Le Canada bilingue? Y’a rien là!

Une fiction






Les amis, quand on s'indigne, quand on se mobilise, quand on dénonce, les choses bougent. Ça s’applique en politique, mais ça s’applique aussi dans le domaine culturel. Si on se tient debout, on peut faire changer la donne.




WHAT ARE YOU SAYING?




Vendredi dernier, sur mon blogue du Journal, j’ai écrit un texte­­ intitulé: Le français, une «langue étrangère»?. J’expliquais qu’au Festival international des médias de Banff, qui va avoir lieu en juin en Alberta, des séries québécoises sont en nomi­nation dans les catégories comédie­­ et série dramatique... «en langue étrangère».




Des séries qui ont connu énormément de succès dans la Belle Province, comme Ruptures (Ici Radio-Canada), Boomerang (TVA) ou Victor Lessard (Club Illico) se retrouvaient dans la catégorie «langue étrangère» avec des séries mexicaines, suédoises, hollandaises.




Comme Mélanie Joly, ministre du Patrimoine, devait prononcer une allocution lors de ce festival bien canadien, j’ai posé la question: vu qu’elle est responsable des Langues officielles au gouvernement, allait-elle accepter que le français, une des deux langues officielles au pays, soit traité comme une langue étrangère?




Or, lundi, j’ai reçu un courriel du directeur du marketing du Festival m'informant qu'ils avaient changé le libellé de la catégorie, et je cite, «pour mieux représenter le Canada».




La catégorie ne s’appellera plus «Foreign language» mais plutôt­­ «Non English language» ce qui reflète mieux, selon eux, la diversité des soumissions.




Le Festival a publié des explications, et des excuses, sur sa page­­ Facebook.




«Le Festival regrette toute implication négative qui a pu découler­­ de la formulation des catégories et espère que ce changement répond aux inquiétudes qui ont été formulées. De plus, le Festival remercie ceux qui ont exprimé leurs préoccupations d’avoir donné leur opinion.»




Et les organisateurs concluent en écrivant: «Le Banff World Media Festival est administré par des Canadiens fiers et inclusifs qui aspirent à appuyer tous les peuples, les cultures et les organisations qui rendent ce pays si unique.»




Entre vous et moi, en mettant le français dans la même catégorie que le swahili ou le pendjabi, on ne reconnaît pas que c’est l’«autre» langue officielle du pays. Mais bon... c’est mieux que rien.




Avouez que ce n’est pas tous les jours qu’un événement du ROC (Rest of Canada) se met à l’écoute des plaintes émanant du Québec et s’ajuste en conséquence.




SPEAK WHITE




Je retiens une chose de cet incident, qui peut paraître banale ou anecdotique. Quand le directeur du marketing Scott Benzie m’a écrit, il a pris la peine de préciser: «Au cours des derniers jours, nous avons été contactés par plusieurs de nos délégués francophones et par des citoyens inquiets du Québec et du Canada­­.» J’ai appris que le bureau de la ministre Mélanie Joly était intervenu et les avait contactés à ce sujet.




Si on s’était fermé la trappe, si on s’était dit «C’est pas grave», ou «Y’a rien là», le français aurait été traité comme une langue étrangère dans notre propre pays.




Mon seul regret, c’est que j’aurais bien aimé que sur sa page Facebook, le Festival publie ses excuses... en français.



 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé