Laicité...les choses ne sont pas si simples....

Pour les pourfendeurs des signes religieux...a méditer

Tribune libre

"Le culte de la Déesse Laïcité a fait perdre la tête à la France. Depuis la loi du n° 2004-228 de 15 mars 2004, votée dans un touchant œcuménisme politique, c’est de pire en pire… Oui, mais problème : le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU a condamné la France pour l’exclusion d’un lycéen sikh, et elle lui demande de réviser cette loi.
Cette décision est le signe ostensible d’une défaite annoncée,… car tout cet édifice a été construit sans principe depuis une décennie et il est condamné à s’écrouler. Il va falloir revenir au réel, respecter le droit international, et revenir aux bases de la laïcité. Car le vrai régime de la laïcité respecte la liberté de religion, c’est une évidence."

Ranjit, un sikh, portait un turban, en contradiction avec respecté l’excellente loi du 15 mars 2004, devenu l’excellent article L. 141-5-1 du Code de l'éducation.
Rnajit, dans un esprit de conciliation, portait le keshi sikh (sous-turban). Pour le Conseil d’Etat, « bien qu'il soit d'une dimension plus modeste que le turban traditionnel et de couleur sombre », ce keshi sikh ne pouvait être qualifié de signe discret et l’élève « par le seul port de ce signe, avait manifesté ostensiblement son appartenance à la religion sikhe », violant l'article L. 141-5-1 du Code de l'éducation.

Le Conseil d'État, instance suprême administrative en France a donc jugé que;
Le Conseil d’Etat avait poursuivi : « Compte tenu de l'intérêt qui s'attache au respect du principe de laïcité dans les établissements scolaires publics, la sanction de l'exclusion définitive prononcée à l'égard d'un élève qui ne se conforme pas à l'interdiction légale du port de signes extérieurs d'appartenance religieuse n'entraîne pas une atteinte excessive à la liberté de pensée, de conscience et de religion ».
Fatale erreur....
L’avocat de Rnajit a eu le bon goût de saisir le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU, plutôt que la CEDH particulièrement inconstante en matière de liberté de religion. Le résultat est la communication n° 1852/2008, publié le 4 décembre 2012.
Que dit cette communication ?
"Pour fonder en droit sa décision, le Comité fait référence à sa jurisprudence, à savoir le commentaire général n° 22 de l’article 18 du Pacte des droits civils et politiques, qui considère que la liberté de manifester sa religion inclut le port de vêtements et de signe distinctifs.
Pour le Comité, il n’est pas contestable que le port du turban par les hommes sikh est une donnée religieuse : « c’est un devoir religieux et un élément d’indentification de la personne ». Aussi, c’est le premier point du raisonnement, l’interdiction du turban est une restriction à l’exercice de la liberté de religion. Toute restriction n’est pas illégale, cela va de soi, mais pour qu’elle soit légale, la restriction doit être proportionnée, et c’est là que les choses se compliquent pour la France.
Un Etat peut restreindre la liberté de manifester sa religion si cet exercice se fait au détriment des devoirs de l’Etat, à savoir assurer la protection de l’ordre public, la santé, la morale ou les droits et libertés des autres personnes.
Le Comité reconnait la pertinence du principe de laïcité, et la volonté de l’Etat de répondre à des incidents ayant marqué la vie scolaire, et en ce sens, la loi sert le but général de protection des droits et libertés d’autrui, dans la mesure où il ne s’agit pas d’une interdiction générale, mais d’une réponse à des incidents.
L’affirmation du lycéen selon laquelle le port du turban n’est pas seulement un symbole religieux mais un élément essentiel de l’identité et un devoir religieux n’est pas contestée par la France.
Mais pour le Comité, la France n’a pas fourni des preuves convaincantes que le port de ce signe religieux avait causé une atteinte aux droits et libertés des autres élèves ou de l’ordre public dans l’école. Aussi, la sanction de l’exclusion était disproportionnée et a eu un impact très défavorable sur la scolarité de notre ami sikh."
L’attitude de cet élève n’avait créé aucun risque concret, et la seule chose qui a été prise en compte était son appartenance à une communauté religieuse. La France faisait ici valoir, argument pitoyable, que cela permettait de fixer une règle générale par rapport à un élément objectif. Argument nul, répond le Comité : la France n’a pas montré en quoi le « sacrifice » des droits de cet élève était nécessaire et proportionné pour le but recherché. Aussi, l’expulsion de cet élève du lycée a violé les dispositions de l’article 18 alinéa 3 du Pacte, en limitant dans raison son droit à manifester sa religion.
En application de article 2, aliéna 3 du Pacte, la France a l’obligation d’apporter au requérant une réparation adéquate, et surtout, la France à l’obligation de prévenir de nouvelles violations du Pacte. Elle doit aussi, dit le Comite », réviser la loi n° 2004-228 à la lumière de la présente décision, et la France dispose de six mois pour ce faire.
Alors, cette décision dit une chose très simple ; la loi du 15 mars 2004 est du bidon absolu, nul et non avenu. Il faut en revenir au droit pré-existant, qu’appliquait très bien le Conseil d’Etat : le droit de manifester ses croyances fait partie de la liberté de religion, et les limitations à l’exercice de ce droit ne sont possible qui si elles sont proportionnées à la protection de l’ordre public. Les turbans, foulard et kippas devront donc faire leur retour dans les établissements d’enseignement public, à charge pour les élèves de suivre tous les enseignements et respecter la tranquillité de l’école.
Finalement, c’est simple : en l’absence de trouble à l’ordre public, on fiche la paix aux gens. T’as pigé, Monsieur le législateur, ou il faut te faire un dessin ?
http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2013/01/21/signes-religieux-dans-les-lycees-l-onu-condamne-la-france-a.html
Ce jugement donne clairement les balises a respecter et cette loi, en France, votée par le parlement visait de fait a régler un problème qui n'existait pas, une centaine de filles tout au plus portait un hidjab...
Il est évident que les boutes feu style Front national et compagnie vont nous étaler leurs philipiques habituelles....


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8 commentaires

  • Alain Maronani Répondre

    29 janvier 2013

    Je n'ai pas qualifié la liberté religieuse de multi-culturalisme.
    Quand je parlais de sphère publique je parlais d'état laic, bien sûr.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 janvier 2013

    Manifestement, à voir ces photos de waffen SS, même les nazis étaient plus tolérants que monsieur alain maronanivis-à-vis la diversité religieuse affichée et assumée...
    Où s'en va donc le Québec?
    J'insiste que les racines de la laïcité ne sont pas à trouver dans un projet de sécularisation de la sphère publique (c-à-d un projet d'éradication du religieux et des cultures étrangères dans la sphère publique, au profit du culte séculier de la République "une et indivisible", qui ne laisse par conséquent aucune place aux communautés plurielles).
    Les vraies racines de la laïcité sont à trouver dans le combat pour la liberté de CULTE et la liberté de conscience! Donc la liberté religieuse! Cette liberté religieuse que vous qualifiez de multiculturalisme! La laïcité fut une avancée majeure en ce qu'elle consistait à s'assurer que l'État (et non la "sphère publique") n'imposera et ne favorisera pas un culte en particulier, d'une part et ne tentera pas d'étouffer les autres cultes, d'autre part. C'est l'Esprit de la séparation de l'Église et de l'État. Car l'Église était la force culturelle majeure d'assujettissement des consciences à cette époque, c'était l'Ennemi de la liberté de conscience à l'époque.
    Bref c'est l'État qui doit être laïc, pas la "sphère publique"! La sphère publique est indissociable de nos activités culturelles, économiques et politiques.
    Aujourd'hui, il y a des gens qui se croient très éclairés, mais qui sont vraiment anti-culture et anti-liberté, qui souhaiteraient éliminer de la "sphère publique" toute trace de religion étrangère. Aujourd'hui les ennemis de la liberté de conscience sont les ennemis auto-proclamés du "multiculturalisme", défendant le culte d'un "État laïc" purement fantasmatique qui n'a jamais existé.
    La culture vient du mélange. Effacez cette diversité et vous effacez la culture.

  • Francis Déry Répondre

    28 janvier 2013

    Rommel n'était pas un fanatique nazi.
    Il a participé au complot des officiers et il n'a pas eu le choix de se suicider pour protéger sa famille (ne serait-ce que financièrement).
    Le corps du Azad Hind a servi à des tâches de sécurité en France. Certains furent fusillés par les Français (sans jugement). Les autres furent remis aux Britanniques pour être jugés comme traîtres dans le Raj Britannique. Sauf que leur rapatriement a causé des émeutes de soutien à leur égards en Inde. Le processus qui menait vers l'indépendance fut déclenché par leur retour.
    Pourquoi ont-ils rejoint les forces de l'Axe ?
    Gandhi avait imploré les Indiens de s'engager pour lutter contre l'Axe. Il croyait que cela mettrait l'Inde en position de force. Ce n'était pas vrai. Churchill ne faisait que mépriser les Indiens. Durant la famine de 1942-1943 dans le Nord-est de l'Inde, causé par l'occupation des rizières d'Indochine, Churchill a refusé à l'Inde de s'approvisionner sur les réserves céréalières de l'Australie. Les chiffres les plus conservateurs parlent de 3-4 millions de morts du à la famine. Les Indiens parlent de 5-6 millions de morts. À comparer avec la famine qui a commencé en 1943 en Europe de l'Est avec la destruction du grenier ukrainien.
    Alors ces Indiens ne voulaient plus se sacrifier pour l'Angleterre et ils ont fait défection. Pouvez-vous sincèrement les blâmer ? Quant à l'idéologie NS, pour eux c'est comparable au système de castes. Jamais l'Angleterre a cherché à l'abolir. Ni la France à Pondicherry.
    Maintenant, chercher à comprendre l'Europe des années 30 et 40, c'est être Nazi selon vous. Que voulez-vous que j'écrive ? Je n'accepte pas vos endoctrinements. La liberté dans son essence, c'est de pouvoir penser autrement et se permettre de fouiller la doc qu'on rechigne à nous servir.
    Je vous laisse à vos chaînes.
    Et pour ce qui est des accommodements raisonnables en Angleterre :

    Jatinderpal Singh Bhullar, 25, becomes the first person to guard the Queen wearing a turban instead of a traditional bearskin as F Company Scots Guard arrive for the Changing of the Guard at Buckingham Palace, London.
    http://www.thejournal.ie/uk-sikh-soldier-becomes-first-to-guard-queen-wearing-turban-717147-Dec2012/
    Maintenant, le turban est bien beau, mais s'il n'est pas accompagné d'un kirpan, ce n'est pas la tenue correcte du Sikh.

  • Alain Maronani Répondre

    27 janvier 2013

    La documentation, impressionante de Dery, sur le nazisme, ses fastes, et ses chefs (ici Rommell, un nazi fanatique, et l'Afrika Korps) résume sans autre commentaire ou il se loge....
    Pour le vivre ensemble il n'y a pas de contradictions entre des libertés individuelles (port de la kipa, du hidjab, du crucifix) et un état neutre, laique, de droit, ou les signes collectifs du religieux ou sa pratique ne figurent nulle part dans l'espace public (écoles, assemblée nationale, mairie, etc.) et ou il n'est pas concédé d'arrangements spécifiques à un groupe (piscines avec périodes réservées uniquement aux femmes par exemple), ou l'école mixte et laique est pour tous, ou l'on ne peut exiger d'être examiné à l'hôpital par un médecin du même sexe que le vôtre, etc...
    C'est simple il me semble...

  • Gilles Verrier Répondre

    27 janvier 2013

    Deux périls nous guettent ici. L'érosion du pouvoir souverain des nations au profit d'instances supra-nationales peuplées de fonctionnaires, instances illégitimes bien que puissamment promues. L'érosion interne de la démocratie au sens fort, pervertie au profit d'une multitude de communautés d'intérêts qui font reculer la valeur du bien commun et du «vivre ensemble».

  • Francis Déry Répondre

    27 janvier 2013

    Certains régimes étaient plus accommodants que la France républicaine.

  • Alain Maronani Répondre

    27 janvier 2013

    Il ne s'agit pas d'un comité des Nations-Unis mais du 'Comité des droits de l'Homme', dont la France reconnait la force contraignante...
    Ces pays acceptent une supra-nationalité...on verrait mal le Québec se situer dans le camp de la Corée du Nord....advenant l'indépendance.
    La situation en Iran, en Syrie ou en Palestine, odieuse en passant, n'a rien à voir avec cette affaire...ne tentez pas cet amalgame ou comme cette correspondante, de Vigile, qui m'a envoyé un courrier en me disant que c'était un complot anglo-sioniste...!!!
    Nous parlons ici de droits individuels, et heureusement qu'un simple individu puisse effectivement porter sa cause devant une juridiction externe supra-nationale sans ceci les tribunaux pour les crimes de guerres ou de génocides n'auraient aucun fondement légal (précédent établi par les procès des criminels nazi a Nuremberg)...

  • Gilles Verrier Répondre

    27 janvier 2013

    @ l'auteur
    Je ne prendrai pas parti sur le fond de la question mais sur le sens que l'on peut donner à cette Communication des Nations-Unies.
    Selon moi, le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU devrait faire preuve de plus de responsabilité et reconsidérer ses priorités avant d'intervenir de façon si pointue dans un débat interne déjà passablement encombré. Il suffit de lire les multiples commentaires à la suite de l'article que vous citez en référence pour s'en rendre compte.
    http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2013/01/21/signes-religieux-dans-les-lycees-l-onu-condamne-la-france-a.html
    En fait, dans un État souverain comme la France, où le sujet fait en continue l'objet de larges délibérations, notamment chez les élus, on peut se demander si le grain de sel qu'ajoute les membres appointés dudit Comité des Nations-Unies contribue utilement au débat. Ce Comité a-t-il même au départ la légitimité de se saisir d'une telle question, du moins à ce stade ? Il faut se demander si cette «communication» parachutée par la Commission ne fait pas qu'en rajouter une couche ? La France est après tout un pays souverain...et ne s'est pas montrée jusqu'ici incapable de traiter elle-même de ces questions, pourquoi alors l'intervention des Nations Unies ?
    Il est d'ailleurs surprenant de constater qu'un simple individu peut mobiliser un Comité des Nations Unies alors que dans le cas de questions beaucoup plus graves et beaucoup plus pressantes l'ONU demeure sourde et insensible.
    Présentement, conséquence des sanctions imposées par les États-Unis, des dizaines de milliers de vies humaines sont en danger en Iran faute de médicaments. La demande répétée à l'ONU de l'Iran, de se pencher sur la question n'a recueilli jusqu'ici aucun écho auprès de l'institution.
    http://www.presstv.ir/detail/2013/01/26/285644/usled-bans-imperil-iran-patients-lives/
    Ironiquement, la situation sanitaire en Iran provoque une crise humanitaire dont la population est la première à faire les frais, ce qui n'est pas sans rappeler le cas iraquien qui a causé (de mémoire) la mort de quelques centaines de milliers de personnes.
    De mon point de vue, la responsabilité des Nations-Unies se trouve beaucoup plus dans des interventions à ce niveau que dans une participation prétendument éclairée dans les débats intérieurs des nations tant que ces dernières sont parfaitement capables de les assumer.
    En terminant, voici comment Wikipedia définit le principe de subsidiarité, principe dont devrait s'inspirer les Nations-Unies dans l'allocation de ses ressources :
    «Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.»