Laïcité: pourquoi la gauche québécoise a-t-elle trahi ses idéaux?

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C'est vrai, ça ! Pourquoi ? L'internationalisme prolétarien ? Give us a break !

Un phénomène inquiétant se déroule sous nos yeux. Une transformation radicale de la gauche, une métamorphose violente du progressisme. S'il fut un temps où la gauche ne jurait que par le vieil adage marxiste selon lequel «la religion est l'opium du peuple», force est de constater qu'elle a récemment abandonné ses aspirations laïques. Le débat entourant la Charte de la laïcité nous l'a prouvé: la gauche est dorénavant multiculturaliste. Mais pourquoi la gauche québécoise a-t-elle trahi ses plus profonds idéaux?
La grande phobie gauchiste: l'uniformisation culturelle

Il existe plusieurs facteurs à la racine des métamorphoses de la gauche. Globalement, la haine de l'Occident demeure le vecteur par excellence de plusieurs luttes «progressistes». La critique du capitalisme est une constante importante dans le discours gauchiste et ce n'est pas demain la veille que les soixante-huitards abandonneront cette bonne vieille routine. Grille d'analyse intemporelle, la dénonciation du capital dispose toujours d'une force d'attraction considérable.
Cependant, les métamorphoses du gauchisme ne se situent pas sur le plan de la doctrine économique. Nous sommes en fait passés d'une gauche universaliste à une gauche communautariste. Le minoritaire est devenu révolutionnaire tandis que le majoritaire est devenu réactionnaire. Le peuple (dèmos) serait potentiellement fasciste alors que des minorités religieuses seraient devenues, voire redevenues nos élites éclairées. La volonté générale devrait être remplacée par le relativisme culturel: l'État n'aurait plus son mot à dire devant l'édification d'une contre-culture qui ne le respecte pas.
Dans une lettre ouverte au ministre Bernard Drainville qu'il a récemment publiée , Amir Khadir condamnait «ce rêve d'unité qui pourrait finir par un cauchemar d'uniformité». Le député de Mercier nous invitait ainsi à préserver la «diversité culturelle» plutôt qu'à tenter de créer cette union fraternelle «autour des idéaux d'un humanisme tout occidental». Les rôles se sont inversés: l'Internationale socialiste a laissé place à l'enracinement communautaire - le pire ennemi de tous les progressistes depuis la Révolution française.
La laïcité est maintenant perçue par la gauche comme un moyen d'imposer la culture de la «race blanche» aux minorités culturelles. La laïcité serait l'instrument privilégié des «ethnocidaires québécois» dans leur combat pour la société «homogène». Il ne faudrait donc surtout pas que les immigrants soient contaminés par les «pesticides idéologiques» du grand méchant loup occidental. Mais le grand paradis socialiste n'a plus aucune chance d'advenir sur Terre si la Bonne Nouvelle n'est plus valable pour tous les Humains.
Le nouveau prolétariat mondial : le monde musulman
Les images du conflit israélo-palestinien contribuent elles aussi largement à l'expression d'une vision fantasmée du monde arabo-musulman. Pour plusieurs, Israël incarne en terre d'islam «l'impérialisme occidental» et c'est pourquoi plusieurs personnes de confession musulmane sont maintenant perçues comme de véritables résistantes face au vilain libéralisme homogénéisateur. Le monde musulman ferait face, de manière totalement caricaturale, au «monstre sioniste» qui serait le prolongement direct du capitalisme américain.
Il s'agit d'ailleurs de l'une des hypothèses défendues dans mon premier essai Le nouveau triangle amoureux. Pour certains gens de gauche, la situation palestinienne représente le théâtre où se déploie un nouveau prolétariat mondial, voire une nouvelle guérilla. Dans son ensemble, le monde musulman serait appelé à contrer la cupidité matérialiste de notre civilisation - la Grande prostituée coupable d'avoir colonisé les pays étrangers et de leur avoir fait goûter le fruit défendu du capitalisme.
Comment expliquer la position antiféministe de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) par rapport au voile islamique? Comment ne pas voir dans ce préjugé favorable, à l'endroit d'une religion toute patriarcale, l'une des manifestations ultimes de cette tendre affection envers cette nouvelle théologie de la libération?
Certaines personnes perçoivent maintenant la Charte des valeurs québécoises comme une colonisation perpétrée sur notre propre territoire. Mais le Québec est-il devenu un pays colonialiste? Nous pourrions nous étendre longuement sur les métamorphoses de la gauche, un phénomène méritant le développement de chapitres entiers. Mais un constat s'impose lourdement: la gauche a changé.
Multiculturaliste, on ne la reconnait plus.
Renaîtras-tu de tes cendres, la gauche?


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