Lâchez-nous avec la charité !

Tribune libre




On ne compte plus les interventions médiatiques qui reprochent aux Québécois, (aux Latins même), de ne pas donner assez en regard des Anglo-Saxons, que ce soit sur le plan de la charité ou celui du mécénat. C'est une perversion. L'État est le seul et le véritable outil d'une redistributon équitable et rationnelle, choisie par le peuple souverain et non au gré des fantaisies des plus puissantes compagnies, des plus riches individus.
Je ne crois pas en la charité. Assurément, la charité est un sentiment humain, chrétien même, plus que louable. Mais cela ne concerne que l'individu. Le vrai moyen de faire progresser la nation c'est par la loi, l'impôt, les mesures collectives.
Aux États-Unis, apr exemple, le mécénat et la charité sont plus répandus que dans les pays occidentaux socio-démocrates, d'Europe par exemple. Est-ce que les pauvres des États-Unis bénéficient pour autant d'un sort meilleur que ceux de Suède, d'Allemagne ou de France ? Fadaises !
Ce dont ils auraient besoin, bien plus que de charité, ce serait d'un service de santé publique et de meilleures écoles publiques. Or, tout cela exige des impôts : le mêmes compagnies qui pressent le gouvernement de baisser les impôts s'arrangent pour choisir quelques oeuvres de charité qui leur donnent de la publicité sans changer les conditions qui créent la pauvreté : au contraire, en enocuragenat la diminution du rôle de l'État aux États-Unis, on aggrave la condition des plus démunis.
Alors de grâce, lâchez-nous avec la charité et parlons de mesures sérieuses pour arrêter l'appauvrissement des Québécois. Cela peut aller des mesures de création de richesse, de développement, d'aide aux écoles, jusqu'à l'élimination des machines à sous qui seraient paraît-il, à l'origine d'une explosion du nombre de sans-abris de moins de 45 ans.
Mais non, nos médias vont préférer nous demander de donner une "can" de soupe aux pois à la guignolée pour Noël, et mettre en valeur le don d'une grosse compagnie pour une autre mesurette qui ne changera rien.
À d'autres ! Les questions des paradis fiscaux, d'épargne, d'amélioration des écoles, de productivité ou d'élimination du jeu, voilà ce dont il faudrait parler et que les sermons sur la charité ou le mécénat masquent. Le meilleur mécénat au Québec est celui de l'État : pour que celui-ci augmente, il faut que la redistribution par impôts continue de fonctionner et il faut rapatrier nos capitaux d'Ottawa qui ne les dépense pas en faveur de notre développement national.

Charles Courtois

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Charles-Philippe Courtois est docteur en histoire et chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche en rhétorique de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il prépare la publication de La Conquête: une anthologie (Typo, automne 2009).





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