En entrevue avec Evan Solomon à la station radiophonique iHeart, Dick Fadden, un ancien directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a affirmé qu'il ne croyait pas aux explications de Justin Trudeau au sujet de l'affaire Atwal.
Jaspal Atwal, l'extrémiste sikh
Rappelons que Jaspal Atwal, un extrémiste sikh, avait été invité à un dîner avec le premier ministre lors d'un événement officiel à New Delhi, le 22 février. L'invitation avait été annulée, mais M. Atwal a eu le temps de participer à un événement culturel à Mumbai, le 20 février, auquel était présente l'épouse du premier ministre, Sophie Grégoire.
Or, un responsable gouvernemental, qui a tenu à garder l'anonymat, a soutenu que toute cette mise en scène autour de la présence de M. Atwal aurait été orchestrée par des éléments du gouvernement indien pour que celui-ci se distancie du Canada, trop proche, selon eux, des séparatistes sikhs. L'Inde a catégoriquement démenti cette version des faits.
Le responsable gouvernemental fut plus tard identifié comme étant Daniel Jean, le conseiller à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre.
Une théorie peu probable, lance M. Fadden
Durant l'entrevue, M. Fadden a dit : « Si c'était vrai, ce serait en effet très sérieux, ce qui est pourquoi je pense que ce n'est probablement pas vrai parce que je ne vois toujours pas quel avantage l'Inde aurait à faire ça ». Il a poursuivi : « Oui, c'est théoriquement possible qu'une agence soit venue avec cette brillante idée et ait procédé sans l'accord du gouvernement indien, mais je pense que c'est peu probable ».
Selon M. Fadden, la présence de M. Atwal en Inde est plutôt le résultat d'« une série d'erreurs ». « J'aimerais penser qu'à cause de cela, ils resserreront leurs procédures et que ça n'arrivera plus », a-t-il affirmé.
Une incohérence de Justin Trudeau
Avant même que M. Trudeau ne soutienne la théorie de M. Jean, il avait cependant condamné le député libéral Randeep Sarai pour avoir invité M. Atwal. M. Sarai avait pris le blâme.
Le 28 février, à la Chambre des communes, le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, avait noté une incohérence entre les deux explications offertes pour la présence de M. Atwal en Inde. « Comment le premier ministre peut-il blâmer du même souffle des éléments perturbateurs au sein du gouvernement indien et le député [Randeep Sarai] ? », avait-il lancé. M. Trudeau avait évité la question.
Par la suite, le 2 mars, M. Sarai avait affirmé dans un journal local qu'il n'avait pas personnellement invité M. Atwal. Il avait simplement relayé le nom de tous ceux qui avaient exprimé un intérêt pour le dîner avec M. Trudeau.
Une amitié encombrante ?
Dans toute cette affaire, M. Atwal assure être un ami de Justin Trudeau, ce que le bureau du premier ministre nie entièrement. Toutefois, des médias ont mis la main sur deux photographies de M. Trudeau en compagnie de M. Atwal. M. Atwal a aussi été vu en présence de Michael Ignatieff et de Bob Rae, deux anciens chefs du Parti libéral du Canada.