Le 400e de Québec et la Queen of Canada...

Québec 2008 - La Reine d'Angleterre au 400e ?

Je suis extrêmement déçu par les manières douteuses, sur le plan idéologique, du groupe de travail à qui les autorités ont confié le mandat de faire des Fêtes du 400e anniversaire de Québec un succès (ou un fiasco?) mémorable.

Chercher à transformer cet événement commémorant la naissance de la cité de Québec (et celle de la Nouvelle-France, du même élan) en un moment historique, et fondateur, du Canada constitue un détournement de sens et une usurpation politique sans nom.
De la banalisation d'ores et déjà anticipée et recherchée de la fête nationale du 24 juin 2008 d'une part (souvenons-nous des propos du comité à ce sujet, il y a quelques semaines à peine), à l'invitation de la reine de Grande-Bretagne d'autre part, les bourdes monumentales éclatent les unes après les autres au sein de l'«équipe» qui, manifestement, prépare avec force maladresse cette année du 400e anniversaire de la présence française en Amérique.
C'est là une authentique entreprise soporifique de nettoyage de la conscience historique et citoyenne, disons les choses sans détour, qui se retourne à 180 degrés contre le concept même, noble et majestueux s'il en est, ici célébré.
Non mais... m'expliquera-t-on ce que peut bien signifier la présence de la reine d'Angleterre à un événement pareil? Le président -- ou la présidente -- de la France, ou son premier ministre, à la rigueur, je comprendrais! Assurément. Mais cette descendante spirituelle des Nelson, des Phips, des Murray, des Wolfe et des Durham?
Cela dit, je n'éprouve aucune animosité «personnelle» à l'égard de madame, ni même à l'égard de sa fonction pourtant on ne peut plus surannée (et au reste fort onéreuse pour ses «sujets», y compris chez nous avec nos gouverneur(e) et nos lieutenant(e)s-gouverneur(e)s). Et je respecte de même le United Kingdom à l'égal de toutes les autres démocratie par-delà la planète. Là n'est pas l'affaire. Vraiment pas. [...]
Par quelle voie tordue (ou colonisée?) un lien intelligent ou intelligible peut-il être établi entre la naissance de Québec et de la Nouvelle-France (1608) d'une part, et l'Angleterre, d'autre part? Cette dernière est entrée dans l'histoire et la vie de la Nouvelle-France plus de cent cinquante ans plus tard -- en 1763 très précisément, millésime du Traité de Paris qui «officialisa» les beaux dégâts de la bataille des Plaines d'Abraham survenue quatre ans plus tôt.
Bref, cette canadianisation de la Nouvelle-France (et du Québec, forcément, par la voie de la continuité historique) participe d'une visée politique qui n'a décidément rien à envier au scandale des commandites du récent «Liberal Party Government of Canada».
Il est bien triste, en outre, de voir des «journalistes» d'opinion à la petite semaine [...] ramener une fois de plus ce débat à des «nationaleries» d'une autre époque. C'est ou bien ne rien comprendre à l'histoire, et ne pas même apercevoir la couleuvre grosse comme éléphant que nous refile Pierre Boulanger et son comité des Fêtes du 400e, ou bien c'est se faire délibérément le complice d'un travestissement de l'histoire qui honore ni l'intelligence ni la probité intellectuelle desdits «journalistes». [...]
Soyons concis. Nous assistons derechef à la mise en place de ces bonnes vieilles méthodes typiquement «canadian» de la récupération idéologique. Stephen Harper et Jean Chrétien: serait-ce donc, de fait, du pareil au même? Rigoureusement pareil. Kyoto compris! Car le précédent gouvernement, rappelons-le au passage, n'a rien fait non plus, outre la production de jolies phrases bilingues, notamment par le biais de M. Stéphane Dion, alors ministre de l'Environnement, pour mettre en application les propositions claires de cette entente internationale.
Je veux bien croire qu'entre un Jean Charest et une Andrée P. Boucher [...], chez lesquels le sentiment patriotique québécois ne dépasse guère la température moyenne de notre présent avril, il n'est pas forcément aisé de naviguer les coudées franches dans cette aventure -- si tant est, il est vrai, qu'il y ait des gens au sein de ce groupe de travail, on veut le croire, qui soient investis d'un authentique sens de la nation.
Oui, je veux bien croire. Mais reste que j'estime moi de même, à l'instar de fort nombreux concitoyens de Québec et du Québec, que l'organisation des Fêtes du 400e anniversaire de Québec a rapidement perdu toute crédibilité. Non, décidément, je n'ai plus aucune confiance en ces gens-là pour organiser notre fête néo-française -- notre grande célébration québécoise. Absolument aucune. Car le discrédit colle désormais à leurs semelles comme lisier aux bottes du fermier.
Nicolas St-Gilles, Québec


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