Lâchez-nous le référendum!

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Un référendum gagnant ne serait pas reconnu par Ottawa


Les péquistes sont exaspérants avec leur fixation sur le «référendum»...


Imaginons quelques membres du Parti québécois qui discutent... 


Vite dans la première moitié du premier mandat.  


Euh... Nenon! Pas avant le deuxième mandat, peut-être, dans l’éventualité où les conditions gagnantes... 


Pourquoi pas plutôt dans la deuxième partie du mandat un?  


Moi: fuck le référendum.  


Et en passant, je suggérerais à ceux qui envisagent la tenue d’un autre référendum de lire le bouquin de Lawrence Martin sur Jean Chrétien intitulé Iron Man (L'homme de fer), le tome 2 surtout. Dans ce dernier, Martin avance que Jean Chrétien n’aurait tout simplement pas reconnu un «Oui» dans l’éventualité d’une victoire du camp souverainiste. 


Et le clan fédéraliste s’est bien organisé pour que cela ne se passe pas en bafouant les règles démocratiques comme si elles n’existaient pas. Au diable les dépenses et les règles en ce qui a trait à l’émission de citoyenneté.  


Fallait bien sauver le pays, comme le disait Jean Chrétien à l’époque.  


Pour ceux que ça intéresse, l’ex-éditorialiste du journal Le Droit Murray Maltais signait un texte important le 27 mars 1998 dans lequel il expliquait que le nombre de personnes «n’ayant pas qualité d’électeur» et qui ont voté au Québec est bien supérieur à l’écart qui séparait les camps du Oui et du Non:  


«Que 217 000 personnes aient pu exercer leur droit de vote sans qu'on puisse les retracer demeure fort troublant. Il se peut que certains n'aient rien à se reprocher. Affirmer que tous ont voté légalement ne relève pas de la naïveté, mais de la bêtise. Ou de la mauvaise foi. 


«On songe, bien entendu, que les résultats du dernier référendum auraient pu basculer dans l'autre sens si les autorités politiques avaient manifesté plus de rigueur dans l'exercice du droit de vote.» 


54 288 votes séparaient le Non du Oui.  




Lâchez-nous le référendum!

Photo d'archives




Envoyer l’armée au Québec... Why not! 


Si l’exercice démocratique de 1995, bâclé, spolié, peut nous apprendre quelque chose, c’est la méfiance. Ou pire, l’évitement. Ne pas avoir confiance que le fédéral respecterait les règles, que celui-ci changerait quoi que ce soit à sa manière d’aborder tout exercice, dont la finalité demeure, de son angle à lui, de «briser le pays».  


Dans un article du Globe & Mail datant de novembre 2003, la chroniqueuse Lysiane Gagnon commentait la sortie de la biographie de Lawrence Martin sur Jean Chrétien et les différentes révélations que ce livre contenait. Dont l’assertion de l’auteur que Jean Chrétien était prêt à envoyer l’armée au Québec en réaction à une victoire des indépendantistes. 


Lawrence Martin appuyait ses dires sur une entrevue formelle qu’il avait réalisée avec l’ex-ministre de la Défense du gouvernement Chrétien, David Collenette. Jean Chrétien avait démenti le tout, mais Lysiane Gagnon — son texte était intitulé My Quebec includes the army — rappelait que cette avenue avait bel et bien été envisagée:  


«L'affirmation de M. Martin basée sur une entrevue avec David Collenette, alors ministre de la Défense n’a rien d’une grande révélation. Le bon sens nous dit qu'en effet, en fonction du climat social à la suite d'un vote serré en faveur du Oui, des soldats auraient été envoyés pour protéger les bâtiments fédéraux ou d'autres sites cruciaux, voire même des personnes [...]. 


«Même s'il est probable qu'aucun plan précis n'avait été rédigé, l'idée d'utiliser les Forces canadiennes pour rétablir l'ordre au Québec avait certainement été envisagée. 


«Sinon, cela aurait été totalement irresponsable.» 


Plus récemment, l’entêtement de Justin Trudeau à ne pas vouloir condamner, fermement, les dérives du gouvernement espagnol vis-à-vis des indépendantistes catalans n’annonce rien de bon. Le PM canadien a été talonné par le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet pendant des mois afin que le Canada dénonce «les lourdes peines infligées contre les dirigeants indépendantistes catalans pour le référendum organisé en 2017 dans cette région d’Espagne».  


Pour toute réponse, le premier ministre canadien n’a cessé de réitérer sa confiance envers l’Espagne... 


Je n’ai même pas abordé ici la question de la loi sur la «clarté» adoptée par le gouvernement canadien et Stéphane Dion. 




Lâchez-nous le référendum!

AgenceQMI




Penser l’accession à l’indépendance «en dehors de la boîte!» 


Il est impératif que les indépendantistes au Québec refusent de se faire imposer l’impératif du «référendum». Tout ce temps perdu à débattre de la date, du meilleur moment de tenir la prochaine consultation devrait être investi ailleurs.  


Par exemple, comment le prochain chef indépendantiste entend-il user de tous les mécanismes de l’État afin de faire avancer, concrètement, le Québec vers son indépendance? 


L’adversaire ne recule jamais devant la perspective de mettre l’appareil étatique à la remorque du fédéralisme. D’ailleurs, hausser radicalement les seuils d’immigration ET négliger la francisation, la régionalisation et l’intégration des nouveaux arrivants en fonction de la distinction québécoise [de langue, de culture, etc.] participent de ça.  


Le prochain chef indépendantiste au pouvoir à Québec ne devra pas rougir à l’idée de se saisir de tous les mécanismes de l’État afin de faire avancer le Québec vers l’indépendance. 


Et cela inclut de définir la manière d’y arriver en dehors de l’impératif référendaire, sans toutefois l’exclure complètement et surtout sans être obligé de divulguer une date, un calendrier péremptoire.  


On ne demande pas aux leaders fédéralistes québécois la date à laquelle ils entendent consulter les Québécois pour que ces derniers cautionnent, démocratiquement, l’accession du Québec à la Constitution du Canada.  


Quand ils sont au pouvoir, les fédéralistes y travaillent activement. Tout simplement.  


Les indépendantistes québécois sont tout aussi légitimes, lorsqu’élus, de faire la même chose. Des gestes de rupture avec le Canada, d’affirmation nationale du Québec, une constitution québécoise, etc. 


Que le prochain chef indépendantiste refuse de penser l’accession à l’indépendance en fonction de la logique «canadienne». Qu’il s’assume pleinement comme homme d’État dont la fonction première est de faire l’indépendance.  


Commençons par ça.  





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