Roman québécois

Fille du Roy, fille de joie

Filles du Roy



Titre VO : UNE LIBERTINE EN NOUVELLE-FRANCE

Description : Sylvie Ouellette - Traduit de l'anglais par Michel Saint-Germain - VLB éditeur - Montréal, 2004, 336 pages
Christian Desmeules - D'abord paru en anglais chez un éditeur britannique spécialisé en «fiction érotique féminine» (The King's Girl, Black Lace, 1996), ce roman de Sylvie Ouellette suit à la trace et sans grand art le désir de Laure Lapierre, une jeune orpheline française placée comme domestique chez les Lampron, un couple «libertin» qui ne perd pas de temps à parfaire son éducation sexuelle.
Après quelques mésaventures plutôt agréables, dont un séjour prévisible dans un couvent, la jeune fille se retrouve parmi les quelques centaines de «filles du Roy» qui, de 1665 à 1671, ont été dotées par Louis XIV afin de peupler la Nouvelle-France.
Pour cette seconde partie, qui ne compte en réalité que pour la moitié du roman, même scénario, autres lieux, toujours quelque part entre la métaphore lourde et l'allusion chatouilleuse : «Sa rosée jaillit de sa vallée humide, sa douce odeur se fondant à celle de Madame, remplissant la chambre d'un arôme capiteux.» Au programme de ce récit où l'Histoire, on l'aura compris, se révèle assez vite secondaire : domination, saphisme, «caninæ nuptiæ» et autres plaisirs partagés.
Récit érotique parfaitement convenu, sirop commercial traversé de longueurs et d'approximations historiques, Une libertine en Nouvelle-France fait partie de cette catégorie malheureuse des «livres qu'on ne lit qu'une seule fois». Il faut par ailleurs n'avoir jamais lu une seule ligne de Fougeret de Montbron (Margot la ravaudeuse) ou de Boyer d'Argens (Thérèse philosophe) pour croire, comme le prétend l'éditeur, que ce roman puisse s'inscrire «dans la grande tradition des romans libertins des XVIIe et XVIIIe siècles».
Efficace selon les points de vue, mais rapidement répétitive, l'oeuvre est sans éclat et risque de décevoir le lecteur plus exigeant. Mieux ancré dans cette Nouvelle-France du XVIIe siècle, le roman aurait pu faire oeuvre d'imagination et d'exotisme en nous montrant, par exemple, la jeune protagoniste répondre aux ardeurs d'une bande de fougueux et «fragrants» Hurons, ou bien recevoir l'hommage sans retenue d'une famille de ratons laveurs. Et pourquoi pas ?


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