Le BAPE peut-il nous protéger des gaz à effet de schiste?

Des questions réalistes que se pose la population québécoise

Tribune libre

Selon deux experts en la matière, M. Jean Baril et Luc Ouimet, le BAPE a tout juste le temps d’ici le 4 février 2011 de faire une pré-audience en l’absence de directives ministérielles précises (Cf. Louis-Gilles Francoeur « Le BAPE : un mandat atrophié », Le Devoir, samedi 4 septembre 2010). Par ailleurs pour calmer la grogne qui sévit présentement, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, M. Pierre Arcand, se veut rassurant en affirmant qu’il va suivre à la lettre les recommandations du BAPE. De plus le président du BAPE, M. Pierre Renaud, va dans le même sens en déclarant que toutes les études d’impact vont être publiées sur leur site au fur et à mesure qu’ils les obtiendront. De son côté, la ministre des ressources, Mme Nathalie Normandeau se veut rassurante en disant qu’elle ferait tout en son pouvoir pour déposer le plus rapidement possible un projet de loi sur les gaz de schiste, projet dont l'adoption est maintenant reportée à la session parlementaire du printemps 2011.
Mais pourquoi tant de lobbyistes, de transfuges, de membres du gouvernement et de l’industrie gazière s’affairent-ils comme des prédateurs sur leur proie? Quelle urgence y-a-t-il? À l’heure actuelle, nous assistons à l’effondrement du prix du gaz naturel sur le marché américain, il est passé de 14$ par million de British Thermal Units (MBTU) à 4$ / MBTU. Pris dans cet engrenage de folie, les honnêtes citoyens réagissent, se mobilisent et, avec leur franc parlé, confrontent les Seigneurs du schiste.
Forcés de suivre la parade, aidons le BAPE, NOTRE SAUVEUR, dans ses réflexions : « S’il vous plaît, dites-nous, chers commissaires du BAPE, quelque chose de sensé et de rassurant », par exemple :
1) Dites-nous en toute franchise, qui doit développer cette filière gazière québécoise? Le public ou le privé? Devons-nous seulement satisfaire nos besoins en hydrocarbures, ou ouvrir la porte aux exportations de ce marché en pleine explosion?
2) Quand pensez-vous publier la vraie carte exacte des explorations du gaz de schiste québécois dans la vallée du Saint-Laurent?
3) Dites-nous combien de permis d’exploration ont été émis par les ministères ou gouvernements jusqu’à aujourd’hui, et combien dans un avenir rapproché?
4) À quelles compagnies les différents permis ont-ils été octroyés, dans quelle mesure et pour combien de temps?
5) Quels prix, ces compagnies ont-elles payé pour l’obtention des âcres de terre et le forage de chacun de ces puits? Y-a-t-il des variables selon la région, la proximité du fleuve Saint-Laurent et les municipalités impliquées?
6) Quelle quantité d’eau sera utilisée et d’où proviendra-t-elle, du fleuve, des rivières, des lacs, des puits artésiens, ou des municipalités?
7) Pouvez-vous nous dresser la liste des produits chimiques qui seront utilisés dans la fracturation de la roche de schiste et leur impact sur l’environnement?
8) À combien avez-vous fixé le tarif de l’expropriation de citoyens obligés de quitter leurs villages, leurs maisons, leurs bâtiments, leurs champs?
9) À combien de mètres ou kilomètres des villages ou villes, ces compagnies peuvent-elles creuser pour explorer et éventuellement exploiter ces gaz de schiste?
10) Avez-vous défini des règles claires concernant le cimentage des membranes des puits verticaux traversant les nappes phréatiques, le bruit, le camionnage, la disposition des résidus d’eau usée, des contaminants dans les sols, dans les cours d’eau, dans l’air, etc?
11) Dites-nous combien va coûter au trésor public, à court, moyen et long terme cette nouvelle filière gazière?
12) Enfin, quelles seront en pourcentage les redevances de chacune de ces compagnies, 10%, 20?, 50% des profits de ces gisements, modulés sur combien d’années?
Comme le vous voyez, ce sont des questions réalistes qui demandent des réponses claires, précises, non seulement scientifiques (sur la faisabilité), mais sur l’impact économique (coûts vs bénéfices), environnemental (les impacts sur les populations et les écosystèmes) et politique (qui en sera le Maître d’œuvre?)
Selon toute vraisemblance, la nationalisation de cette ressource ne semble pas être à l’ordre du jour dans la l’agenda du gouvernement Charest, mais elle est un incontournable impératif collectif à l’image des 4 millions de Norvégiens qui détiennent 51% de la propriété et des revenus de l'exploitation du gaz de schiste et qui disposent d’un bas de laine excédant les 400 milliards de dollars. Pas si mal pour un peuple peu nombreux qui se tient debout! Courage et ne lâchons pas la pression, lors des audiences publiques, sur le gouvernement, le BAPE et l’APGQ. Merci à M. Jean-Paul Tellier pour sa contribution et ses commentaires.

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Marius Morin130 articles

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Citoyen du Québec, Laval, Formation universitaire, Retraité toujours
interpellé par l'actualité socio-politique

Laval





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    9 septembre 2010


    Voici un article intéressant : Gaz et pétrole : qui cherche quoi ?
    Les découvertes de ces prospecteurs pourraient transformer l'économie du Québec affirme François Guérard L’Actualité