Le défaitisme linguistique

Quand la prédominance du français est remise en cause, il ne faut pas hésiter à l’imposer. Non pas parce que le français est beau et qu’on l’aime, mais pour que les francophones ne deviennent pas chez eux des citoyens de seconde zone.

Crise linguistique au Québec 2012


L'année 2011 a été marquée par des incidents linguistiques culminant avec l'engagement d'un entraîneur unilingue anglophone par le Canadien. Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Occupy Wall Street montre que l'indignation ne mène pas loin sans relais institutionnel.
Quelle est la mesure réelle du problème? L'alarmisme n'est pas mieux que le jovialisme, surtout quand il est conjugué au défaitisme généralisé des faiseurs d'opinions et de la population. Il est ridicule de prétendre que Montréal - où la vie se déroule pour la plus grande part en français - est perdu pour les francophones. Ces derniers peuvent provoquer d'eux-mêmes ce dont ils ont trop peur.
Il ne faut pas tout mélanger non plus. Un vérificateur fédéral qui ne parle pas français ne soulève pas les mêmes principes que des cadres unilingues anglais à la Banque Nationale ou un entraîneur de hockey.
Les francophones
Ce qui est en jeu, ce n'est pas l'unilinguisme français craint par ma collègue Nathalie Elgrably-Lévy, mais bien la nouvelle relation à élaborer avec cette vieille langue québécoise qu'est l'anglais. Cela, dans l'optique d'une claire prédominance du français non négociable, mais qui ne saurait prendre la même forme à Rimouski que dans le West Island.
J'écrivais en 2008 dans Les Québécois et l'anglais - Le retour du mouton que ce sont des francophones - souvent des souverainistes - qui feront de plus en plus problème dans le dossier linguistique. L'enjeu de la plus ou moins grande prédominance du français dans les différents secteurs est en train de devenir plus important que celui du fédéralisme.
L'imposer
Dernier exemple: le torpillage cette semaine par Le Devoir - son fondateur Henri Bourassa a dû se retourner dans sa tombe! - de la réaffirmation par la Commission scolaire de Montréal du principe fondamental qu'à l'école française, le français doit être parlé dans l'ensemble de l'établissement. La présidente de la CSDM, Diane De Courcy, a également précisé qu'il n'y aurait pas de police de la langue.
Le Devoir a tout d'abord annoncé en vedette que la CSDM faisait «complètement fausse route» en invoquant l'opinion d'une seule spécialiste s'appuyant sur une étude canadienne de 1962 sur les effets positifs du bilinguisme! En éditorial, le lendemain, le quotidien qualifiait l'initiative de la CSDM de carrément «utopique et impraticable», se lamentant qu'on n'ait pas réussi à faire du français «une évidence, un plaisir» sans proposer quoi que ce soit d'autre.
Dans une île de Montréal où l'anglais est très présent, la volonté de la CSDM de faire en sorte que l'école française ne devienne pas une mascarade est nécessaire et légitime. Quand la prédominance du français est remise en cause, il ne faut pas hésiter à l'imposer. Non pas parce que le français est beau et qu'on l'aime, mais pour que les francophones ne deviennent pas chez eux des citoyens de seconde zone.


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