Quand on y pense! Le symbole du crucifix en mène plus large encore : ce Christ crucifié ouvre les bras et donne sa vie à tous les êtres humains sur la planète sans aucune distinction de race, de culture ou de couleur.
Je me dis parfois que ce crucifix, qui ne nous dit plus grand-chose à nous, Québécois d’aujourd’hui, a parlé tous les jours à pleine voix à des millions de nos ancêtres.
J’ai parfois en tête la phrase que répétait saint Augustin, saint Augustin qui portait le crucifix en bandoulière : «Si tu as deux paires de chaussures, l’une à tes pieds et l’autre dans ton placard, celle du placard appartient à celui qui va pieds nus».
Quand on y pense : cette phrase de saint Augustin qu’il prononçait, il y a quatre siècles, est à la base de ce qui est devenu, dans le christianisme, le sacrement de confession.
Il me vient souvent à l’esprit que les «péchés» dont sont venus se confesser des millions de Québécois pendant des siècles étaient tous liés à l’amour de soi, à l’égoïsme et à la souffrance causée à autrui. En somme, on venait s’accuser de fauter contre les autres, de manquer au bien commun.
Le pardon, le bien commun, le don de soi-même au bien des autres sont au cœur du christianisme.
Je pense souvent à ce qui me paraît central dans l’Évangile : Jésus qui dit à tous ces hommes qui tenaient entre leurs doigts une pierre qu’ils s’apprêtaient à lancer sur une femme qui était accusée d’avoir commis un adultère : «Que celui qui est sans péché lui lance la première pierre».
Les hommes ont ouvert leur main et se sont libérés de leur pierre. Et Jésus a dit à la femme : «Va en paix et ne pèche plus».
Que l’on croit ou non à la résurrection de Jésus ou à sa mère comme étant la mère de Dieu, une chose est sûre : le christianisme est basé sur le don de soi aux autres. C’est pour ça que le crucifix qui ouvre ses bras pour embrasser le monde entier est à sa place à l’Assemblée nationale.
Surtout de nos jours où, comme l’écrit Noam Chomsky, «la maladie moderne est une course effrénée à la valorisation personnelle et un besoin pathologique de reconnaissance».
La folie moderne du bien propre salit la planète à tel point que son nettoyage va devenir impossible.