travail aux conditions qu’ils voudront bien nous donner. Après nous avoir volés, ils vont nous exploiter comme ils ne l’ont jamais fait auparavant. Nous serons alors contraints d’accepter la situation comme une fatalité, car nous serons alors en crise et la crise justifie tout, surtout les mesures d’urgence ! La réglementation que nous réclamons tous ne sera probablement pas à notre avantage, mais bien au service du marché. Là, ce sont les images du film « 1900 »qui me reviennent à l’esprit, celles de « Blade Runner » aussi.
Je ne suis donc pas vraiment sûr que les bons vont gagner le duel. Je parierais même sur les méchants. Les méchants qui vont peut-être cesser de se battre dans la rue parce que ce ne sera plus à la mode, sans toutefois que cela ne les empêche nous voler, encore une fois avec la collaboration de nos élus. C’est notre main d’œuvre qui va servir à relever le pays de la faillite. Ce sont nos épargnes qui vont servir à éponger les pertes, celles gagnées à la sueur de notre front. Pendant ce temps, les plus riches vont continuer à s’enrichir, car selon la logique économique capitaliste, sans riches pour créer la richesse il ne peut y avoir de richesse. Là, je pense aussitôt à notre ami Alain Dubuc qui défend cette thèse depuis des années. Tout ce qui compte c’est faire de l’argent, pas être libre !
Méfions-nous donc de ces prophètes qui annoncent la fin des temps capitalistes, la présente crise ressemble plutôt à un retour en arrière, un peu comme à l’époque où les seigneurs féodaux avaient tous les pouvoirs !
Louis Lapointe

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 octobre 2008

    Après avoir vu récemment une partie de mes économies fondre comme beurre dans la poèle, il ne m'est pas bien difficile de convenir que vous avez bien raison.
    Ça me rappelle l'époque pas très lointaine ou à l'instar de mes compatriotes, je voyais les taux hypothécaires de ma maison atteindre des sommets d'insolence.
    Maintenant que cela est terminé, les prédateurs ont trouvé un autre moyen de nous détrousser. Les fonds commun de placement apportent aux spéculateurs le «sang frais» de nos économies qu'ils transforment sans vergogne en monnaie de singe. À notre détriment.
    Je pense comme vous, à la suite de Brassens, que je ne crois pas à toutes ces histoires : http://www.paroles.net/chanson/21661.1
    Devant les appels au calme des Sarkosi et autres magouilleurs réformateurs de l'économie, sceptique je suis. De plus en plus. Et j'envie les pauvres d'esprit pouvant y croire...

  • Archives de Vigile Répondre

    26 octobre 2008

    ... et grâce à l'Empire américain le monde n'est pas tombé dans une anarchie totale conduisant à une ère apocalyptique.
    JLP

  • Archives de Vigile Répondre

    25 octobre 2008

    Un texte à lire et méditer de J P Chevènement qui nous fait une lecture géopolitique de la crise financière, qui réhabilite l'état nation:
    "Au moins la crise, telle qu'elle se développe, comporte-t-elle des leçons évidentes et elle ouvre un espace nouveau à une gauche digne de ce nom. C'est le retour à la fois de la puissance publique et du fait national. Seuls, en effet, les Etats nationaux ont la légitimité pour agir par gros temps. La Commission européenne comme la Banque centrale ont été condamnées à suivre ou à se renier. Les règles européennes (concurrence libre et non faussée, prohibition des aides d'Etat) ont été mises en congé au nom de « circonstances exceptionnelles ». Les critères de Maastricht (dette et déficits) ont été explosés. Ce sont les Etats-Unis qui ont donné les premiers l'exemple avec le plan Paulson, puis l'Europe a suivi par un enchaînement de décisions nationales progressivement coordonnées : G4 le 4 octobre, puis les jours suivants Eurogroupe à 15, auquel s'est jointe la Grande-Bretagne, puis enfin Union européenne à 27. C'est donc une Europe de cercles concentriques qui s'est mise en mouvement avec des réponses différentes d'un pays à l'autre"
    http://marianne2.fr/La-gauche-doit-se-reapproprier-la-France_a92513.html?PHPSESSID=a7654d69c625ec6880a628af16a87dfe
    M Chevènement recommande à la gauche de se recentrer sur l'état nation; un conseil qui vaut aussi pour le P Q.
    JCPomerleau