(Lac-Mégantic) Il n'y a pas qu'à Lac-Mégantic que la colère gronde contre Montreal, Maine and Atlantic (MMA) Railway. Le gouverneur de l'état du Maine, Paul LePage, a avoué samedi qu'il partageait les sentiments de la population de Lac-Mégantic envers la compagnie ferroviaire qui circule aussi dans son fief.
«Je suis fâché moi aussi!» a lancé le politicien américain reconnu pour son franc-parler à une journaliste qui lui demandait ce qu'il pensait des citoyens de Lac-Mégantic en colère contre MMA.
Le siège social de MMA, dont un convoi transportant 72 wagons-citernes de pétrole brut léger a déraillé au centre-ville de Lac-Mégantic le 6 juillet, est situé à Hermon, dans le Maine. La compagnie transportait du pétrole brut à travers le Québec et le Maine afin de le livrer à une raffinerie de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
S'exprimant dans un excellent français, M. LePage a rappelé que ses ancêtres étaient originaires du Canada et que plusieurs membres de sa famille y résidaient toujours. «C'est très triste ce qui s'est passé ici», a-t-il commenté après avoir assisté à la cérémonie à la mémoire des défunts.
Le gouverneur républicain a insisté sur l'importance de revoir toutes les normes liées à la sécurité ferroviaire, non seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis.
«Il y a beaucoup de choses à revoir. On va commencer à se pencher là-dessus, mais il faut se donner du temps. [...] Il faudra travailler non seulement au niveau de l'État, mais aussi au niveau fédéral, réviser toutes les procédures afin de s'assurer que ça n'arrive plus jamais.»
M. LePage refuse cependant de condamner l'ensemble de l'industrie ferroviaire pour la catastrophe qui a fait 47 décès, rappelant son importance pour l'économie de plusieurs pays.
«Je suis très triste de ce qui est arrivé, je suis très triste pour la mairesse, mais les trains sont très importants dans le monde. Le train est un moyen de transport sécuritaire pour le pétrole quand on prend les précautions nécessaires», a-t-il fait remarquer, indiquant que l'impact économique de la catastrophe s'était fait sentir au sud du 49e parallèle.
«C'est simple, l'économie s'est arrêtée dans le nord du Maine depuis la tragédie. Nous voulons travailler avec le Québec pour que ça redémarre», conclut-il.
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Pompiers à la chasse au pétrole et au benzène
Même s'il y a plusieurs jours que les flammes sont éteintes au centre-ville de Lac-Mégantic, les pompiers de la ville située à cheval entre la Beauce et l'Estrie sont toujours sur place et s'attaquent maintenant au pétrole et au benzène après avoir combattu le feu avec succès.
«Il nous reste une quarantaine de pompiers sur le terrain durant la journée et une vingtaine durant la nuit. Avec des détecteurs, nous prenons des mesures à l'intérieur des bâtiments», expliquait samedi le chef des pompiers de Lac-Mégantic, Denis Lauzon.
«Il y a beaucoup d'émanations de benzène qui proviennent entre autres des eaux usées et du sol. C'est un produit qui peut être cancérigène et nous devons constamment vérifier les niveaux afin de s'assurer que ce n'est pas dangereux pour ceux qui travaillent sur le site.»
Le pétrole, dont 5 630 000 litres ont été brûlés ou déversés dans l'environnement, préoccupe aussi grandement les pompiers même après que les deux derniers wagons-citernes aient été retirés du site vendredi.
«Il y a encore beaucoup de pétrole qui remonte dans les sous-sols de certaines résidences. Il faut entre autres creuser des tranchées pour pallier à ce problème.»
Denis Lauzon dit d'ailleurs ignorer combien de temps encore son équipe devra travailler sur le site de la tragédie. «C'est peut-être une question de jours, mais peut-être aussi une question de semaines.»
Les pompiers portent aussi assistance aux enquêteurs de la Sûreté du Québec qui sont à la recherche des restes de cinq des 47 personnes disparues dans la tragédie, un travail que M. Lauzon assimile à de l'archéologie tellement il est rendu difficile par les conditions du site.
Contact apprécié avec la population
Après trois semaines de labeur presque sans relâche, le chef des pompiers et son équipe ont toutefois pu prendre une pause hier afin de participer à la cérémonie commémorative à l'église Sainte-Agnès.
«Aujourd'hui [samedi], c'est la première fois qu'on voit vraiment les citoyens, car nous sommes un peu dans notre bulle depuis trois semaines, de l'autre côté des barrières. Nous travaillons toute la journée et ensuite nous nous couchons», faisait-il remarquer en soulignant que ses hommes appréciaient ce contact avec la population.
«Ça fait du bien. Les gens nous disent de vive voix leur appréciation de notre travail, il y a beaucoup d'émotion dans l'air. Il n'y a pas vraiment de mots pour répondre dans ce temps-là, que des étreintes, des câlins», conclut-il.
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