C'est à partir de l'oligopole commercial et financier d'outre-mer, contrôlé par les deux pays ibériques ―Espagne/Portugal― et l'Église de Rome comme perceptrice de tributs (la première Trilatérale), que la rivalité entre l'Angleterre et l'Espagne aux Indes occidentales conduit un siècle et demi plus tard à la guerre anglo-espagnole (1655-1660), le Commonwealth anglais contre l'Espagne, sous le Protectorat d'Oliver Cromwell (1653-1659). Ce lord-protecteur d'Angleterre instaura une dictature militaire, déchaîna la seconde guerre civile (1648), fit décapiter le roi Charles I (1649), imposa par la force le Commonwealth à l'Irlande et à l'Écosse (1650-1651) et instaura la république, connue comme le Commonwealth d'Angleterre. Toutes ces actions prises par ce chef des « Côtes de fer », indispensables pour faire face à la présence des Habsbourg dans la majeure partie des frontières de l'Europe occidentale, conduiraient à provoquer une politique d'affrontements co
ntre la monarchie hispanique après l'arrivée au pouvoir du Cardinal Richelieu, premier ministre de Louis XIII de France (1624-1642) et ennemi acharné de l'Espagne en raison des difficultés financières et mercantiles que ce prélat avait occasionnées aux Français par sa politique erronée due à l'effort de guerre contre le nouvel empire espagnol.
À conséquence de ces rivalités européennes la politique résolument pragmatique du cardinal Richelieu se modifie, adoptant ces actions radicales : a) détruire la puissance politique du protestantisme en France ; b) abattre l'orgueil et l'esprit factieux de la noblesse ; c) anéantir la maison d'Autriche. Cependant, en 1635 les victoires des armés impériales lors de la Guerre des Trente Ans le décidaient à intervenir du côté des états protestants qui maintenaient des liens commerciaux et financiers très étroits avec les protestants français depuis l'Édit de Nantes (1598), lesquels formaient un état dans l'état, même s'ils avaient été soumis à l'autorité royale (1628), à leur fief de La Rochelle. Toutefois, les protestants français récupéraient leur liberté de culte et toutes les prérogatives liées à cet esprit hanséatique de comportement social et politique par l'édit de grâce d'Alès (1629). Ces tractations accordant aux protestants ces « privilèges » avaient toutes un seul et unique objectif : déclarer la guerre totale à l'Espagne pour en finir avec l'hégémonie de celle-ci. De ce résultat pragmatique et nationaliste, Richelieu put entreprendre de façon acharnée sa politique expéditive des affaires extérieures dans le but de contrecarrer le pouvoir de la dynastie austro-hispanique des Habsbourg, régnante à cette période en Espagne et dans le Saint-Empire romain germanique. Ainsi cette politique visionnaire, imitant le pragmatisme nationaliste anglais, a permis que ce cardinal-premier ministre de Louis XIII réussisse à réaliser l'expansion territoriale d'outre-mer de la France, implantant les premiers établissements de colons en Nouvelle France, Guadalupe, Guyane, Martinique, Sénégal, Madagascar et La Réunion(1).
Les Filles du Roy protestantes s'expatrient en Nouvelle France
Irène Belleau rapporte avec cette information écrite sur l'histoire des Filles du Roy en Nouvelle France, autre approche de ce qui est rapporté plus haut concernant la politique visionnaire du Cardinal Richelieu, « … imitant le pragmatisme nationaliste anglais », lequel avait « permis que ce cardinal-premier ministre de Louis XIII réussisse à réaliser l'expansion territoriale d'outre-mer de la France, implantant les premiers établissements de colons » en Amérique du Nord :
« C'est l'époque des guerres de religion où massacres et assassinats conduisirent à l'Édit de Nantes du 15 avril 1598 du roi Henri IV qui tolérait la présence des protestants en autorisant le culte calviniste, sous certaines conditions. Le 18 octobre 1685, à Fontainebleau, Louis XIV révoqua cet édit. Il permettait aux protestants de vivre en France mais sans pratiquer leur religion; il ordonnait la destruction des temples protestants. Ou bien on se « convertissait », ou bien on fuyait la France, ce que firent moints huguenots et huguenotes en s'expatriant en Nouvelle-France. »(2)
Jean-Louis Pérez
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1. Passages extraits de mon article [L'Histoire écrite par les vaincus->20591]* (publié à Tribune libre de Vigile, 22 juin 2009).
2. Fragment extrait de l'article Les Filles du Roy protestantes(publié par La société d'histoire des Filles du Roy, 25 février 2010).
Autre contribution à l'Histoire de la Nouvelle France
La vision géopolitique du Cardinal Richelieu et les Filles du Roy
La religion comme pouvoir politique, social et commercial
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
8 août 2010L'histoire du Québec et du Canada est une des plus intéressante.
Il y a des familles qui sont venus de la région de l'Aquitaine et de Bordeaux (Beneche, Bénard, Beneteau, Benoit et plusieurs autres)vers 1759 et qui ont reçu un nom de famille de guerrier précisément pour cacher l'origine de leur patronyme.
On ne peux pas changer l'histoire d'un pays mais on a l'obligation de questionner celle qui nous est présentée comme religion absolue.