Le chef du PQ n’est plus le chef du mouvement souverainiste québécois

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Est-ce que le PQ est condamné à mourir avec les baby-boomers ?

En cinquante ans, le Part québécois a toujours joué un rôle central dans l’évolution du mouvement. À l’exception de la période du « beau risque » de René Lévesque et de l’affirmation nationale de Pierre Marc Johnson, son chef s’est toujours retrouvé au coeur de l’élaboration du chemin devant mener à l’accession du Québec à son indépendance. Aujourd’hui, son hégémonie sur le mouvement souverainiste est bel et bien terminée. […]


En se sabordant, le Rassemblement pour l’indépendance nationale allait forcer le PQ à devenir une véritable coalition de gauche à droite, dont seule l’indépendance serait le ciment. Tant et aussi longtemps que l’axe politique dominant serait un clivage Oui-Non, le ciment tiendrait. Or, ce n’est plus le cas en 2018. […]


Paradoxalement, cinquante ans plus tard, c’est un chef du PQ qui, voyant son parti en difficulté, a tenté de forcer une convergence avec un autre parti de gauche et indépendantiste, Québec solidaire. Plusieurs membres de QS ont alors reproché au Parti québécois ses positions identitaires et son ambivalence sur la question nationale. C’est plutôt avec Option nationale que QS choisit de s’associer sous la forme d’une fusion. En parallèle, le Bloc québécois a connu en 2018 une crise existentielle profonde. Au-delà de la personnalité de Martine Ouellet, étaient en cause des visions opposées du rôle du Bloc québécois au sein du mouvement indépendantiste. […]


Les querelles au sein du mouvement souverainiste ne sont pas nouvelles. Trois choses sont cependant différentes aujourd’hui. Des changements sont apportés sur le plan partisan. Un discours sur la reprise en main du mouvement indépendantiste par la société civile se développe. Une force politique nationaliste s’institutionnalise à l’extérieur du mouvement souverainiste.


D’abord, il y a un éclatement sans précédent des forces souverainistes, tant à Québec qu’à Ottawa. Le PQ n’est plus au centre de ce mouvement, mais un parti parmi d’autres. Cela implique que son chef doit composer avec d’autres acteurs politiques avec lesquels il est en concurrence. Cette situation est bien différente de la coalition qui avait mené à l’entente tripartite du 12 juin 1995 avec l’Action démocratique du Québec et le Bloc québécois. À l’époque, il y avait le contexte historique de l’échec de Meech. Le PQ formait le gouvernement.


Influencés par l’expérience catalane, plusieurs membres du PQ, dont Pierre Karl Péladeau alors qu’il était chef, ont depuis accepté que leur parti perde son statut hégémonique sur l’indépendance. Bref, ils reconnaissent maintenant que la société civile doit jouer un rôle central quant à l’avenir du projet indépendantiste. C’est notamment le cas par l’intermédiaire des Organisations unies pour l’indépendance (Oui-Québec). C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’il faut décoder la volonté de Pierre Karl Péladeau de soutenir un institut de recherche voué à la question nationale (IRAI) et indépendant du PQ. Contrairement à 1968, la convergence, si elle se réalise, se fera donc à l’extérieur du Parti québécois. […]


Enfin, le succès électoral de la Coalition avenir Québec se traduit par l’institutionnalisation d’une nouvelle force nationaliste qui s’appuie sur une vision autonomiste du Québec au sein de l’ensemble canadien. Elle regroupe d’anciens adéquistes, d’anciens libéraux, mais aussi bon nombre d’anciens péquistes qui ne se retrouvaient plus au sein du Parti québécois. Cette profonde reconfiguration du système partisan contribue à miner la force du chef du PQ comme celui qui peut unir les Québécois de différents horizons derrière une vision nationale commune.


Profonde remise en question


Le chef du PQ ne peut plus prétendre être le chef du mouvement souverainiste québécois. Ce mouvement est maintenant éclaté sur le plan partisan. Québec solidaire a son propre programme souverainiste. Le PQ a également fait le choix de ne pas défendre son option lors de l’élection de 2018. […]


Le dernier revers électoral du Parti québécois révèle qu’il a épuisé ses stratégies d’adaptation à l’environnement, comme les conditions gagnantes de Lucien Bouchard, l’assurance morale de gagner de Bernard Landry ou la gouvernance souverainiste de Pauline Marois. Une profonde remise en question s’amorce dans un contexte où le mouvement souverainiste québécois connaît lui aussi une période de transition. Quelle sera la place réservée au chef du Parti québécois dans ce contexte ? Assurément pas celle qui existait en 1968. […]


> La suite sur Le Devoir.



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