Le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) n’aura plus de pouvoir sur les quelque 1200 enfants des réserves de Wemotaci et de Manawan, en Haute-Mauricie.
Pour la première fois, deux réserves autochtones québécoises auront leur propre système de protection des enfants, indépendant du DPJ : Wemotaci, qui compte environ 500 enfants pour 1400 personnes, et Manawan, qui a 700 enfants sur 2500 résidents.
Autonomie
Le grand chef de la nation atikamekw, Constant Awashish, a souligné que l’entente avec le gouvernement provincial constitue un grand pas vers l’autonomie des réserves.
« La protection de nos enfants, c’est de notre responsabilité. C’est à nous de nous occuper d’eux, de les protéger, de les élever et de corriger leurs erreurs de parcours pendant qu’ils grandissent », a-t-il dit, avant de signer l’accord lundi.
Ça faisait 30 ans que les Atikamekw réclamaient de s’occuper eux-mêmes de leurs jeunes.
Il y a environ une centaine de signalements chaque année pour ces deux réserves. La nouvelle entente ne changera pas les lois, mais tout le pouvoir sera désormais délégué à des Autochtones.
De la sorte, les enfants dont le développement sera compromis seront gardés au sein de leurs territoires, sous autorité du Directeur de la protection sociale atikamekw, plutôt que du DPJ.
Pouvoir
Cela fait des années que le Système d’intervention d’autorité atikamekw (SIAA) intervenait concernant des cas de signalement à l’interne sur les réserves. Seulement, le DPJ avait toujours le droit d’annuler une décision ou de prendre le dossier, ce qui ne sera plus le cas.
« On s’est fait usurper notre pouvoir de décider par nous-mêmes. Aujourd’hui, on est retourné le chercher en démontrant qu’on était capables. Les gouvernements ont compris », a poursuivi Constant Awashish.
La ministre responsable de la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, croit que cela va dans l’intérêt des enfants de ne plus les déraciner de leur milieu.
« La protection et la sécurité des enfants sont un enjeu qui nous interpelle tous. Nous avons la responsabilité collective de fournir aux jeunes des outils et un cadre de vie qui vont faciliter leur intégration dans la société », a-t-elle dit.