Le Bloc québécois veut un «oui» interculturel

«Nous sommes une nation multiethnique depuis le début», dit Bernard Landry

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Les fédéralistes, on le sait, combattent le Bloc par le mensonge

En pleine campagne de promotion de l’indépendance, le Bloc québécois souhaite se débarrasser une fois pour toutes des « préjugés » xénophobes qui collent à la peau du camp du « oui ». Lors du Grand Rassemblement interculturel pour l’indépendance organisé dimanche, ils ont clamé leur « ouverture ».

« Dire que notre projet [de pays] est le projet [d’une seule ethnie], c’est une abomination ! », a martelé l’ancien premier ministre du Québec Bernard Landry, fâché au point d’en perdre ses mots. « Nous sommes une nation multiethnique depuis le début. […] Nous sommes les Latinos du Nord », a-t-il insisté.

Maka Kotto, député de Bourget pour le Parti québécois (PQ), a mis en garde les politiciens sur les stratégies qui « tablent sur la division ethnique », « ces discours faussement savants » qui « instrumentalisent l’immigration ». Il a cité en exemple des paroles telles que « le “oui” [lors d’un référendum sur l’indépendance du Québec] ne passera jamais à cause de l’immigration et du vieillissement de la population », qui a ainsi semblé contredire l’aspirant chef Pierre Karl Péladeau.

Le candidat à la chefferie du PQ avait utilisé cette formule le mois dernier lors d’un débat, et il a dû s’excuser par la suite. Maka Kotto avait alors pris la défense de PKP en montrant du doigt le système d’immigration canadien, qui nuirait à la cause souverainiste.

Ibra Kandji, président de la Commission de la citoyenneté du Bloc, a pour sa part indiqué que « l’indépendance se fera avec tous les Québécois, sans distinction » et qu’il est « faux de dire que les immigrants perdront leurs droits si le Québec devient indépendant ».

L’origine des préjugés

Selon le chef du Bloc, Mario Beaulieu, les « préjugés » à l’égard du mouvement indépendantiste proviennent de « la propagande fédéraliste » et « des médias anglophones », qui leur « sont souvent défavorables ».

Les bavures de l’ancien premier ministre Jacques Parizeau et du tribun Pierre Bourgault, qui avaient accusé les votes « ethniques » et « anglophones » d’empêcher la victoire du « oui », ont été surmédiatisées comparativement aux erreurs du camp adverse, estime M. Beaulieu.

« On a laissé les autres nous traiter de racistes », regrette le chef, qui croit que cela a nourri les préjugés. « Pourtant, nous avons toujours eu des militants de diverses origines et tenu des éléments rassembleurs comme aujourd’hui », a précisé.

Bernard Landry a tenu à rappeler que « le premier Latino élu au Parlement du Canada » faisait partie du Bloc. L’animatrice Sophie Stanké — qui pourrait être candidate pour le parti cet automne — a ajouté que la formation politique a fait élire « la première femme haïtienne à la Chambre des communes », soit Vivian Barbot.

« Les nouveaux arrivants doivent se sentir inclus dans notre projet [de pays] et non en marge. Plusieurs d’entre nous viennent de pays qui ont acquis leur indépendance dans les dernières décennies. Nous devons faire la même chose ici », a affirmé l’ancienne députée Ève-Mary Thaï Thi Lac.

M. Beaulieu a vivement dénoncé le multiculturalisme, prôné par beaucoup de militants fédéralistes. « C’est une hypocrisie [qui] amène de l’ethnocentrisme. » Le chef encourage plutôt l’interculturalisme, qui « rattache les Québécois à un tronc commun » tout en conservant leurs différences.

« Combattons le multiculturalisme à la [Pierre Elliott et Justin] Trudeau. Appuyons plutôt le Bloc québécois, qui prône l’intégration [des immigrants] », a renchéri Mme Thaï Thi Lac.

Faire « plus d’efforts »

« Nous n’avons pas eu le succès que nous souhaitions [auprès des Québécois issus de communautés culturelles], a admis M. Landry, mais nous avons eu des succès. »

« On veut rejoindre tout le monde, aussi les anglophones, assure M. Beaulieu. Nous en avons, des membres anglophones, mais si nous étions plus actifs avec [cette communauté], nous pourrions contrer davantage les préjugés. »

Martine Ouellet, seule candidate de la course à la chefferie du PQ présente au rassemblement, estime que sa formation politique doit elle aussi « rebâtir les ponts » avec les Québécois venus d’ailleurs.


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