INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 316

Le deuxième Canada (16/29)

Analyse du rapport Durham - II : Le problème national.

Chronique de Bruno Deshaies

« les Canadiens sont une majorité dans le Bas-Canada ;

ils n’ont pas le droit de bloquer le développement

d’une majorité générale plus nombreuse qu’eux… »
***

Dans son étude du rapport Durham, Maurice Séguin présente d’abord l’état de la situation perçue par le gouverneur général (cf. no 39, paragr. 1 à 4). L’analyse et les explications sur la pensée de Durham suivent. Il ajoute au besoin ici et là ses propres commentaires que nous signalons en italique.
Durham constate que le gouvernement de Londres est exaspéré par l’attitude des Canadiens-Français, que des idées circulent à propos d’Union et d’assimilation et que la crise parlementaire autour de la liste civile et des subsides ne se règle pas, au contraire, elle s’amplifie. Comment expliquer cette situation et quelles en sont les causes.
Il observe un point essentiel de la crise qu’il qualifie de lutte sans merci entre deux nations dans le Bas-Canada. D’une part, les Britanniques du Bas-Canada aspirent à devenir la majorité. D’autre part, comme majorité, les Canadiens sont prêts à rendre justice aux Anglais à condition de gérer eux-mêmes la colonie. La coupe déborde. C’est alors que Durham comprend nettement qu’il s’agit d’une lutte de nation contre nation au sein d’un même État. Durham veut bien satisfaire les Canadiens, mais il ne peut ignorer les aspirations des Montrealers, des Britishers et des Loyalistes du Haut-Canada. Il est conscient que :
– « Si l’on cède aux Canadiens (sans union ni confédération) le self-government, ce qui équivaut à une république française… » (cf. paragr. 10) ;
– « …les Britanniques du Bas-Canada, qui ne se soumettront jamais aux Canadiens… » (cf. paragr. 11) ;
– les Britanniques du Haut-Canada, qui ne pourront endurer la présence d’une république étrangère entre eux et la mer » (Ibid.) ;
– « Mieux vaut pour la Grande-Bretagne intervenir immédiatement… (cf. paragr. 12).
Ce sont ces fondements qui, hier, ont sous-tendu la pensée politique du Canada-Anglais dans cette « querelle nationale ». Or, aujourd’hui, c’est le gouvernement fédéral et la Cour suprême du Canada qui se sont substitués au gouvernement impérial, à l’oligarchie de l’extérieur et à l’exécutif colonial.
Le Canada-Anglais s’est bâti progressivement sur l’inclusion des Canadiens-Français à défaut de les assimiler complètement. Toutefois, ces derniers seront définitivement mis en minorité et ils ne devront plus entraver le développement et le progrès du Canada d’un océan à l’autre. C’était vrai hier (cf. paragr. 7 et 9) et c’est encore le cas aujourd’hui. Le Bloc québécois ne peut que se faire dire ce que nos ancêtres, les Canadiens (français), les nationalistes ou les patriotes, se sont fait dire depuis 1800 et même depuis 1760 jusqu’à 1800. La nouvelle «conversation nationale » annoncée par Pauline Marois ne peut être qu’un pis-aller. Que de naïveté ! Ce n’est pas la première fois dans notre histoire. Quelle pauvreté intellectuelle !
Bruno Deshaies

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Bruno Deshaies209 articles

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BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mars 2008

    M. Deshaies écrit : «La nouvelle « conversation nationale » annoncée par Pauline Marois ne peut être qu’un pis-aller. Que de naïveté ! Ce n’est pas la première fois dans notre histoire. Quelle pauvreté intellectuelle !»
    Personne ne sait ce qui va arriver à cette initiative de Mme Marois. Ce n'est pas très utile de la qualifier de "pauvreté intellectuelle et de naïve" à ce moment-ici comme le dirait M. Chrétien.
    C'est quoi votre meilleure idée de ce qui devrait être fait, à la place de l'idée de Mme Marois, qui ne serait pas trop pauvre ni trop naïve, dans les conditions actuelles, M. Deshaies ?