Laïcité: serons-nous punis?

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« Legault doit se pencher davantage sur l’avenir du français et de la culture, qu’il est impératif de consolider et de protéger. Or son gouvernement n’a pas semblé s’y intéresser vraiment. »


Les nombreuses dénonciations du projet de loi 21 sur la laïcité laissent entendre qu’après son adoption, il y aura de graves répercussions pour les Québécois.


Il y aura, bien sûr, l’utilisation des tribunaux pour casser la loi en vertu des chartes des droits canadienne et québécoise. Nous assisterons à des tentatives pour défier la loi. La Commission scolaire English-Montréal a eu l’outrecuidance de déclarer publiquement que son organisme refuserait carrément de l’appliquer.


Les syndicats d’enseignants vont-ils recommander aux musulmanes voilées de rester la tête couverte ? Et celles-ci, encouragées par des imams, du genre qu’on a déjà vu dans les rues de Montréal lors des manifestations contre le projet de loi, défieront-elles la loi ?


Pour éviter ces situations, il faut donc adopter maintenant cette laïcité. Ainsi les anti-laïcs – en clair, le PLQ, Québec solidaire, les mouvements de défense des droits, les associations et autres regroupements religieux – auront-ils le temps de réfléchir la tête froide durant ce que l’on espère être par ailleurs un été chaud.







Naïveté


Mais la majorité francophone ne pourra pas faire preuve de triomphalisme, car si l’on croit avoir tout subi comme insultes et injures, on est bien naïf. Il y a un prix à payer pour imposer la laïcité, comme il y en a eu un lorsque le Parti québécois au pouvoir a imposé le français comme langue officielle au Québec.


C’était il y a quarante et un ans de cela. Le PQ préparait un référendum sur la souveraineté, une menace à l’existence même du Canada, qui avait donc tout intérêt à ne pas envoyer des chars d’assaut contre les Québécois, mais plutôt à les séduire afin qu’ils votent « non » au référendum.


Le gouvernement caquiste ne possède pas cet instrument de négociation. François Legault a choisi la carte du Canada après avoir mûrement réfléchi, à la suite du second et si douloureux référendum. Sa marge de manœuvre est étroite. Il l’utilise en pragmatique et en modéré, deux mots qui le définissent.


Boycottage


Il sait que le Québec a peu d’amis au Canada anglais. Pas plus chez les anglophones du Québec. Quant aux allophones, plusieurs s’en méfient. Les mêmes qui à ce jour ont pris position contre la laïcité en menaçant de boycotter le français au Québec et en s’appuyant sur le recul de la démographie francophone ont prédit l’éventuelle minorisation des Canadiens français sur le territoire du Québec.


C’est pourquoi François Legault doit se pencher davantage sur l’avenir du français et de la culture, qu’il est impératif de consolider et de protéger. Or son gouvernement n’a pas semblé s’y intéresser vraiment. Comment améliorer la qualité de l’éducation si la valorisation du français et de la culture est un objectif secondaire dans la hiérarchie des préoccupations caquistes ?


Il est triste que les Québécois ne puissent éprouver le sentiment de satisfaction légitime que procure une victoire comme celle qui s’annonce avec l’affirmation collective autour de la laïcité, une laïcité qui nous distingue du Canada multiculturel et pourtant intolérant devant ces « caprices » des Canadiens français.